Bluewashing - La FIFA et son partenariat avec l-ONU

Bluewashing : La FIFA et son partenariat avec l’ONU

Découvrez comment la FIFA utilise le bluewashing pour améliorer son image grâce à des millions versés à l'ONU.

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La FIFA, la puissante fédération internationale de football basée à Zurich, déploie une stratégie minutieuse pour renforcer son image en s’alliant à de grandes agences des Nations Unies. Cette opération de « bluewashing » suscite autant d’admiration que de critiques, en particulier à la lumière des financements considérables et des controverses qui entourent certains de ses partenariats.

Une stratégie d’image entre football et ONU

La FIFA sait fédérer autour d’elle des acteurs très divers, des leaders politiques aux organisations internationales. Ce large réseau d’influence lui permet d’exercer un impact politique, d’assurer sa légitimité et d’augmenter sa popularité mondiale.

Parmi ceux conquis figure Loretta Lynch, ancienne procureure générale des États-Unis connue en 2015 pour avoir qualifié la corruption à la FIFA de « généralisée, systématique et profondément ancrée ». Pourtant, désormais, elle travaille pour Paul, Weiss, un cabinet d’avocats new-yorkais qui représente la FIFA, félicitant publiquement la fédération lors d’une réunion officielle organisée en marge de la Coupe du monde féminine 2023.

Le phénomène de bluewashing : un nouvel habillage médiatique

Inspirée par le Comité international olympique, la FIFA a renoué avec les agences des Nations Unies dans une démarche dite de bluewashing. Ce terme, apparu en 2000 sous Kofi Annan, désigne l’usage de liens affichés avec l’ONU pour améliorer son image sans nécessairement engager de réformes profondes.

La FIFA s’est ainsi rapprochée d’institutions telles que l’UNESCO, l’ONUDC, le Programme alimentaire mondial, l’OMS et ONU Femmes. En signant aussi l’initiative onusienne « le sport au service de l’action climatique », elle cultive une image de responsabilité sociale ambitieuse.

Un fonds social de 42 millions d’euros sans référence aux travailleurs migrants

En novembre 2023, un fonds de 42 millions d’euros a été lancé par la FIFA pour les retombées de la Coupe du monde 2022, destiné à des programmes en collaboration avec l’OMS, le Haut-Commissariat aux réfugiés et l’Organisation mondiale du commerce. Cependant, le communiqué fait l’impasse sur les conditions des travailleurs migrants, point sensible dans le contexte qatari.

Nicholas McGeehan, directeur de l’ONG FairSquare, dénonce cette pratique comme « scandaleuse », estimant qu’elle privilégie les intérêts de la FIFA au détriment des familles victimes en quête de justice.

Réponses et posture de la FIFA face aux accusations

Interrogée, la FIFA défend son partenariat avec l’ONU, affirmant que cette collaboration, entamée en 2016, reflète des « objectifs et valeurs communs ». Elle insiste sur le rôle social du football et présente son investissement comme concret en termes d’aide aux réfugiés, à la santé publique et à l’éducation.

Toutefois, la fédération a ignoré la recommandation de sa sous-commission pour les droits humains concernant les travailleurs migrants, ce qui laisse supposer un choix délibéré dans l’attente de la Coupe du monde 2034, attribuée à l’Arabie saoudite.

Le cas controversé d’Ali bin Samikh al-Marri et le financement qatari

Avant le Mondial 2022, le Qatar a offert l’équivalent de 23 millions d’euros à l’Organisation internationale du travail (OIT) pour son bureau de Doha. En 2023, Ali bin Samikh al-Marri, ministre qatari du Travail, a pris la présidence de cette agence onusienne malgré les fortes réserves des syndicats internationaux.

Al-Marri est mêlé au « Qatargate », un scandale de corruption européen où plusieurs centaines de milliers d’euros auraient été versés à des députés. Son mandat d’arrêt international a été levé juste avant sa nomination, malgré les allégations de trafic d’influence.

Les réformes du Qatar sur le système de kafala mises en doute

La FIFA a vanté l’abandon officiel du système de kafala au Qatar, qui liait auparavant les travailleurs à leur employeur et permettait de confisquer leur passeport. Cependant, Azfar Khan, ancien employé de l’OIT, affirme que cette réforme reste largement théorique et que les travailleurs subissent encore un contrôle strict. Selon lui, les 23 millions d’euros investis dans ces réformes n’ont pas apporté d’amélioration tangible.

Les investissements massifs de l’Arabie saoudite à l’ONU

Autre acteur majeur, l’Arabie saoudite, pays hôte de la Coupe du monde 2034, contribue à hauteur de plus de 370 millions d’euros en 2023 aux trois principales agences onusiennes, consolidant ainsi sa présence dans les sphères décisionnelles internationales.

Lors d’une conférence à Riyad, Gilbert Houngbo, directeur général de l’OIT, a remercié le royaume pour son rôle dans la réforme du marché du travail mondial. L’OIT reconnaît chercher à établir un partenariat solide avec l’Arabie saoudite pour soutenir ses objectifs dans les pays arabes.

Des critiques face aux abus dans le secteur de la construction

Pourtant, l’Organisation internationale du travail fait face à une plainte officielle concernant les abus systémiques dans le secteur de la construction en Arabie saoudite. L’issue de ce dossier pose une question majeure : l’OIT acceptera-t-elle de conclure un accord, au risque de cautionner ces pratiques, ou préservera-t-elle ses principes de défense des droits des travailleurs?

Azfar Khan s’interroge : « Qu’en est-il du respect des conventions internationales et des droits du travail ? Le courage d’affronter ces enjeux est-il au rendez-vous ? » Cette interrogation reste au cœur des débats quant à la responsabilité sociale dans le sport et le travail.

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source:https://www.tdg.ch/bluewashing-pourquoi-la-fifa-donne-des-millions-a-lonu-275785494755

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