Thomas Tuchel : la mentalité sans compromis de l’entraîneur anglais

Thomas Tuchel entame sa nouvelle aventure en tant que sélectionneur de l’Angleterre avec une approche sans concession, cherchant à insuffler une mentalité de gagnant à l’équipe nationale à moins de deux ans de la Coupe du Monde 2026. Bien que son premier match contre l’Albanie ait accouché d’une victoire, le coach allemand n’a pas hésité à pointer du doigt les failles de certains joueurs, notamment Phil Foden et Marcus Rashford, et à souligner l’importance d’une solidarité affichée sur et en dehors du terrain.

Une gestion internationale sous le signe de la rigueur

Après seulement une semaine à la tête de la sélection anglaise, Tuchel mesure déjà les défis d’un football international, très différent du rythme effréné de la Premier League. Face à une Albanie repliée en défense, il a évoqué la possibilité d’adopter à terme un système traditionnel 4-4-2, mélangeant pragmatisme et adaptabilité.

Plus qu’une stratégie de jeu, il jongle avec la gestion des individualités, confronté aux performances décevantes de joueurs comme Phil Foden, en difficulté à la fois en club avec Manchester City et en sélection. Ce dernier semble d’ores et déjà sous la pression de regagner sa place pour le prochain match face à la Lettonie à Wembley.

Corriger les lacunes laissées par l’ère Southgate

Thomas Tuchel veut aussi corriger ce qu’il estime être des faiblesses mentales et comportementales héritées des huit années de Gareth Southgate. Malgré les progrès amorcés sous son prédécesseur, notamment en termes d’engagement et d’attachement à la sélection, le nouvel entraîneur cherche à repousser plus loin l’exigence mentale et la solidarité du groupe.

Declan Rice, l’un des cadres de l’équipe, exprime ce même désir d’évolution : « Thomas insiste sur le fait que, malgré nos deux finales perdues, nous devons grandir collectivement. Comment faire pour que les onze joueurs sur le terrain soient vraiment en harmonie ? » Il souligne la nécessité d’une communication plus directe et franche entre coéquipiers, gage d’une meilleure cohésion lors des grands rendez-vous.

Une communication renforcée sur le terrain

Rice insiste sur le fait que les leaders sur le terrain doivent être plusieurs et non limité à un seul capitaine comme Harry Kane. Pour lui, la force d’une équipe championne réside dans la capacité de plusieurs joueurs à s’encourager et à se pousser mutuellement au plus haut niveau.

Tuchel, lors d’une intervention au centre d’entraînement de Tottenham, a confirmé être à l’aise avec ses critiques publiques envers Foden et Rashford, les jugeant modérées et déjà exprimées en privé. Pourtant, il sait aussi que ce type de communication peut avoir des répercussions qui persistent dans le temps, notamment en raison de l’éloignement prolongé entre les rassemblements internationaux.

Un environnement d’équipe à réinventer

La saison passée, l’ambiance au sein de la sélection anglaise laissait parfois transparaître des tensions inhabituelles, avec une certaine frustration visible à travers le langage corporel, notamment chez Jude Bellingham, considéré comme le meilleur joueur anglais du moment. Declan Rice explique que cette posture peut traduire l’ardeur à bien faire, même si elle peut parfois prêter à confusion.

« Dans le haut niveau, la communication non verbale a une importance capitale, » ajoute Rice. « Parfois, les joueurs expriment leur exigence envers eux-mêmes et leurs partenaires par des attitudes qui peuvent sembler négatives, mais c’est le signe qu’ils veulent pousser l’équipe vers la victoire. »

Une revanche mentale à préparer

Tuchel ne minimise pas les défis à venir ni la complexité de son travail. Il considère que les deux finales d’Euro perdues en 2021 et 2024 ne sont pas des trophées, mais des occasions manquées. Ce regard exigeant pourrait induire un tournant mental décisif dans l’approche des joueurs.

Alors que l’équipe se prépare à affronter la Lettonie, équipe classée 140e au classement mondial, le sélectionneur anglais continue d’observer et d’apprendre sur ses joueurs, sachant que beaucoup des évolutions les plus cruciales se construiront hors des projecteurs.