Réunion explosive : les présidents de Ligue 1 critiquent DAZN

Des tensions vives sur la gestion des droits TV

La réunion exceptionnelle entre dirigeants de clubs de Ligue 1 a été marquée par des propos forts et sans filtre. Waldemar Kita, président du FC Nantes, s’est notamment exprimé avec véhémence : « On est en train de nous conduire à un suicide collectif. Voilà ce que je suis en train de te dire. Et personne ne bouge, personne ne bouge. » Il a insisté sur la nécessité urgente d’un plan B sous peine de graves conséquences : « Si on n’a pas de plan B, on est morts. »

Critiques acerbes envers DAZN et son produit

Plusieurs présidents pointent la qualité décevante du produit proposé par DAZN. Jean-Michel Roussier, président du Havre, a dénoncé avec virulence : « DAZN, pourquoi c’est au tribunal ? Parce qu’ils ont fait de la merde depuis le début. Et ils continuent d’en faire. Ils se sont gourés sur leur business plan. Ce sont les seuls au monde qui imaginaient faire 1,5 million d’abonnés avec le produit de daube qu’ils nous livrent. »

Le président de Lille, Olivier Létang, partage ce constat sévère : « La façon de procéder de DAZN est quand même très, très moyenne. Je suis d’accord que l’on ne peut pas garder un partenaire comme celui-là qui a un produit qui est catastrophique. Et donc il faut se préparer… »

La nécessité d’un plan B selon les présidents

Interrogés sur la conduite à tenir, plusieurs dirigeants évoquent la nécessité d’une alternative. Joseph Oughourlian, président du RC Lens, rappelle les alertes lancées dès la signature du contrat : « Lorsque le deal avec DAZN a été signé, un certain nombre de présidents, on s’est tout de suite rendu compte que ce deal ne faisait pas de sens. Et qu’on allait à la catastrophe. […] On avait demandé, dans mon cas supplié, les gens de la LFP de travailler sur un plan B. »

Et il insiste sur l’urgence : « Mais je pense honnêtement, avec ce qui vient de se passer, qu’on est dans le plan B. On est dans le plan B, les amis. Vous voulez attendre quoi, novembre ? Et vous vous retrouverez dans la même situation qu’en juillet dernier. Il faut penser au plan B rapidement. »

Un constat amer sur la gouvernance de la LFP

Le président lensois ne ménage pas non plus la gouvernance de la Ligue, dont il dénonce la gestion : « On parle souvent d’intelligence collective mais dans notre cas, excusez-moi messieurs, on est quand même sur un sacré exemple de bêtise collective. On n’apprend jamais de nos erreurs, c’est frappant, c’est sidérant même. Vous avez bousillé le produit. »

Il souligne que le volume d’abonnés actuel, autour de 400 000 à 500 000, ne valorise même pas les droits à hauteur de 150 à 200 millions d’euros, loin des ambitions initiales de la LFP.

Joseph Oughourlian appelle à la responsabilité de dirigeants comme Vincent Labrune et Jean-Pierre Caillot : « Moi je pense qu’aujourd’hui, le management de la Ligue, Vincent Labrune en particulier, le management du Collège, Jean-Pierre Caillot, ont une responsabilité très importante dans ce putain de désastre qui est le nôtre. Qui me laisse pantois. J’aimerais bien que ces gens-là prennent leurs responsabilités mais c’est beaucoup trop leur demander. »

Il conclut en implorant un travail sérieux autour d’un plan B : « Je vous en supplie, parce que c’est mon fric perso que je mets dans le club, je vous en supplie, travaillez à un plan B avec des gens compétents. »

Une médiation toujours en cours avec DAZN

Pour tenter de désamorcer cette crise majeure, une médiation a été initiée fin février entre la LFP et DAZN. Cette procédure vise à régler les différends liés au paiement des échéances. DAZN avait initialement refusé de verser certaines sommes dues en janvier, ce qui avait mené à plusieurs actions en justice.

Malgré cette médiation et l’acceptation par DAZN de payer l’échéance sous-jacente, les dirigeants restent sceptiques sur la suite à donner et l’avenir du partenariat avec l’opérateur britannique, notamment au regard de la qualité du service rendu et des perspectives d’abonnés réelles.