Rugby Féminin : Exigences et Défis en Première Division
Le championnat de première division féminine de rugby, l’Elite 1, présente des défis importants tant sur le terrain qu’en dehors. Les joueuses, majoritairement amatrices, jonglent entre leurs responsabilités professionnelles et leurs entraînements.
Une rencontre intense malgré les contraintes
Le dimanche 6 octobre 2024, un match captivant a opposé l’AC Bobigny 93 Rugby et le FC Grenoble Rugby. Les deux équipes ont offert un spectacle énergique, malgré une pluie fine et un terrain synthétique. La rencontre s’est terminée sur un score de 24-10 en faveur de Bobigny. Toutefois, cette victoire s’est teintée d’un parfum d’inquiétude pour les joueuses, qui devaient penser à leur travail le lendemain, une réalité souvent négligée dans le sport.
Des conditions de jeu contrastées
Les Grenobloises, l’année précédente quart de finalistes, étaient privées de six internationales actuellement en compétition au Canada. Ces joueuses, qu’elles jouent à XV ou à VII, bénéficient d’un statut semi-professionnel, ce qui leur assure un salaire fourni par la fédération. En revanche, pour la majorité des autres, les rémunérations se limitent souvent à des défraiements très modestes. Léo Brissaud, entraîneur de Grenoble, souligne que « le niveau d’exigence attendu ne correspond pas aux conditions de travail fournies ».
Investissements et professionnalisation
Clémence Gueucier, directrice sportive de Bobigny, partage un point de vue similaire. Elle note que, bien que le rugby féminin ne soit pas sur le même marché que le Top 14 masculin, « l’investissement demandé aux joueuses est considéré comme équivalent ». Cela inclut l’analyse des matchs, l’entraînement physique régulier, et un développement individuel constant.
Les défis supplémentaires en dehors du terrain
Les joueuses font face à des défis supplémentaires concernant leur emploi. « Nous avons parfois des joueuses qui ne peuvent pas participer aux matchs car leur employeur ne les libère pas », confie Gueucier. Les budgets des équipes, comme celui de Grenoble qui s’élève à environ 350.000 euros et de Bobigny autour de 400.000 euros, illustrent le manque de ressources. Malgré des avancées en matière de structures et de soutien, le manque de modèle économique durable demeure un frein à la professionnalisation des joueuses.
Mutation du championnat et nouvelles initiatives
Cette saison, la fédération française de rugby a mis en place une nouvelle formule à dix équipes, visant à améliorer la « qualité de jeu » et la « visibilité ». Brigitte Jugla, vice-présidente de la FFR chargée du rugby féminin, évoque également des discussions en cours pour créer une compétition européenne. Actuellement, l’absence de diffuseurs et un public relativement restreint, généralement composé de femmes, pose des défis considérables à la promotion du sport.