Quelques heures après la révélation de son amnésie partielle liée à sa carrière rugbystique, Sébastien Chabal s’est confié dans un épisode du podcast Legend publié le 9 avril. Ce témoignage a suscité l’analyse du neurologue Jean-François Chermann, spécialiste des commotions cérébrales dans le sport, qui a souligné l’omniprésence du risque dans toutes les disciplines, y compris le surf.
Les commotions cérébrales dans le sport : un phénomène fréquent et complexe
Jean-François Chermann rappelle avoir suivi plus de 4 000 cas de commotions dans diverses disciplines sportives, avec une prédominance du rugby en raison d’une collaboration approfondie avec les clubs pour mieux recenser et gérer ce type de blessures. Selon lui, le syndrome de l’automate est un symptôme classique : un joueur recevant un choc peut perdre la mémoire immédiate de l’action et oublier son environnement proche.
Les conséquences post-commotion peuvent inclure des troubles cognitifs tels que des difficultés d’attention et de concentration, des symptômes très variables d’un individu à l’autre. La nature protéiforme de la commotion rend chaque cas unique, allant de pertes de conscience à des vertiges, avec une récupération parfois très différente même après plusieurs incidents similaires.
La gestion des commotions : progrès et protocoles au sein du rugby
À l’inverse des pratiques antérieures où près de 50 % des joueurs continuaient à jouer malgré une commotion, aujourd’hui, le protocole impose la sortie immédiate du terrain après un choc suspect. Cette avancée est rendue possible grâce à la présence obligatoire d’un médecin lors des matchs professionnels en Top 14, Pro D2, et internationaux, capable d’avertir l’arbitre et d’examiner le joueur concerné.
Cependant, Jean-François Chermann souligne qu’il reste encore des marges de progrès pour améliorer ce dispositif, même si les avancées depuis 2005 sont très significatives.
Les risques à long terme et la prévention essentielle
Le neurologue évoque également les enjeux liés aux commotions répétées ou sub-commotions, qui pourraient participer au développement de maladies neurodégénératives. Il mentionne des études, notamment en football, qui montrent que même si les joueurs bénéficient d’une meilleure santé cardiovasculaire, ils présentent parfois un risque accru de troubles neurologiques.
Un résultat marquant d’une étude suédoise révèle que les gardiens de but sont moins affectés, suggérant que c’est la répétition des impacts à la tête, notamment les coups de tête, qui constitueraient un facteur de danger majeur.
Prévenir pour protéger
La prévention secondaire est capitale : les joueurs doivent impérativement quitter le terrain dès les premiers signes de commotion pour passer des tests appropriés, ne revenant qu’après un rétablissement complet. Cette démarche fait face à la réticence naturelle des sportifs à interrompre la partie.
Les innovations dans la sécurité sportive et le « carton bleu »
En réponse à ces risques, le rugby a instauré des mesures comme le « carton bleu », qui oblige un joueur à quitter le terrain temporairement pour évaluation médicale. Ce système, déjà appliqué dans cette discipline, pourrait selon Jean-François Chermann être étendu à tous les sports, amateurs compris, afin de maximiser la détection précoce des commotions.
Par ailleurs, la technologie fait son entrée, notamment avec des protège-dents connectés, qui pourraient contribuer à mieux analyser les chocs et prévenir les blessures graves.
Le neurologue insiste sur le fait que le souci des commotions concerne tous les sports, même insoupçonnés comme le surf, confirmant ainsi l’importance d’une vigilance accrue et d’un encadrement médical renforcé.










