Le football américain est à un tournant inquiétant, et les légendes Clint Dempsey et Landon Donovan ne cachent pas leurs inquiétudes pour l’avenir de l’USMNT. Après la défaite de l’équipe des États-Unis face au Canada lors du match pour la troisième place de la Ligue des Nations, ces icônes du soccer américain ont ouvertement critiqué le mental et l’implication des joueurs actuels.
Une perte contre le Canada qui fait réagir Clint Dempsey
Lors de la rencontre contre le Canada, quelques membres des American Outlaws, le groupe officiel de supporters de l’USMNT, ont appelé Clint Dempsey. Présent en tant qu’analyste pour CBS Sports, Dempsey a raconté cette interaction avec les fans :
« Certains me disaient ‘Clint, dis quelque chose’ », a-t-il confié. « Je leur ai répondu : ‘Faites savoir aux joueurs ce qui se passe, qu’ils doivent se battre pour vous.’ »
Fils de Nacogdoches, au Texas, Dempsey a toujours incarné un joueur à l’esprit combatif, forgé dans des conditions modestes et des ligues difficiles. Retiré depuis 2018, il reste une référence incontestable pour son palmarès impressionnant, étant l’un des meilleurs buteurs de l’histoire de l’USMNT avec Landon Donovan.
Après la lourde défaite face au Panama en demi-finale de la Ligue des Nations, Dempsey n’a pas mâché ses mots :
« Le plus grand coup dur de ma carrière a été de ne pas se qualifier pour la Coupe du Monde 2018. Cette équipe était censée être une ‘génération dorée’, mais après la Copa América, sans même sortir de la phase de groupes à domicile, et maintenant une nouvelle défaite lors d’un match capital, le tableau n’est pas encourageant. Plus de supporteurs étaient présents pour le Mexique que pour nous. »
Il s’inquiète également de l’absence de joueurs clés lors de la Gold Cup à cause de la Coupe du Monde des Clubs, et de la difficulté à organiser des matches compétitifs en cette année de qualifications au Mondial.
« Je suis un peu nerveux, » admet-il, « et je m’inquiète pour l’avenir de cette équipe nationale. »
Landon Donovan dénonce un manque de fierté et d’envie
L’ancien buteur vedette Landon Donovan, détenteur du record de buts en sélection, exprime lui aussi son mécontentement. Reconnu pour ses réalisations décisives en Coupe du Monde, Donovan ne mâche pas ses mots concernant les joueurs actuels :
« J’en ai assez d’entendre parler du “talent” de cette génération et des clubs prestigieux où ils évoluent. Si vous ne voulez pas jouer avec fierté pour votre pays, déclinez l’invitation. Le talent, c’est bien, mais la fierté, c’est mieux. »
Il reconnait que certains, comme Diego Luna ou Christian Pulisic, ont souffert des récents résultats, mais déplore que beaucoup semblent « faire acte de présence » sur le terrain. Selon lui, l’effort et la détermination ont disparu dans le jeu des États-Unis.
Donovan rappelle également l’importance historique de l’esprit combatif dans le football américain, qui a souvent compensé un déficit en technique :
« On craignait nos équipes, même quand on perdait. On savait que ces gars allaient tout donner sur le terrain. Aujourd’hui, l’effort ne devrait même pas être discuté. C’est un problème fondamental si on le perd. »
Il évoque un changement générationnel global où le manque de fierté dans l’effort se retrouve aussi en dehors du sport, soulignant son propre embarras face aux performances récentes.
Tab Ramos et le poids de la culture footballistique américaine
Tab Ramos, figure d’une génération précédente, apporte un autre angle sur la crise actuelle. Ancien joueur du Mondial 1990 et premier contrat de MLS, il a encadré de nombreux jeunes joueurs de l’USMNT en tant qu’entraîneur et directeur technique.
Il souligne que les joueurs reconnaissent eux-mêmes le besoin de durcir leur mental, mais Lucas Pulisic, Tyler Adams et Weston McKennie devraient plutôt se concentrer sur les actes plutôt que les paroles :
« Ce n’est pas la première fois qu’on entend ces revendications, mais ça doit se traduire sur le terrain. »
Ramos évoque un choc pour Mauricio Pochettino, qui comptait sur un engagement total de ses joueurs. À ses yeux, le problème dépasse la simple génération et touche à la culture sportive américaine encore peu ancrée dans le football :
« Les jeunes dans les autres pays jouent au foot avec passion, même s’ils sont sur leur téléphone. Ici, le football est encore loin d’être un sport majeur, loin derrière la NFL ou la NBA. »
Il rejette par ailleurs le terme de “génération dorée” pour les joueurs actuels, rappelant que la sienne a grandement contribué à poser les bases du soccer américain moderne, notamment avec la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis.
Le faible afflux de supporters dans les stades lors des récents matches internationaux accentue la déception de Ramos, qui espérait un engouement plus fort pour le football national, relayé par les performances de stars évoluant en Europe.











