Tifany Huot-Marchand : de la chute à la réussite sportive en France

Tifany Huot-Marchand : de la chute à la réussite sportive en France

Après une grave chute, Tifany Huot-Marchand se reconvertit en cycliste paralympique et vise les Jeux de 2028. Une histoire inspirante en France.

France

Une renaissance inattendue : le parcours exceptionnel de Tifany Huot-Marchand

Victime d’un grave accident qui l’a laissée avec plus de 50 % d’incapacité, Tifany Huot-Marchand a su transformer sa douleur en une véritable source de motivation. Ancienne patineuse de vitesse, elle a récemment fait ses premiers pas dans le paracyclisme, une discipline où elle commence déjà à se faire un nom, avec pour objectif ultime de participer aux Jeux Paralympiques de 2028. Son histoire, à la fois bouleversante et inspirante, incarne la résilience et la détermination d’une athlète française prête à relever tous les défis.

Une première étape sur le vélo en Italie

Le vendredi 16 mai, dans la petite ville italienne de Maniago, Tifany Huot-Marchand a pris le départ de sa toute première course contre-la-montre en paracyclisme. Sur un parcours de 16,2 kilomètres, elle a parcouru la distance à une vitesse moyenne de plus de 35 km/h, terminant à une place juste en dehors du podium dans la catégorie C3, réservée aux athlètes présentant une atteinte neurologique des membres inférieurs. Deux jours plus tard, elle a confirmé ses progrès en prenant la 6e place lors de l’épreuve en ligne, sur un total de 11 concurrentes.

Laurent Thirionet, responsable de la performance des équipes françaises de paracyclisme, n’a pas été surpris par ses performances : « Elle est venue en stage avec nous en mars à Hyères et roulait déjà très bien. Elle parcourt énormément de kilomètres avec son compagnon. Pour l’instant, c’est encore du vélo loisir, mais nous lui préparons un programme spécifique. Son objectif est désormais de se qualifier pour Los Angeles. »

Un parcours de vie marqué par la tragédie et la résilience

Son aventure a basculé le 9 octobre 2022, lors d’une compétition de short-track aux Pays-Bas. Une chute grave, avec fracture d’une vertèbre cervicale et atteinte de la moelle épinière, a tout changé. Le diagnostic était sans appel : elle ne pourrait peut-être jamais se relever. « Je ne pouvais plus me lever du lit ni marcher », confie-t-elle. Après une opération d’urgence, le chirurgien lui avait annoncé qu’elle risquait de rester paraplégique à vie. Pourtant, à sa grande surprise, dix jours plus tard, elle était debout.

Son chemin vers la rééducation a été long et semé d’embûches. Rapatriée en France, elle a d’abord été hospitalisée à Besançon, sa ville natale, où le transfert a été difficile. La différence de prise en charge entre les Pays-Bas et la centre de rééducation français a été rude, et elle a connu des périodes de regression physique et psychologique. Elle a ensuite poursuivi sa rééducation dans des centres spécialisés à Lyon et à Capbreton, où elle a progressivement retrouvé une certaine autonomie. Aujourd’hui, elle affirme que, dans la vie quotidienne, personne ne devinerait qu’elle est handicapée, bien que ses douleurs quotidiennes soient toujours présentes.

Les séquelles et la volonté de retrouver sa passion

Les séquelles neurologiques ont laissé des traces profondes, notamment des brûlures intenses dans ses mains. « Je suis tétraplégique incomplète », précise-t-elle. La reconstruction de sa colonne vertébrale avec une double arthrodèse a permis de stabiliser ses cervicales, conservant une part de mobilité grâce à la préservation de sa moelle épinière. Cependant, ses médecins lui ont interdit de pratiquer le patinage de vitesse, sa passion d’antan, même en loisir, pour des raisons médicales et administratives. La vie de Tifany a été marquée par des drames familiaux : une mère souvent malade, un père alcoolique chronique et un grand frère qui s’est suicidé durant sa convalescence. Elle évoque aussi un harcèlement moral subi durant sa carrière sportive, un épisode qu’elle a tenté de dénoncer sans succès, craignant de perdre sa place en équipe de France.

Une nouvelle vie pleine d’ambitions

À 31 ans, Tifany Huot-Marchand tourne une nouvelle page en se lançant dans le paracyclisme. Son histoire, qui aurait pu s’arrêter là, est devenue une source d’inspiration pour beaucoup. Son manager, Laurent Thirionet, témoigne : « Son parcours donne la chair de poule. Quand on vous dit que vous ne marcherez plus jamais, que votre corps est paralysé aux trois quarts, et qu’un an et demi plus tard, vous courez un marathon… c’est incroyable. »

En août dernier, elle a relevé un défi d’envergure en participant au Marathon pour tous, organisé dans le cadre des Jeux de Paris, une étape symbolique dans sa reconstruction. En juillet prochain, elle se rendra en Colombie avec son compagnon Tristan, pour traverser la cordillère des Andes à vélo, de l’Amérique du Sud jusqu’à Ushuaïa, en cinq mois. Son récit autobiographique se clôt sur une phrase forte : « Ma vie est belle. »

Tifany Huot-Marchand se lance dans une carrière cycliste
Une nouvelle étape pour Tifany Huot-Marchand, désormais cycliste paralympique.

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