Lorsque l’Espagne a eu besoin d’un but victorieux en quart de finale de l’Euro 2024 face à l’Allemagne hôte, c’est le remplaçant Mikel Merino, mesurant 1,88 m, qui a délivré un splendide coup de tête en suspension, impressionnant même Simone Biles. Une fois de plus, lors du match aller des quarts de finale de la Ligue des Nations contre les Pays-Bas, Merino a su trouver l’égalisation, avant de s’illustrer encore lors de la séance de tirs au but du match retour.
Au sein d’Arsenal, Merino s’impose également comme un sauveur inattendu. Transformé en attaquant de dépannage face aux nombreuses blessures en attaque, il a marqué des buts décisifs contre Leicester City et Chelsea. À 28 ans, ce joueur discret, passé par Osasuna, Borussia Dortmund, Newcastle puis surtout la Real Sociedad, construit sa légende loin des projecteurs.
Le parcours atypique de Mikel Merino
Malgré ses apparitions marquantes pour l’Espagne et son rôle inespéré en attaque à Arsenal, Merino semble s’épanouir dans l’ombre. Roberto Olabe, directeur sportif de la Real Sociedad, le décrit comme un compétiteur né qui, dès son arrivée en 2018, a demandé à intensifier les duels physiques à l’entraînement pour renforcer l’esprit combatif de l’équipe.
Après une saison à Newcastle en 2017-18 qu’il a su pleinement exploiter, ses passages éphémères au Borussia Dortmund, où il a peu joué, et à Newcastle ont été relativement discrets. En Angleterre comme en Allemagne, son profil polyvalent – évoluant dans plusieurs postes du défenseur central à l’attaquant – et son style jugé « peu espagnol » expliquent sans doute son manque de visibilité médiatique.
Un joueur polyvalent et travailleur
Son coéquipier à Arsenal, Kieran Tierney, le qualifie de « monstre des duels ». Merino a été utilisé en défense centrale, milieu défensif, relayeur, numéro 10, ailier droit dans sa jeunesse et même pointe en Premier League. Cette flexibilité, associée à sa constance, le rend indispensable.
À la Real Sociedad, club où il a inscrit 27 buts et délivré 30 passes décisives en 242 matchs, il était néanmoins souvent éclipsé par des joueurs plus médiatisés comme Alexander Isak, Martin Ødegaard ou Mikel Oyarzabal. Pourtant, Olabe, qui l’a acheté 12 millions d’euros en 2018 avant de le céder à Arsenal pour 32 millions l’été dernier, le considère comme la conscience sur le terrain de l’entraîneur Imanol Alguacil.
Les débuts à Osasuna : un héritage familial et une ascension rapide
Merino a débuté à Osasuna, dans sa région natale de Pampelune. Sous la direction de Jan Urban, lui aussi ancien joueur et coéquipier de son père Ángel Merino, il a su gravir les échelons rapidement, débutant en équipe première en 2014. Malgré un jeu non spectaculaire mais efficace et combatif, il a su gérer la pression liée à son nom et les attentes.
Urban commémore sa progression, notamment grâce à sa vision, sa lecture rapide du jeu et son excellent jeu de tête, bien que sa vitesse en course ne fut pas son point fort. Sa montée en puissance a contribué à la montée d’Osasuna en Liga à l’issue de la saison 2015-16.
Un passage difficile en Bundesliga puis une adaptation réussie en Premier League
En 2016, Merino rejoint Dortmund sous Thomas Tuchel, mais ne joue que 312 minutes en une saison, conséquent peu de temps de jeu motivé par la transition du club. L’expérience fut décevante, contrairement à Alexander Isak, également recruté en 2016 mais prêté par la suite aux Pays-Bas.
En 2017, il rejoint Newcastle où Rafa Benitez mise rapidement sur lui. Agile en anglais, Merino s’intègre sans difficulté dans le club et enchaîne les titularisations en milieu de terrain, combinant agressivité et qualité technique. Après un prêt transformé en transfert définitif, une blessure au dos freine sa progression la seconde moitié de la saison.
Le retour à la Real Sociedad et la consécration
En été 2018, Merino retrouve la Real Sociedad après que Roberto Olabe ait activé sa clause libératoire de 12 millions d’euros. Il venait enrichir un groupe habitué aux profils techniques, apportant sa combativité et sa robustesse.
Le milieu basque devient rapidement un élément majeur, aidant l’équipe à figurer régulièrement dans le top 6 de la Liga avant son départ pour Arsenal. Olabe insiste sur la personnalité de Merino, son intelligence tactique et sa compétitivité héritée de son père, un milieu de terrain robuste et travailleur.
Le trophée historique de la Copa del Rey
Son point d’orgue à la Sociedad reste la victoire en Copa del Rey en avril 2021 face à l’Athletic Bilbao, mettant fin à une longue disette de 34 ans sans trophée. Merino fut le passeur décisif sur l’unique but de la rencontre, offrant à Portu un ballon parfait à l’origine du penalty victorieux signé Oyarzabal.
Roberto Olabe rappelle que, malgré ses problèmes de dos, Merino a affiché un mental exemplaire dans la préparation du match, renforçant son rôle de leader naturel.
Leader naturel et modèle d’exigence
En fin de parcours à la Real Sociedad, Merino était le joueur remportant le plus de duels dans les cinq grands championnats européens. Son absence se fait fortement ressentir dans un club désormais en pleine transition, notamment avec le départ de Robin Le Normand à l’Atletico Madrid.
Olabe le décrit comme un « tueur » silencieux, un exemple d’exigence au quotidien, imposant sa rigueur à travers son attitude plutôt que par des mots. Pour lui, la compétitivité de Merino est un mode de vie, et non un simple déclencheur autour de 15h30 le jour du match.
Un avenir sous le feu des projecteurs européens
Récemment de passage à Zubieta, le centre d’entraînement de la Real Sociedad, avant de rentrer à Londres pour la suite de la saison d’Arsenal, Merino pourrait encore surprendre en Ligue des Champions, notamment face au Real Madrid de Carlo Ancelotti en quarts de finale. Sa capacité à se réinventer et à surgir discrètement fait de lui l’anti-galactico attendu du football moderne.











