Après la polémique sur le tennis féminin à Roland-Garros, Henri Leconte s’exprime franchement : « Ça ne va pas être possible »
Cette année, Roland-Garros a encore captivé l’attention des passionnés de tennis, notamment avec la progression remarquable de la jeune Lois Boisson. En atteignant le dernier carré, la Française de 20 ans devient la première à réaliser cette performance depuis Marion Bartoli en 2011. Originaire de Dijon, elle nourrit de grandes ambitions et espère suivre les traces de Mary Pierce, qui a remporté le trophée parisien il y a tout juste vingt-cinq ans. Son parcours inspire un nouvel espoir pour le tennis féminin français, qui retrouve un peu de sa légende sur la scène internationale.
Du côté des hommes, la situation demeure plus décevante. Aucun joueur français n’a réussi à atteindre la finale de Roland-Garros depuis 1988, ce qui représente une attente de 37 ans pour les supporters. La dernière grande aventure française dans cette compétition remonte à cette époque, avec Henri Leconte, qui avait fait vibrer tout un pays avant de s’incliner en finale. Une blessure encore vive dans la mémoire collective du tennis français.
Henri Leconte : une figure emblématique du tennis français
En 1988, Henri Leconte débarque à Roland-Garros avec de bonnes performances récentes, mais son début de tournoi est difficile. Il doit batailler pendant cinq sets pour éliminer deux adversaires moins bien classés, ce qui lui permet néanmoins de retrouver son rythme. Par la suite, il enchaîne des performances impressionnantes, dominant Horacio de la Peña, puis affrontant Boris Becker dans un duel intense où son jeu offensif fait la différence. Selon Becker, Leconte joue alors « le tennis de sa vie » et décroche une victoire mémorable.
Porté par cette dynamique, il élimine ensuite Andrei Chenoskov en trois sets, puis bat Jonas Svensson en demi-finale. Malheureusement, à l’approche de la finale, tout bascule. La pression et l’émotion prennent le dessus, et il s’effondre face à Mats Wilander, double vainqueur du tournoi. Le début du match est prometteur, mais dès que le Suédois reprend le contrôle, tout s’effondre. Leconte s’incline 7-5, 6-2, 6-1 dans un contexte lourd de tension.
Déçu, il lâche une phrase mal perçue lors de la remise des prix : « J’espère que vous avez un peu compris mon jeu… », ce qui creuse encore le fossé avec un public qu’il sent alors distant. Même si trois ans plus tard, il contribue à la victoire française en Coupe Davis, cette finale reste une blessure profonde. C’est aussi la dernière fois qu’un joueur français atteindra la finale à Roland-Garros, une ironie douloureuse pour une carrière qui aurait pu devenir légendaire.
Le point de vue d’Henri Leconte sur le tennis féminin et la programmation à Roland-Garros
Les matchs en soirée à Roland-Garros font désormais partie du décor, mais cette année, aucune joueuse n’a bénéficié d’une session nocturne, ce qui a provoqué la colère d’Ons Jabeur. Interrogé à ce sujet, Henri Leconte explique que la durée des rencontres explique cette décision. Selon lui, les matchs féminins, joués en deux sets gagnants, peuvent se terminer en moins d’une heure, ce qui pose problème pour la programmation et l’expérience des spectateurs qui ont payé leur place.
Il déclare : « Donc j’ai vraiment du mal à imaginer le public se dire, « Bon, j’ai pris des billets et quarante minutes après, je rentre à la maison. » **Ça ne va pas être possible.** » Pour l’ancien finaliste, une solution serait de revoir le format des matches féminins. Il rappelle qu’entre 1984 et 1998, la finale du Masters féminin se jouait en cinq manches, avec des joueuses comme Steffi Graf ou Monica Seles. Ce modèle, selon lui, offrait un spectacle inoubliable et pourrait être réintroduit pour instaurer une véritable égalité.
Il propose donc d’unifier les règles entre hommes et femmes dans les Grands Chelems : trois sets gagnants pour tous. Une telle réforme permettrait d’accroître la visibilité des grandes affiches féminines en soirée et de renforcer l’égalité dans le tennis professionnel. Il adresse cette suggestion à Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, en lui disant : « Ça peut être sympa. »
Loïs Boisson, la révélation de Roland-Garros
La progression de Loïs Boisson à Roland-Garros impressionne tous les observateurs. Grâce à une wildcard, la jeune Française a créé la surprise en éliminant Mira Grasheva, la numéro 6 mondiale, sur le court Suzanne-Lenglen. Henri Leconte, témoin de cette performance, n’a pas caché son émotion : « J’ai vécu hier quelque chose d’incroyable. Un match extraordinaire de Loïs Boisson… »
Non classée dans le top 100 en arrivant à Paris, Boisson a surpris par son calme, sa précision et son style de jeu basé sur le lift, la variation et la stratégie. Son jeu, qui rappelle celui de Rafael Nadal, témoigne d’une maturité rare pour son âge. Leconte souligne : « Elle a tissé sa toile pour mettre en fin de compte sa proie dedans. »
Ce jeudi 5 juin, à 16h10, sur le court Philippe-Chatrier, Boisson affrontera Coco Gauff en demi-finale. La rencontre s’annonce intense, opposant la puissance de l’Américaine à la précision et à l’intelligence tactique de la Française. Plus qu’un simple duel, c’est une opposition de styles qui promet une ambiance électrique et un rendez-vous incontournable pour le public français, déjà conquis par cette nouvelle étoile montante du tennis tricolore.









