« Si vous ne tentez plus un dépassement, vous n’êtes plus un pilote de course. » Ces mots d’Ayrton Senna restent gravés dans l’histoire de la Formule 1, illustrant parfaitement l’esprit combatif nécessaire en piste. Cette philosophie a résonné chez Lando Norris lors du Grand Prix de Miami 2025, où il a assumé pleinement ses choix audacieux dans les premiers virages, au cœur d’une bataille intense qui a finalement tourné à l’avantage d’Oscar Piastri.
Les défis en qualifications pour McLaren
Le week-end avait pourtant commencé sur une note mitigée pour McLaren. La MCL39, malgré sa redoutable performance en course, se montre capricieuse lors des essais qualificatifs. Lando Norris a notamment souffert d’un manque de retour d’informations perturbant son “flow”, ce qui l’a empêché d’exploiter pleinement le potentiel de la voiture sur un seul tour rapide. Oscar Piastri, bien que plus à l’aise en qualifications cette saison, a lui-même commis une petite erreur en Q3 à Miami, une faute de freinage qui l’a relégué à la quatrième place sur la grille derrière Max Verstappen, Norris et Andrea Kimi Antonelli (Mercedes).
Andrea Stella, directeur de l’écurie, résumait ainsi la complexité du véhicule : « C’est une voiture qui exprime tout son potentiel sur des tours continus, plutôt que sur un unique tour à 100 %.»
Le déroulement tumultueux du Grand Prix
Le jour de la course, la chaleur écrasante de Miami allait jouer un rôle clé, notamment grâce à la délicatesse de la MCL39 vis-à-vis de ses pneus arrière, un avantage évident sur une piste où la dégradation thermique est élevée. Dès le départ, Verstappen devançait légèrement Norris, qui profitait toutefois d’un freinage tardif du Néerlandais pour s’infiltrer à l’intérieur du virage 2. Ce faisant, Verstappen corrigera une glissade qui l’obligea à serrer à droite, contraignant Norris à sortir de la piste et rétrograder jusqu’à la sixième place.
De son côté, Piastri n’avait qu’à éviter de se faire piéger derrière Antonelli, qu’il dépassa dès le quatrième tour, pour ensuite se rapprocher rapidement de Verstappen. « Dès ce moment, j’ai su que j’avais un net avantage en rythme, et la voiture était incroyable », confiait Piastri.
Une remontée spectaculaire de Norris
Alors que Piastri plaçait la pression sur Verstappen, Norris engageait sa remontée en dépassant Alex Albon puis George Russell, ce dernier peinant avec ses pneus durs choisis pour le premier relais. Rapidement, Norris écartait également Antonelli, démontrant la supériorité inéluctable de la McLaren en course, et se rapprochait des deux pilotes de tête.
Max Verstappen, conscient de ses limites de rythme, se contentait d’adopter une défense agressive, bloquant à chaque freinage pour gêner les attaques. Piastri finit par profiter d’une erreur à l’avant du premier virage au 14e tour, provoquant une glissade de Verstappen pour s’emparer de la première place et creuser l’écart.
Norris eut plus de mal à dépasser le multiple champion du monde, notamment lorsqu’une attaque au virage 11 au 18e tour provoqua une sortie des deux pilotes. Ce dernier rendit la position immédiatement avant de repasser Verstappen un tour plus tard, mais le retard accumulé sur Piastri (environ 10 secondes) rendait tout rattrapage impossible.
Stratégies, arrêts et imprévus
La menace d’une pluie intense à proximité du circuit a ajouté une dose de tension, particulièrement pour les pilotes partis en pneus mediums préférant anticiper un arrêt optimal. Finalement, la pluie ne s’est pas matérialisée sur la piste principale mais Verstappen s’est retrouvé accroché par les deux pilotes Mercedes. La tentative d’undercut de Kimi Antonelli sur Verstappen a échoué, et l’entrée en piste d’une voiture de sécurité virtuelle après l’abandon d’Oliver Bearman (Haas) a permis à McLaren de ravitailler ses deux pilotes presque simultanément en pneus durs neufs.
Russell a lui aussi profité de cette neutralisation pour ressortir troisième sur pneus mediums frais.
Une victoire méritée pour Oscar Piastri
Malgré une seconde partie de course moins dominante, Oscar Piastri a su conserver un avantage confortable, franchissant la ligne d’arrivée avec plus de 4 secondes d’avance sur son coéquipier Lando Norris. La célébration du vainqueur, un ‘Griddy’ aperçu chez le joueur de NFL Justin Jefferson, traduisait à la fois sa surprise et la joie d’une victoire acquise en partie grâce à une course maîtrisée et une bonne dose de chance.

« Gagner une course en partant quatrième reste peu probable, mais aujourd’hui beaucoup d’éléments ont été réunis : un pilotage propre, une voiture rapide et un peu de chance », a-t-il souligné.
Les leçons tirées par Lando Norris
Après la course, Norris a dû répondre à de nombreuses questions sur ses choix en début de course et sa gestion de la bataille face à Verstappen, qui semblait moins agressif à la fin.« Nous l’avons tous les deux dépassé, mais pour cela, il faut se trouver au bon endroit au bon moment. Max a fini par me laisser passer sans résistance », confiait-il.
Conscient de la complexité de son rôle de pilote agressif, Norris a résumé sa situation avec lucidité : « Si je ne tente rien, on me reproche de ne pas me battre, si je tente, on critique mes prises de risque. On ne peut pas gagner à tous les coups. »










