Un an après les Jeux paralympiques de Paris 2024, Alexis Hanquinquant revient sur l’élan suscité par l’événement et sur les promesses qui, selon lui, n’ont pas été tenues. Le message est clair: le parasport a connu une révolution, mais son héritage reste fragile et l’invisibilité persiste.
Fierté, nostalgie et réalité du quotidien
Revenir sur cette période de Paris provoque chez lui à la fois de la fierté et une pointe de nostalgie: tout cela était intense et éphémère. « On peut être fiers des uns et des autres », résume-t-il, en évoquant les athlètes qui ont parfaitement performé et les supporters qui ont partagé des émotions fortes. Pour lui, ce bilan reste une réussite globale, même si la mémoire des moments vécus s’estompe rapidement.
En tant que porte-drapeau et champion paralympique à domicile, Hanquinquant précise que la célébrité n’est pas devenue une nouvelle normalité; elle s’est limitée à une reconnaissance plus visible pour les figures phares de l’équipe de France. Avec Nantenin Keïta, il se voit comme une sorte de grand frère et grande sœur du collectif, mais il reconnaît que cela n’a pas radicalement transformé leur quotidien. Les interactions restent sympathiques, quelques saluts et encouragements lors de séances d’entraînement, rien de comparable à d’autres stars, selon lui.
Une révolution paralympique, mais un héritage à consolider
Selon lui, Paris 2024 a bel et bien constitué une révolution paralympique: c’est la première fois que le grand public français découvre véritablement des parasports et des athlètes de haut niveau. Le saut de perception est réel: les Jeux peuvent désormais être qualifiés de « paralympiques » à parts entières, avec une exigence de performance et une reconnaissance qui ont pris forme. Cependant, l’héritage reste imparfait. Le parasport demeure, selon lui, “invisible à la télé”, malgré les déclarations de certains sur un objectif de diffusion d’environ 25 %. Il constate que le retour télévisuel est loin d’être à la hauteur de cet élan, ce qui montre que le combat pour l’égalité olympique–paralympique existe toujours autant après Paris qu’avant.
Le constat est cru: l’ère post-Paris ne se résume pas à des promesses tenues, mais à leur mise en pratique concrète. La dimension médiatique et accessible au grand public demeure le principal levier à consolider pour que le parasport gagne durablement en visibilité et en impact sur l’équipement, les structures et les mentalités.
Financement et sponsors: la “gueule de bois” après la fête
Le phénomène des partenariats qui se mettent en place autour des Jeux a laissé place à une réalité plus rude après Paris. Beaucoup d’entreprises avaient alors construit des « teams d’athlètes » et nourri l’espoir d’un accompagnement durable. Or, le retour en arrière est brutal: de nombreux partenaires historiques se retirent ou réajustent leurs engagements. Si certain(s) athlètes conservent encore quelques soutiens, près de la moitié des partenariats se sont éteints, ce qui représente une charge importante pour les sportifs qui avaient misé sur ce financement.
Cette situation ne concerne pas uniquement Alexis Hanquinquant. Il décrit une réalité partagée par de nombreux professionnels du parasport, où la capacité à maintenir des soutiens financiers est un véritable enjeu pour préparer les échéances à venir, notamment les Jeux de Los Angeles 2028. Sans stabilité des ressources, le chemin peut devenir difficile et les perspectives d’avenir s’assombrissent.
Promesses non tenues, et le rôle des politiques publiques
Pour l’athlète, le constat est sans appel lorsque le gouvernement promet et que les actes ne suivent pas. L’exemple cité est l’annulation du pass’Sport pour les jeunes, considéré comme un désengagement majeur du sport pour tous. S’ajoute à cela le constat d’un budget global consacré au sport qui demeure extrêmement limité: seulement une petite fraction du budget national y est allouée, et une grande partie de cette portion est détournée ou insuffisante pour soutenir durablement le parasport. Cette réalité, selon lui, explique pourquoi les promesses ne se tiennent pas et pourquoi l’impact positif sur l’éducation et la cohésion sociale, pourtant démontré, ne se traduit pas dans les faits. L’analyse est claire: les décisions publiques semblent à court terme, alors que les bénéfices du sport, et plus encore du parasport, nécessitent des investissements soutenus sur le moyen terme.
Au-delà des chiffres, l’athlète rappelle que le sport a vocation à rassembler et à éduquer. Il plaide pour une vision qui privilégie la continuité et l’accessibilité, afin que le parasport ne soit pas uniquement un effet d’annonce, mais une composante durable du paysage sportif et social.
Perspectives et appel à une meilleure écoute
À l’heure des échéances 2028, l’exigence reste la même: assurer un financement stable et équitable, et renforcer l’accès au parasport pour tous les publics. Pour Hanquinquant, il s’agit d’un antidote nécessaire à l’invisibilité persistante et à l’espoir partagé par les athlètes de voir évoluer le système vers des engagements qui durent au-delà des grands événements.
En somme, si Paris 2024 a marqué une révolution paralympique et une prise de conscience, l’avenir dépend désormais d’un véritable suivi et d’investissements sérieux qui permettent au parasport d’exister durablement dans le quotidien des Français, et non seulement au sein des grands moments médiatiques.









