Sébastien Chabal, ancien pilier du XV de France et figure emblématique de la Coupe du monde 2007, a fait une révélation bouleversante sur son vécu personnel. À 47 ans, le « Caveman » confie ne plus avoir de souvenirs des nombreux matchs, ni en club ni en équipe nationale, disputés au cours de sa carrière. Cette perte de mémoire est probablement liée aux multiples commotions cérébrales subies sur le terrain, une réalité inquiétante pour le rugby et les sports de contact en général.
Un souvenir presque effacé des terrains
Lors d’un entretien de 90 minutes diffusé sur la chaîne YouTube Legend, Sébastien Chabal a exprimé avec franchise la gravité de sa situation : « Je n’ai aucun souvenir d’une seule seconde d’un match de rugby que j’ai joué. » Avec 62 sélections entre 2000 et 2014, il reconnaît également ne plus se rappeler « d’une seule des 62 Marseillaises » qu’il a vécues, rappelant les fêtes traditionnelles des Bleus après chaque victoire. Cette absence de mémoire s’étend également à sa vie personnelle, le rugbyman évoquant une grande difficulté à se souvenir d’événements tels que la naissance de sa fille.
Une carrière marquée par les commotions cérébrales
Surnommé « l’anesthésiste » pour l’impact physique qu’il imposait sur ses adversaires, Chabal a accumulé les chocs violents durant sa carrière, notamment sous les couleurs de Bourgoin, Racing 92, Sale en Angleterre, et Lyon, où il a terminé sa carrière en 2014. Sans jamais employer le terme de commotion au cours de l’entretien, il admet ne pas avoir consulté de neurologue, acceptant la situation en déclarant : « Pour quoi faire, la mémoire ne reviendra pas. » Son témoignage, d’abord teinté d’humour, souligne pourtant une réalité dramatique.
Le fléau des maladies neurodégénératives chez les anciens joueurs
Le rugby, comme d’autres disciplines physiques, est confronté à une augmentation des cas de commotions cérébrales. Ces traumatismes, qu’ils résultent d’un choc direct à la tête ou d’une forte secousse corporelle, peuvent provoquer à long terme des maladies neurodégénératives. Ces pathologies entraînent perte de mémoire, démence précoce et parfois une dépendance complète.
Chabal, conscient des enjeux, évoque les initiatives d’anciens joueurs mobilisés pour faire reconnaître ces risques. Au Royaume-Uni, plusieurs ex-rugbymen, tels que le Gallois Alix Popham et le talonneur anglais Steve Thompson, ont engagé des démarches judiciaires contre les instances du rugby pour les responsabiliser, après avoir eux-mêmes souffert de démences précoces liées aux commotions.
En France également, la question monte en puissance. En juin 2024, Bernard Le Roux, reconnu pour ses 47 sélections en équipe de France, a dû mettre fin prématurément à sa carrière à 35 ans, après une série de commotions. Ces cas soulignent l’urgence pour le rugby de mieux protéger ses joueurs et de sensibiliser à ces risques majeurs.









