
Football : vers une prise en charge des soins pour les ex-joueurs victimes de lésions cérébrales
Des propositions visent à obliger le football à financer les soins des anciens joueurs atteints de troubles cérébraux comme la démence.
Des mesures pourraient bientôt contraindre les instances du football à participer au financement des soins destinés aux anciens joueurs diagnostiqués avec des troubles cérébraux, notamment des lésions liées aux impacts répétés de la tête lors des matchs et entraînements.
Des propositions pour reconnaître les lésions cérébrales des anciens joueurs comme un risque professionnel
Des défenseurs des joueurs préparent des amendements au Football Governance Bill, un projet de loi en cours d’étude au Parlement britannique. Ces propositions visent à considérer les affections cérébrales liées aux frappes de balle de la tête comme un « problème de blessures industrielles ». L’objectif est d’obliger l’industrie du football à prendre en charge financièrement les soins médicaux nécessaires pour les anciens joueurs souffrant de telles pathologies.
Les soutiens de cette initiative estiment que l’aide actuellement disponible, notamment via le Brain Health Fund, n’est pas suffisante. Créé avec une dotation initiale d’environ 1,2 million d’euros par la Professional Footballers’ Association (PFA) avec le soutien de la Premier League, ce fonds a permis de soutenir 121 familles, notamment par l’adaptation de domiciles et la prise en charge de frais en maisons de retraite. Cependant, pour les personnes engagées dans cette lutte, cela reste largement insuffisant au regard de l’ampleur des besoins.
Un problème majeur chez les légendes du football anglais
Des icônes de la sélection anglaise victorieuse de la Coupe du Monde 1966, telles que Jack et Bobby Charlton, mais aussi Martin Peters, Ray Wilson et Nobby Stiles sont décédées en étant atteintes de démence. Ce triste constat illustre l’impact des lésions cérébrales chez les ex-joueurs.
L’ancien défenseur de Liverpool, Neil Ruddock, s’est récemment rendu au Parlement britannique pour défendre la cause des anciens joueurs auprès des députés. Il déclare : « Un footballeur professionnel, c’est le plus beau métier du monde, mais personne ne connaissait les dangers, et c’est effrayant. Chaque fois qu’on reçoit un ballon de la tête, c’est potentiellement dangereux. Je m’entraînais à faire 100 têtes par jour sans réaliser que cela pourrait compromettre ma santé à long terme. »
Des chiffres alarmants et un appel à une meilleure prise en charge
Une étude cofinancée par la PFA et la Football Association en 2019 a révélé que les footballeurs professionnels ont 3,5 fois plus de risques de mourir de maladies neurodégénératives par rapport à une population du même âge non concernée par le sport. Cette statistique accentue l’urgence d’une prise en charge adaptée.
Le député travailliste Chris Evans, représentant Caerphilly au Pays de Galles, milite également pour une modification législative afin de mettre en place un dispositif de soins et de soutien financier destiné aux anciens joueurs atteints de maladies comme la maladie d’Alzheimer et diverses formes de démence. Il affirme que ces anciens sportifs méritent une compensation juste.
Le maire de Greater Manchester, Andy Burnham, qui a contribué à l’élaboration des amendements, dénonce une forme de déni au sein du football concernant le problème. Selon lui, cette question doit être reconnue comme un « problème de blessures industrielles », à l’image des pathologies professionnelles rencontrées dans des secteurs à risques comme l’exploitation minière.
En janvier, David Beckham s’est également exprimé en faveur d’un soutien accru aux footballeurs touchés par la démence, appuyant la demande d’une responsabilité accrue de l’industrie footballistique pour la prise en charge des conséquences de ces troubles.
Un des amendements prévoit explicitement que « ce soit l’industrie, et non le public, qui assume la charge financière » liée à ces soins.
Réactions des instances du football
La Football Association (FA) a déclaré jouer un rôle moteur dans la révision et l’amélioration de la sécurité dans le football et avoir déjà pris de nombreuses mesures proactives pour identifier et traiter les facteurs de risque potentiels.
La English Football League (EFL) a indiqué qu’elle collaborait étroitement avec d’autres instances du football pour que le sport reste le plus sûr possible, tant au niveau professionnel que dans les catégories amateurs.
La PFA et la Premier League ont choisi de ne pas commenter ces propositions à ce stade.