
Relégation MHSC : les cauchemars de 2000 et 2004 revivent
Retour sur les relégations du Montpellier Hérault en Ligue 2 en 2000 et 2004, des saisons marquées par des échecs et un long purgatoire.
Le Montpellier Hérault SC (MHSC) connaît sa quatrième relégation en Ligue 2, un passage qui a marqué profondément l’histoire du club. Entre les saisons difficiles de 2000 et 2004, des similitudes troublantes rappellent les difficultés actuelles. Retour sur ces périodes cauchemardesques où le club a dû se reconstruire.
Un parcours marqué par des relégations douloureuses
Depuis ses cinquante ans d’existence, le MHSC a alterné entre ascension et descentes brutales vers la Ligue 2, confronté à la nécessité de rebâtir souvent à partir de zéro. Chaque descente a exigé humilité et reconstruction, parfois avec des fondations encore solides, parfois sur des décombres. Les échecs répétés mettent en lumière surtout des recrutements ratés et une dépendance aux valeurs internes du club qui, face aux enjeux, s’avèrent insuffisantes.
La saison 1999-2000 : un espoir déçu
La saison 1999-2000 s’annonçait prometteuse. Sous la direction de Jean-Louis Gasset, le style de jeu séduisant du MHSC, porté par le trio offensif Gravelaine-Robert-Bakayoko, enthousiasmait le public de La Mosson. La demi-finale de Coupe de la Ligue perdue 4-3 à Metz et la 8e place en Ligue 1 témoignaient du potentiel.
Toutefois, la perte de joueurs clés comme Gravelaine, Bakayoko, Laurent Robert et Jean-Christophe Rouvière en cours de saison et l’intégration d’anciens canaris nantais (Ouédec, Loko, Pédros, Gourvennec, Decroix) n’ont pas suffi pour maintenir le rythme. Le MHSC, après un brillant début avec la conquête de la Coupe Intertoto face à Hambourg, s’enfonce dans les dernières places du classement, avec 10 défaites en 17 journées.
Une greffe nantaise qui ne prend pas
La participation à la Coupe UEFA pénalise le club, tandis que les recrues nantaises n’apportent ni efficacité ni engagement suffisants. La fatigue et une préparation tronquée affaiblissent l’équipe. Louis Nicollin écarte Jean-Louis Gasset en novembre 1999 malgré la résistance initiale. Le MHSC termine la saison à la lanterne rouge, avec un déficit important de points sur le premier non relégable.
Le passage en D1 en 1981-82 : un aller-retour rapide
Sept ans après sa création, le Montpellier Paillade Sport Club accède à la D1 en 1981 sous la houlette de Kader Firoud. L’équipe, renforcée par des vétérans comme Victor Trossero et Luizinho, débute difficilement. Les lourdes défaites s’accumulent, notamment contre Lille (6-1) et Nantes (7-0), provoquant le limogeage de Firoud au profit de Jacques Bonnet. Le MHSC termine dernier avec seulement 22 points et un besoin évident de renforcer sa formation qu’affirmera Louis Nicollin.
Michel Mézy et la jeunesse pour relever le club
Michel Mézy prend le relais et mise sur les jeunes talents comme Sorlin, Maoulida, Rodriguez et Rudy Riou. Malgré une défense renforcée et le départ de joueurs peu performants, le maintien échappe au club avec une 20e place, scellée notamment par une défaite 5-4 contre Saint-Étienne. Au final, l’équipe affiche 31 points, 39 buts marqués, 50 encaissés.
Cependant, ce revers a préparé la renaissance : sous la conduite de Mézy, Montpellier remporte ses six premiers matches de Ligue 2 en 2000-2001, esquissant une remontée rapide.
La saison 2003-2004 : un naufrage à La Mosson
Après un sauvetage miraculeux en 2003, la saison suivante redémarre bien avec 18 points en 12 journées (5 victoires, 3 nuls, 4 défaites). Mais le terrible déluge qui frappe Montpellier en décembre 2003 est symptomatique d’un retournement de situation violent qui se traduit aussi sur le terrain.
Les matchs en retard s’accumulent à domicile, la blessure du capitaine Bruno Carotti aggrave les difficultés. Montant de la spirale négative, de février à la fin de la saison, le MHSC ne remporte plus aucune rencontre, récoltant un seul point sur 42 possibles.
Robert Nouzaret et la défaite face aux difficultés
Après la déroute au Parc des Princes (1-6), Gérard Bernardet est remplacé par Robert Nouzaret, qui quitte la sélection ivoirienne pour tenter de sauver le club. Mais malgré son expérience, il ne parvient pas à fédérer les joueurs. Il déplore publiquement que certains membres de l’effectif soient « incapables de jouer au football ».
Ce climat s’apparente à celui vécu en 2024, avec des jeunes joueurs issus du centre de formation, mais confrontés à une Ligue 2 particulièrement exigeante. Le 15 mai 2004, après une défaite 2-1 contre Strasbourg, le MHSC est officiellement relégué, avec 31 points, 41 buts marqués et 74 encaissés.
Les paroles de Franck Silvestre : une comparaison entre les deux époques
Ancien capitaine du club lors de la descente de 2000, Franck Silvestre compare les deux relégations :
Sur la relégation actuelle :
« Incontestablement, le niveau n’était pas celui d’une Ligue 1. On a tapé sur les cadres mais est-ce que les jeunes avaient le niveau ? On a donné les clés du camion à certains alors qu’il y a quelques années, ça ne se serait certainement pas passé comme ça. »
Sur la relégation de 2000 :
« Le contexte était différent. L’Intertoto nous avait un peu plombés mais nous avions donné le maximum et le président aussi. Il n’y avait pas cette animosité des supporters. Mais l’écoute des jeunes d’il y a vingt ans n’est pas celle des jeunes de maintenant. Si j’étais dans le vestiaire aujourd’hui, ce sont des paires de claques qu’ils prendraient les mômes ! »
Sur la méthode avec les anciens du club :
« Le football a tellement évolué que le copinage ne peut plus fonctionner. Montpellier va rester familial mais s’il a pris “Papus” Camara, c’est bien que Laurent Nicollin a compris qu’il fallait faire appel à quelqu’un de l’extérieur et arrêter de faire du vieux dans le vieux. »
Sur la remontée rapide en 2001 :
« Je voulais partir, ne surtout pas finir ma carrière en L2 et le président Nicollin m’avait convaincu de rester. Il avait recruté deux-trois joueurs d’expérience, des cadres costauds dans leur tête. On avait gagné les six premiers matches de L2 pour lancer notre saison avec Michel Mézy aux manettes. Mais ça, tu ne peux pas le demander à Ferri, Khazri, Lecomte… Il faut mettre un coup de pied dans la fourmilière et repartir de zéro. »
Sur les exigences de la Ligue 2 :
« La L2 est un championnat très dur et différent de la Ligue 1. Il y a plus de jeu en première intention et tu n’as pas le temps de contrôler que déjà un mec vient te mettre un tacle. Il faut de bons joueurs de ballon, de bons cadres mais surtout des guerriers et des jeunes qui écoutent. Par contre, le bon entraîneur, je pense qu’ils l’ont. »
Un constat amer sur les causes des relégations
Les échos entre 2000, 2004 et la saison 2024 sont alarmants : les difficultés financières, le manque de recrutement au mercato d’hiver, l’appel massif à la formation avec 18 joueurs de moins de 24 ans, et un réalisme déficient dans les zones de vérité. Malgré un investissement sincère des joueurs, les jeunes pèchent face à la dureté extrême de la Ligue 2. Le MHSC a alors souffert de plusieurs saisons en Ligue 2, un long purgatoire qui aura duré cinq ans après 2004.