Sam Cook est sur le point de devenir le 719e joueur à représenter l’Angleterre en Test cricket, une étape cruciale qui marquera le sommet de sa carrière pour le moment. Ce lanceur d’Essex, remarquable en championnat national, voit son talent enfin reconnu au plus haut niveau.
Un passionné de cricket avec un amour particulier pour Manchester United
Jeudi matin pourrait bien être le jour le plus important dans la carrière de Sam Cook. Malgré cette imminente consécration, le joueur d’Essex garde une autre passion bien vivante : Manchester United. Originaire d’Essex, Cook est un supporter fidèle du club mancunien, malgré les taquineries récurrentes sur son statut de « chasseur de gloire » depuis son plus jeune âge, alors que David Beckham brillait au sommet de sa carrière.
Fan inconditionnel depuis 2002-2003, il suit les matchs aux côtés de son frère Jack, avec qui il partage les trajets jusqu’à Old Trafford quand son emploi du temps de cricket le lui permet. Pour la finale de la Ligue Europa face à Tottenham, il espère même regarder la rencontre avec l’ailier anglais Josh Tongue.
« Je serai sans doute plus nerveux et émotif devant le match de United que pour mon propre cricket », confie-t-il. « Je pense pouvoir rester calme pendant les matchs de cricket, mais le football fait appel à des émotions différentes. Ce n’est probablement pas la meilleure manière de se détendre la veille d’un test, mais j’y passerai quand même. »
Un lent parcours vers la reconnaissance internationale
Avant de découvrir pleinement le cricket, c’est le football qui a d’abord fasciné Cook. Il a grandi avec l’inspiration des Ashes de 2005 et aujourd’hui, à 27 ans, il est prêt à transférer son impressionnante forme en championnat de comté sur la scène internationale.
Au moment de sa sélection, ses 227 wickets en Championship sur cinq ans étaient le plus haut total pour un lanceur rapide, avec un total général de 321 wickets en première classe à une moyenne exceptionnelle de 19,85.
Sa progression a longtemps été freinée par des légendes comme James Anderson et Stuart Broad, ainsi que par une sélection privilégiant des lanceurs plus rapides. L’absence de Chris Woakes a finalement ouvert la porte à Cook, dont le jeu repose sur la précision et le mouvement plus que sur la vitesse pure.
Un parcours familial et un étudiant atypique
Cook a grandi à Writtle Cricket Club avant de rejoindre Chelmsford CC, où il reste actif quand son emploi du temps le permet. Il a fait ses débuts en première classe à l’université de Loughborough, une voie peu commune à une époque où le cricket professionnel est souvent associé à des bourses privées.
Diplômé en histoire et relations internationales, il est reconnu pour sa curiosité intellectuelle et aime échanger sur l’actualité mondiale, que ce soit en Australie, aux États-Unis ou en France.
Un DJ secret et un compagnon à carapace
Parallèlement au cricket, Sam Cook cultive une passion pour la house music et la culture DJ. Durant ses années universitaires entre 2016 et 2018, il s’est même produit en public. Pour l’heure, ses performances musicales se limitent à son domicile, partagé avec son animal de compagnie atypique : la tortue Fred.
« Fred a environ 70 ans, il est mon fierté. Après sa période d’hibernation, il court dans le jardin », raconte Cook. « Les tortues sont parfaites pour les joueurs de cricket : elles demandent peu d’entretien. Un peu de laitue, du concombre, une promenade dans le jardin et voilà, elles sont très heureuses. Si un joueur cherche un animal de compagnie, il devrait prendre une tortue, idéale pour les absences hivernales et les retours à la maison en été. »
Une décision courageuse pour rejoindre l’Angleterre Lions
Malgré plusieurs offres lucratives dans des ligues courtes, Cook a refusé ces propositions pour jouer avec l’Angleterre Lions en Australie, sur la route menant au cricket international. Malgré un bilan d’équipe décevant lors de trois matchs, il s’est illustré en prenant 13 wickets, montrant ses qualités avec la balle Kookaburra en année d’Ashes.
« Je suis content d’avoir fait ce choix, cela a renforcé ma candidature pour l’équipe nationale », souligne-t-il.
Une patience récompensée et un style très particulier
Dans un contexte où la méthode de sélection anglaise a évolué, la montée en équipe de Cook illustre que les performances en championnat de comté restent une voie valable. Il évoque sa frustration passée face à la montée de Josh Hull, tout en gardant une attitude posée et ambitieuse.
« Je voulais juste comprendre ce qu’ils attendaient de moi pour progresser, sans jamais me plaindre », explique-t-il. « Je travaille continuellement pour améliorer ma vitesse et mes compétences, sachant que ceux qui étaient devant moi, comme Jimmy et Broady, ont un niveau supérieur. »
Grâce à sa maîtrise, Cook apporte contrôle et précision indispensable à l’Angleterre. Sur les cinq dernières années, plus de 77 % de ses balles se sont situées sur une bonne longueur, un record parmi les dix meilleurs lanceurs rapides du championnat.
Mick Lewis, ancien coach d’Essex désormais à Yorkshire, souligne :
- « Ce n’est pas tant le mouvement de la balle que l’endroit où elle est délivrée qui compte. »
- « Il place suffisamment de balls dans les zones qui poussent les batteurs à faire des erreurs : mauvais choix ou mauvaise shot. »
- « Sa capacité à tenir la longueur est remarquable. »
Entre cricket et football : un choix difficile
Lorsque le Zimbabwe a disputé un Test en Angleterre il y a 22 ans, c’était marqué par la première apparition de James Anderson, icône des lanceurs anglais à la manière de Cook. Ce dernier se trouve donc face à un dilemme symbolique : préférer un cinq-wickets lors de son premier match ou voir Manchester United soulever la Ligue Europa?
« C’est évident, je choisis le cinq-wickets », s’amuse-t-il. « Si on perd, je dirai que la Ligue Europa n’est pas un trophée important. Mais j’espère pouvoir célébrer les deux. »









