Les franchises de l’hémisphère sud ont clos le Rugby Championship pour une nouvelle édition. L’Afrique du Sud a battu l’Argentine à l’Allianz Stadium de Londres, décrochant un deuxième titre consécutif et le premier à réaliser cet exploit dans l’ère moderne du tournoi. Le championnat a tenu ses promesses, avec les quatre nations à deux victoires après les quatre journées initiales. Avant les déplacements vers l’hémisphère nord en novembre, que retenir des performances des quatre nations ?
Les Pumas ont montré des promesses sans parvenir à les convertir pleinement. Argentinos, qui ont terminé derniers pour la première fois depuis 2022, ont obtenu deux victoires en six rencontres, ce qui demeure une déception pour une équipe qui avait battu tous ses adversaires lors de l’édition précédente. Le temps fort fut une première victoire à domicile contre la Nouvelle-Zélande lors de la seconde journée. En revanche, la perte d’un avantage de 14 points face à l’Australie lors de la troisième journée – et leur rétablissement la semaine suivante – restera la source principale de frustration, car une autre victoire les aurait peut‑être maintenus au‑dessus. Le choix d’organiser le dernier match à domicile à l’Allianz Stadium apportera des bénéfices financiers, mais la forte diaspora sud‑africaine de Londres a donné un avantage perceptible aux Springboks. La défaite dans une série de deux tests contre l’Angleterre en juillet a aussi accru la pression. Pour progresser, l’Argentine devra confirmer un style de jeu rapide et attractif et exploiter au mieux les opportunités lors des rendez‑vous de novembre contre le Pays de Galles, l’Écosse et l’Angleterre, afin que 2025 puisse malgré tout devenir une année positive.
Les Wallabies, sous la houlette de Joe Schmidt, affichent une progression notable. Schmidt a repris les Australiens après l’échec de 2023 qui avait privé l’équipe des phases finales de la Coupe du Monde, et l’équipe a montré une amélioration cette saison en terminant troisièmes, grâce à des victoires contre l’Afrique du Sud et l’Argentine. Cette dynamique a renforcé l’espoir de reconquérir la Coupe Bledisloe pour la première fois depuis 2002, alors que les All Blacks arrivaient en fin de compétition après une défaite historique des Springboks. Le mandat de Schmidt s’achève sans leur ouvrir l’accès à la finale, mais il lègue une équipe jeune et prometteuse à Les Kiss, qui prendra les commandes. « Je pense qu’il y a de la progression dans l’équipe et je ne peux pas garantir que ce sera linéaire, mais l’effort sera là, » a-t-il indiqué. Max Jorgensen, 21 ans, et Joseph Suaalii, 22 ans, apportent une capacité de rupture et une énergie déterminante lorsque l’espace se dessine, tandis que les avants Will Skelton et Rob Valetini pourraient peser dans les fixtures d’automne face à l’Angleterre, l’Irlande et la France.
Robertson compte sur Barrett pour diriger le jeu des All Blacks. Avant de prendre les commandes, les Blacks avaient remporté six des sept éditions précédentes du Championship; pour la deuxième année d’affilée, ils s’inclinent face à l’Afrique du Sud. Sur cette saison, Robertson a fait tourner son effectif et a utilisé 43 joueurs, avec des rencontres programmées face aux quatre nations en novembre. Beauden Barrett, 34 ans, a démarré cinq des six matches au poste d’ouverture, alors que le jeune Cam Roigard, 24 ans, semble prêt à s’imposer comme titulaire si la forme et la condition le permettent. Barrett a toutefois été écarté du dernier rendez‑vous du Championship en raison d’une blessure à l’épaule. Robertson poursuit la construction d’une profondeur utile pour la Coupe du Monde 2027, tout en restant compétitif face à l’Argentine, l’Afrique du Sud et l’Australie.
Erasmus développe les talents et poursuit les victoires. Les Springboks ont été élus équipe masculine de l’année lors des World Rugby Awards l’an dernier et, après deux Rugby Championships consécutifs, restent en lice pour bâtir une nouvelle page de leur histoire. Le sélectionneur a utilisé près de 47 joueurs cette saison et a estimé avoir donné des chances à d’autres talents, une approche jugée utile pour préparer l’équipe à long terme. Trois victoires sur les trois premiers matchs ont scellé le titre, avec le jeune Sacha Feinberg‑Mngomezulu, 23 ans, qui a démarré tous les matches et inscrit notamment un record personnel de 37 points contre l’Argentine à Durban. Ethan Hooker, 22 ans, a débuté sur l’aile gauche lors des trois derniers duels et s’est illustré contre la Nouvelle‑Zélande, tandis que Canan Moodie, 23 ans, a démarré au centre extérieur lors des rencontres finales. Avec le titre en jeu, Erasmus a fait confiance à ces jeunes et ils ont répondu présents. L’entraîneur a même rappelé qu’il préférerait gagner la Coupe du Monde plutôt que d’afficher un taux de victoire de 85 %, et il a ajouté que l’objectif était aussi de construire la profondeur de l’effectif pour rester compétitif. La suite s’annonce chargée pour l’automne, les Springboks espérant réintégrer les cadres et préparer des affrontements importants contre la France et l’Irlande.
En somme, le Rugby Championship 2025 a offert une distribution équilibrée entre montée en puissance et constance, avec l’Afrique du Sud conservant son rang de référence et des prétendants qui apprennent à progresser sous pression. Les prochaines échéances automnales et la perspective d’un Mondial à venir laisseront les entraîneurs et les joueurs répondre sur le terrain à ces apprentissages, tout en consolidant des bases pour les compétitions futures.









