Tottenham Hotspur est à un pas d’inscrire un nouveau trophée à son palmarès, une première depuis 2008. Pourtant, pour Ange Postecoglou, une victoire en Europa League pourrait ne pas suffire à garantir sa pérennité à la tête de l’équipe.
Une équipe confiante face à la finale
Malgré une saison en Premier League en demi-teinte, l’état d’esprit chez Tottenham est étonnamment serein et déterminé. Les joueurs croient fermement à la victoire en Europa League, un sentiment renforcé par leur parcours dans la compétition et leurs trois succès contre Manchester United cette saison. Cette confiance est notamment alimentée par la conviction d’Ange Postecoglou, qui a su rallier ses joueurs à sa cause. Micky van de Ven résume cette ambiance : « Je pense qu’il a prouvé que vous aviez tous tort. »
Postecoglou, habitué à obtenir des résultats dans sa deuxième saison sur un banc, laisse espérer une fin glorieuse. De plus, la tendance actuelle des clubs à mettre fin à de longues périodes sans titre – comme Newcastle, Bologne ou Crystal Palace – attise cet espoir. Mais l’esprit « vintage Spurs » invite aussi à la prudence : l’équipe pourrait, comme souvent, déjouer les pronostics favorables.
Un avenir incertain même en cas de succès
Une constante hante les clubs de Tottenham après un triomphe majeur : le départ de l’entraîneur. Juande Ramos (vainqueur de la League Cup en 2008) et George Graham (vainqueur en 1999) avaient tous deux été limogés peu après leurs succès, sans laisser de véritable héritage durable au club. Cette répétition soulève des questions inquiétantes sur la stabilité et la continuité du projet.
Postecoglou lui-même semble prêt à envisager un départ après une victoire, évoquant régulièrement l’idée de « partir sur une réussite ». Une rumeur de démission circulerait même parmi les observateurs, traduisant un climat d’incertitude malgré l’enthousiasme ambiant.

La quête d’une progression durable
Le véritable obstacle pour Postecoglou ne réside pas seulement dans la réussite immédiate, mais dans la confiance sur le long terme. Dès son arrivée, il a souligné que l’objectif ne se limitait pas à « gagner quelque chose par désespoir ». Le succès doit s’accompagner d’une façon de jouer déterminée et pérenne.
« Je suis ici pour offrir à ce club la possibilité de remporter des trophées de façon régulière. Ce n’est pas gagner la Carabao Cup en terminant 10e en championnat qui doit définir Tottenham », avait-il déclaré en septembre 2023. Pourtant, cette saison, Tottenham semble osciller entre des résultats européens impressionnants et un championnat en souffrance.
Entre pragmatisme et idéologie
Postecoglou a été recruté pour son projet ambitieux et son football tourné vers l’avant, loin des stratégies ultra-pragmatiques de ses prédécesseurs comme Mourinho, Nuno Espírito Santo ou Antonio Conte. Cependant, sur le terrain, sa philosophie semble s’être quelque peu diluée, notamment en Europa League où la tactique adoptée rappelle davantage un football de coupe traditionnel avec recherche de la sécurité et réduction des risques.

Face à Bodo/Glimt en demi-finale, Tottenham a contourné les difficultés avec un jeu long porté par Dominic Solanke ou Richarlison, ignorant parfois le jeu de possession. Ce style rappelle celui de José Mourinho lors de la victoire de Manchester United en Europa League en 2017, une méthode qui avait permis de minimiser les risques face à un adversaire techniquement supérieur.

Les défis tactiques et physiques avant la finale
La saison de Tottenham a été marquée par une crise persistante de blessures, notamment au milieu de terrain avec les absences de Lucas Bergvall, James Maddison et Dejan Kulusevski. Cette pénurie a forcé Postecoglou à un pragmatisme tactique plus poussé, limitant ses choix et son style de jeu.

Ces absences pourraient bien influer sur le résultat, la condition physique restant un thème majeur de la période Postecoglou. Les Spurs disposent toutefois d’atouts dans la vitesse, une faiblesse identifiée chez Manchester United, et d’autres possibilités tactiques restent envisageables.
Une finale pleine d’enjeux
La finale d’Europa League représente bien plus qu’un simple match pour Tottenham et son entraîneur. Elle est un véritable référendum sur la direction prise par le club. La victoire pourrait offrir un premier trophée en 17 ans, mais risque aussi d’ouvrir un nouveau chapitre d’incertitudes quant à la suite de cette aventure.
En attendant de connaître l’issue du duel, une chose est certaine : rien n’est plus durable que le souvenir de la gloire.









