TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie : suspense en quatre classes

TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie : suspense en quatre classes

Suspense total dans les quatre classes de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie: Viabilis Océans prend la tête en Ocean Fifty, Sodebo recolle en ULTIM; Charal et Macif se disputent l’IMOCA.

France

Suspense total ce matin dans les quatre classes de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. À des vitesses parfois impressionnantes, personne ne lâche prise et les leaders d’hier restent menacés. En Ocean Fifty, Viabilis Océans prend la tête après qu’Edenred 5 ait subi une avarie de voile; en ULTIM, Sodebo a rattrapé une partie de son retard alors que les bateaux traversent leur deuxième Pot au Noir aujourd’hui. En IMOCA, Charal court à plein régime mais ne parvient pas à mettre Macif Santé Prévoyance à distance. À 48 heures de l’arrivée des premiers à Fort-de-France, rien n’est joué, et chez les Class40, le premier front passé cette nuit permet d’y voir plus clair sur les capacités et les intentions pour la suite.

ULTIM : Le match retour

Sur les dernières 24 heures, Actual Ultim 4 affiche une avance de 120 milles, et a bouclé une journée de 705 milles sans rupture de trajectoire grâce à un vent plus favorable légèrement décalé à droite. Le plus menaçant ce matin est Sodebo Ultim 3, qui a réduit son retard sur SVR Lazartigue de plus de deux fois.

« On ne s’économise pas depuis le début avec Thomas et on va continuer à tout donner ! » a déclaré ce matin Benjamin Schwartz lors de la vacation. « L’élastique risque de se retendre après le Pot au Noir, mais on reste à l’affût. »

Hier, les deux trimarans de tête ont multiplié les empannages le long de la zone interdite qui borde les côtes du Brésil et de Guyane. Cette navigation sous tension est décrite par le coéquipier de Thomas Coville : « Avec le J0 bordé à fond, tu es toujours à la limite. Quand le bateau gîte, le risque de chavirer est réel et l’on retarde au maximum le déclenchement du système antichavirage qui choque la GV, car après c’est cinq minutes à reborder la colonne ! »

La transition, nettement moins violente que celle du parcours aller, permet pour l’instant à SVR Lazartigue et à Sodebo Ultim 3 de poursuivre à plus de 25 nœuds de moyenne. « Même si les grains semblent se décaler et se regrouper vers le Nord », précise Benjamin, on peut espérer revenir dans l’hémisphère Nord météo dans une dizaine d’heures.

Il restera environ mille milles sur un bord, ou presque, pour une dernière explication avant l’arrivée, toujours prévue jeudi soir.

Ocean Fifty : La dure loi du sport mécanique

Un grain peut tout changer lorsque les machines atteignent ce niveau. Hier soir Edenred semblait encore en tête de cette Route du Café, mais la fusée rouge a ralenti quelques heures plus tard. La queue de malet – le tangon attrapé sur le bras arrière – a explosé près de minuit, et Emmanuel Le Roch a raconté la mésaventure à l’équipe, expliquant qu’ils ont dû couper et improviser un manchon avec des pièces en carbone.

Sur ce bord, Edenred 5 ne peut plus naviguer sous grand gennaker, ce qui limite les possibilités d’angle et de vitesse. Le bateau ne peut plus envoyer cette voile-clef que sur les petits bords de re‑collage vers le Sud et voit ses chances de victoire, voire de podium, s’évanouir.

Viabilis Oceans s’empare de la tête dans la foulée et navigue environ trois nœuds plus vite que le leader d’hier. Baptiste Hulin et Thomas Rouxel voient désormais Wewise comme leur principal adversaire, à environ 16 milles derrière eux. Le duo qui avait fait demi-tour en Manche après le départ a pu revenir en force grâce au ralentissement des leaders entre Madère et les Canaries. En position de chasseurs depuis près de dix jours, ils vont devoir défendre leur leadership sur les 1 000 milles restants et viser une arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi.

IMOCA : Très gros rythme

Les bateaux évoluent plus vite au lof, Charal menant la flotte à plus de 25 nœuds de moyenne et ayant parcouru plus de 600 milles dans la journée d’hier. Derrière, personne n’abdique, si ce n’est Team Snef – TeamWork, bateau d’ancienne génération qui a du mal à suivre dans ces conditions.

Le quartet s’est réduit à un quintet encore compétitif, avec 11th Hour Racing et Allagrande Mapei en position d’outsiders et un duel serré entre Charal et Macif Santé Prévoyance. Les deux sont distants d’environ 25 milles, soit environ 46 kilomètres, à la vitesse actuelle des IMOCA. Charal joue sur un profil plus contenu que Macif Santé Prévoyance, ce qui crée des écarts lorsqu’ils naviguent sur le même bord. Jérémie Beyou l’a admis : « C’est très ambivalent. Il faut y aller fort, car c’est un truc de bourrin de faire marcher le bateau comme ça, mais il faut aussi être très fin dans le choix des trajectoires. »

Empannera-t-on, empannera-t-on pas ? « C’est la question du jour », répondait le skipper de Charal, évoquant des modèles qui oscillent entre action et patience. Il ajoutait qu’il travaillait sur les données pour évaluer l’alizé, tout en restant prudent sur les pronostics. « Malgré les hautes vitesses, on a pu reprendre le rythme des quarts : deux heures chacun, pour permettre au corps de se relâcher », expliquait-il.

Class40 : Derrière le front, des options !

À mi‑chemin entre l’Espagne et les Açores, la course des Class40 devient une lutte de gros bras. Après le premier front sérieux passé cette nuit, la flotte a viré majoritairement au Sud sur son arrière pour souffler, accélérer et relâcher la pression. Corentin Douguet et Axel Tréhin mènent les débats et ne sont suivis, dans leur option, que par Legallais et VSF sports. Du côté sud, le duo normand Guillaume Pirouelle et Cédric Château sur Seafrigo-Sogestran mène le peloton, et est suivi par d’autres équipages.

« Je suis étonné de ne pas voir davantage de bateaux suivre la route de l’Ouest », expliquait Corentin en matinée. « Cette nuit, on a connu des pointes de 40 à 42 nœuds et des éclairs, c’était impressionnant. Aujourd’hui le vent est retombé autour de 12 à 15 nœuds, ce qui est bien pour reprendre un peu de souffle. Si nos poursuivants partent vers l’autoroute du soleil, la trajectoire vers les Açores pourrait s’avérer la bonne. »

Le terme « l’autoroute du soleil » symbolise une claire séparation du trafic ce matin. Quoi qu’il en soit, les Class40 ne devraient pas sortir un spi avant la fin de la semaine. Les équipages du Sud éviteront le plus gros du front nocturne et subiront moins de mer que les Nordistes. Reste à savoir si les Nordistes pourront maintenir leur vitesse avec des vagues qui pourraient dépasser cinq mètres derrière le front près de Punta Delgada. Réponse demain dans la journée.

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