OL-Lens : Le coup dur qui fragilise le projet John Textor

Une défaite lourde de conséquences pour l’OL

À seulement deux journées de la fin de la saison de Ligue 1, la 10e défaite de Lyon en championnat rend quasi impossible l’objectif vital de qualification pour la Ligue des champions. Actuellement 7e du classement, l’OL fait face à une concurrence accrue avec Marseille à cinq points, Monaco à quatre, et le trio Nice-Lille-Strasbourg à trois points. L’impact sportif est d’autant plus cruel que l’apport financier d’une telle qualification — 18,62 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 2,1 millions versés par l’UEFA par victoire et 750 000 euros pour un match nul — est crucial pour un club en difficulté.

Dans ce contexte, les risques d’une rétrogradation à titre conservatoire à la suite de l’examen financier par la DNCG, évoquée depuis novembre, ne sont plus à exclure. Cette menace s’ajoute à l’instabilité administrative et sportive qui marque la saison lyonnaise.

Une saison marquée par l’instabilité et des comptes inquiétants

La gestion du club sous l’ère Eagle Football Group et John Textor semble de plus en plus précaire. Les derniers comptes publiés font état d’un déficit net record de 117 millions d’euros au terme de 2024, contre un déficit de 60,6 millions en 2023. Par ailleurs, l’introduction en Bourse à New York, censée rapporter 150 millions d’euros, reste en suspens, tout comme la vente des parts du propriétaire au sein du club anglais Crystal Palace.

Sportivement, l’OL a connu plusieurs changements disruptifs à des postes clés pendant la saison : le limogeage du directeur sportif David Friio (décembre 2023-septembre 2024), celui de l’entraîneur Pierre Sage (décembre 2023-janvier 2025), puis du directeur général Laurent Prud’homme (janvier 2024-avril 2025). Cette instabilité a favorisé un recul collectif et organisationnel évident.

Paulo Fonseca, entre espoir et échec

L’arrivée de Paulo Fonseca en février avait insufflé un regain d’énergie, mais celui-ci fut vite terni par des performances controversées et des incidents notables, notamment sa suspension record en Ligue 1 jusqu’à fin novembre après son altercation avec un arbitre lors d’un match contre Brest. Dernièrement, des choix tactiques mystérieux, comme la titularisation répétée de Paul Akouokou face à Manchester United au détriment de joueurs expérimentés tels que Nemanja Matic, ont été très critiqués.

La lourde défaite face à Lens a souligné certaines failles majeures, dont un manque criant de réalisme offensif et des erreurs individuelles inhabituelles. Des absences clés lors du derby lyonnais, une gestion douteuse du capitaine Corentin Tolisso blessé en fin de match, ont également contribué à la déconfiture.

Ce triste bilan se traduit par la pire moyenne de buts encaissés par match (1,7) pour un entraîneur lyonnais en plus de 70 ans, accentuant la pression sur Fonseca.

Les choix sportifs et la gestion des joueurs en question

En parallèle, la gestion des transferts continue de faire débat. Mamadou Sarr, jeune défenseur central prometteur formé au club et prêté avec succès à Molenbeek, a été vendu à Strasbourg pour environ 10 millions d’euros. Il brille désormais avec le Racing, actuellement 6e du championnat, sous les regards intéressés de Chelsea qui envisagerait une offre de 20 millions d’euros cet été.

A contrario, l’OL a investi 32 millions d’euros pour recruter Moussa Niakhaté, dont les prestations ont souvent été décevantes, notamment lors du match très critiqué contre Manchester United. Le manque d’options offensives a également forcé l’équipe à lancer un jeune de 17 ans, Alejandro Gomes Rodriguez, dans un contexte de grande fragilité.

Absence des dirigeants et inquiétude des supporters

Dimanche, ni John Textor ni aucun dirigeant du club n’ont daigné répondre aux questions des médias, contrairement au directeur technique Matthieu Louis-Jean, présenté après la rencontre. L’absence du propriétaire américain du stade renforce le sentiment d’abandon ressenti par les supporters, qui pourraient faire entendre leur colère lors du dernier match à domicile contre Angers le 17 mai.

Pour les joueurs, l’espoir de qualification demeure, même s’il parait désormais très mince. Moussa Niakhaté a exhorté ses coéquipiers à rester professionnels et à se battre jusqu’au bout de la saison, une perspective difficile au vu des dernières performances.

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Jérémy Laugier