Didier Zanetti : Quincy Promes aurait sa place en Ligue 1

Didier Zanetti affirme que Quincy Promes pourrait jouer dans n’importe quelle équipe de Ligue 1, malgré ses démêlés en Europe.

France

Une expérience hors du commun aux Émirats arabes unis

Parti l’été dernier pour les Émirats arabes unis, Didier Zanetti s’est retrouvé à occuper une double fonction peu commune pour un entraîneur de 45 ans. Initialement engagé pour diriger l’équipe réserve du Dubaï United FC, évoluant en 4e division, il a rapidement été sollicité pour prendre en main l’équipe première, qui évolue en 2e division, avec des joueurs de haut niveau comme Adrien Silva, ancien international portugais passé par Monaco et Leicester, ainsi que Quincy Promes, ex-joueur de l’Ajax et international néerlandais.

Ce parcours atypique, marqué par une progression rapide dans un contexte inédit, reflète la détermination et la capacité d’adaptation de ce coach formé dans les échelons inférieurs du football français. Ancien directeur du centre de formation d’Istres, puis entraîneur des jeunes à Montpellier et de la réserve à l’AC Ajaccio, il n’avait encore jamais dirigé d’équipe professionnelle avant cette aventure à Dubaï. Pourtant, cette saison, il a su relever le défi avec succès, en appliquant une philosophie de jeu qu’il a affinée au fil de ses expériences.

Une organisation exigeante pour deux équipes en même temps

Gérer simultanément deux équipes professionnelles dans un pays où le football est encore en pleine croissance demande une organisation rigoureuse. Didier Zanetti raconte que tout s’est fait presque par nécessité, après le départ de Jean-Marc Nobilo, qui coachait l’équipe première avant de rejoindre le Raja Casablanca. Lorsqu’il a été sollicité pour prendre en charge la Pro1, il a insisté pour continuer à coacher la Pro2, afin de garder la maîtrise de l’ensemble des effectifs, en particulier dans un environnement où les mouvements entre les deux groupes étaient fréquents.

Les journées étaient rythmées par des séances en matinée pour la Pro2, composée principalement de jeunes locaux souvent employés à côté du football, et des entraînements en fin d’après-midi pour la Pro1, avec des joueurs étrangers à temps plein. La chaleur caniculaire de Dubaï, atteignant 40 degrés entre 10h et 17h, obligeait à organiser les entraînements en dehors de ces heures, ce qui compliquait la gestion quotidienne. Pourtant, cette organisation a permis à Zanetti de maintenir une cohérence tactique et une identité de jeu claire, inspirée par ses modèles comme Luis Enrique ou Nagelsmann.

Une philosophie de jeu inspirée par Luis Enrique

Le style de jeu prôné par le coach s’appuie sur la possession, l’agressivité et un pressing très haut, à l’image de ce qu’il admire chez Luis Enrique, notamment lors de ses passages au PSG. Son objectif est d’instaurer un football protagoniste, où la maîtrise du ballon et la récupération rapide sont essentielles. Malgré les différences de niveau, cette approche a porté ses fruits, notamment en remportant la 4e division avec la Pro2, invaincue en 28 rencontres, avec la meilleure défense du championnat.

En Pro1, l’équipe a terminé à la 4e place, à quelques points seulement des deux premières qui auraient permis une montée en division supérieure. Zanetti a su relancer une équipe en difficulté, passant de la 11e place à une performance collective impressionnante, notamment en battant le leader à l’extérieur. La jeunesse de l’effectif, notamment en défense, a parfois été un défi, mais cela correspond aussi à la volonté du club de développer ses jeunes talents.

Quincy Promes, un joueur à la hauteur de la Ligue 1

Parmi les joueurs de haut niveau, Quincy Promes se distingue particulièrement. Après avoir connu des démêlés en Europe, notamment une condamnation à six ans de prison pour trafic de cocaïne, il a rejoint la Pro1 émiratie. Selon Zanetti, il aurait sa place dans n’importe quelle équipe de Ligue 1 : « Quincy a eu des petits problèmes en Europe, mais sincèrement, il pourrait jouer dans presque toutes les formations de Ligue 1. »

Ce profil de joueur expérimenté, capable d’évoluer au plus haut niveau, est une véritable valeur ajoutée pour le championnat local. La diversité de l’effectif de la Pro1, composé de jeunes africains, d’un attaquant argentin et de deux stars confirmées comme Silva et Promes, témoigne d’un niveau compétitif qui oscille entre celui de la Ligue des champions et celui de divisions inférieures françaises. La disparité est importante, mais la discipline et la rapidité d’apprentissage des Émiratis compensent ces écarts.

Une réalité contrastée entre le niveau sportif et la rémunération

Le niveau sportif dans le championnat émirati est très variable. Certains joueurs locaux évoluent à un niveau comparable à celui du National 2 ou 3 français, tandis que d’autres, comme Promes, jouent à un niveau bien supérieur. La différence réside également dans la gestion des effectifs, avec une obligation d’aligner cinq joueurs locaux lors de chaque match, ce qui limite parfois la composition des équipes. Sur le plan salarial, la disparité est aussi notable : les locaux touchent des salaires proches de ceux de la Ligue 2, tandis que les étrangers et surtout les stars peuvent espérer des rémunérations équivalentes ou supérieures à celles de la Ligue 1.

Pour un entraîneur, la rémunération reste modeste comparée à ce qu’il pourrait percevoir en Europe. Zanetti évoque un salaire de début de Ligue 2, mais précise que certains collègues comme Paulo Sousa gagnent beaucoup plus. La motivation principale n’est pas financière, mais plutôt la volonté de continuer à progresser, de confirmer son expérience et d’obtenir un diplôme UEFA Pro, indispensable pour entraîner en France ou dans d’autres grands championnats européens.

Une ambition de poursuivre dans le monde professionnel

Après cette saison riche en apprentissages, Zanetti souhaite poursuivre dans le football professionnel. Il aspire à obtenir le diplôme UEFA Pro, notamment le BEPF en France, afin de pouvoir entraîner à haut niveau dans l’Hexagone. Son parcours, commencé à 19 ans dans le coaching, s’est construit à force de patience et de détermination, en passant par les échelons inférieurs, ce qui lui confère aujourd’hui une crédibilité nouvelle dans le monde du football.

Il observe avec intérêt l’émergence d’entraîneurs issus des divisions inférieures en France, comme Pierre Sage ou Franck Haise, et s’inspire aussi de figures comme Arrigo Sacchi, qui soulignait que l’expérience ne se limite pas à la carrière de joueur. Pour lui, la clé réside dans la construction de convictions solides, acquises à force de travail et de patience dans les échelons inférieurs, avant de prétendre à la haute compétition.

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