À 8h30, réveillé brutalement par le vacarme d’une gueule de bois qui ferait croire à une finale, je me traîne hors du lit. J’envisage une pinte matinale pour reprendre des forces, mais je renonce: ce serait dépasser mes capacités et il ne reste que des Foster à portée de main. Cette préparation tout en fatigue et en humour noir donne le ton de la journée.
À 10h, après quatre Superkings et un café bien corsé, je suis prêt pour mon repas pré-match. La nutrition est clé pour les footballeurs d’élite et elle n’a pas quitté le championnat local; on demeure dans la même logique dans la Warwickshire North-East Pub League. Le fry-up est servi. J’écarte le boudin noir, son odeur me donne envie de défaillir.
À 10h45, le coup d’envoi étant à midi, il faut préparer l’équipement. Je le retrouve très souvent encore emballé et humide au fond de ma Vectra. Je tape les chaussures pour déloger le pire de la boue sèche. J’ajoute un paquet de cigarettes et une canette Monster et je me sens prêt à tout affronter.
À 11h30, on arrive sur le terrain pour une revanche contre nos rivaux The King Edward, contre lesquels je suis interdit de jouer. Il y a une rancune qui traîne depuis que notre défenseur Dan a piqué leur tableau de fléchettes. Le préchauffage est censé être deux tours du terrain, mais je n’y participe que pour économiser de l’énergie en consultant Instagram.
À 12h, le coup d’envoi est donné et nous sommes déjà menés 2-0 sans que j’aie touché le ballon. Comme je n’ai pas fait partie de l’action, ce n’est pas ma faute, j’explique à notre entraîneur qui, depuis la touche, me traite d’idiot inutile. Il est très du genre Pep Guardiola.
À la mi-temps, le score est de 5-0 et nous traînons. Je bois un Foster d’un trait pour prendre un avantage en seconde période. Je me sens épris d’énervement, ce qui me donne de l’énergie pour la suite.
À 13h20, bonne nouvelle: j’ai inscrit un but. Mauvaise nouvelle: on avait changé de camp et je n’en étais pas informé. Si notre gardien pense obtenir les mêmes tarifs que les amis pour repeindre sa salle de bains mardi, qu’il cesse d’espérer.
À 13h45, le coup de sifflet final retentit sur une lourde défaite de 7-1. Je pense que le carton rouge, pour avoir insulté l’arbitre, a pesé sur le cours du match. Les douches restent hors service et je n’ai pas envie de me rincer à l’eau glacée. Je ne suis pas Wim Hof.
À 14h15, retour au quartier général pour une pinte. La barmaid refuse de me parler. Je me rappelle vaguement l’avoir comparée à Pamela Anderson, version d’hier.
À 17h, retour à la maison. Je balance mon kit sale dans le panier à linge pour que ma mère s’en occupe. Est-ce que Harry Kane lave son maillot après un match ? Même programme, même heure, la semaine prochaine.









