Quand Barcelone a accepté le prêt de Marcus Rashford cet été, le club catalan espérait relancer un attaquant qui, à son meilleur niveau, figurait parmi les forwards les plus efficaces du monde. À ce stade, le pari semble payer : l’ancien joueur de Manchester United a inscrit cinq buts et délivré six passes décisives toutes compétitions confondues lors des premiers mois de son prêt d’une saison. Barcelone, qui compte deux points de retard sur le Real Madrid avant le Clasico de ce week-end, peut activer l’option d’achat à la fin de la saison et Rashford semble favorable à cette éventualité. Mais comment l’entraîneur Hansi Flick et son staff ont-ils réussi à relancer le joueur ? On analyse comment son rôle et les choix tactiques du Barça se combinent pour tirer le meilleur d’un Rashford qui paraissait perdu la saison dernière à Old Trafford.

Théoriquement, Rashford est un ailier gauche, mais sa fonction est plus fluide. Lors de la première saison de Ten Hag à Manchester United, Rashford a marqué 30 buts et délivré 12 passes décisives en profitant d’un positionnement situé entre l’aile et l’attaquant. Flick a su exploiter cette polyvalence : il peut flâner entre l’aile gauche et l’axe central. Résultat, Rashford se retrouve plus près du but et peut prendre davantage de tirs depuis des positions dangereuses, capitalisant sur sa frappe de classe mondiale. Cette liberté lui permet de décider lors des grands matches. Son superbe tir de l’extérieur de la surface contre Newcastle en Ligue des Champions est venu alors qu’il s’était déplacé vers l’axe — en fait plus près de la droite — à partir de son poste d’ailier gauche.

Le mouvement sans ballon du latéral lorsque Rashford se déplace vers l’axe laisse le flanc libre et permet au latéral gauche de monter davantage. Alejandro Balde, capable de monter et de centrer, et Gerard Martin, l’autre arrière gauche, s’harmonisent déjà pour multiplier les centres et les actions offensives. Cette association sur le flanc gauche est l’une des forces du Barça cette saison et elle s’appuie sur le rapprochement du joueur dans l’axe, ce qui libère le flanc pour les latéraux.

Le déplacement sans ballon du latéral aide Rashford à couper vers l’intérieur et à occuper des positions dangereuses, tout en offrant des possibilités de passes en profondeur à destination du latéral. Les équipes redoutent la menace centrale de Rashford et peuvent laisser le flanc exposé, car elles surinvestissent dans la défense du cœur du terrain. En duel isolé, Rashford peut exploiter sa vitesse pour prendre le dessus sur son adversaire et il a souvent suivi la ligne avant de centrer dans la zone.
La part humaine du travail d’entraîneur compte autant que les systèmes et les rôles. Rashford semble s’épanouir lorsque la confiance est là : il n’aurait peut-être pas tenté ce tir à longue distance contre Newcastle s’il n’avait pas déjà trouvé son rythme dans le match. Il paraît avoir retrouvé une confiance générale, aidé par Flick qui l’a aligné lors des six derniers matchs, essentiellement dans la même position. Cette régularité semble l’aider à retrouver son tempo, et ses performances sur les corners ont été suffisantes pour gagner la confiance du Barça sur ses centres : ses coups de pied arrêtés ont gonflé ses statistiques de création et d’assists, ce qui influence la perception des fans et des observateurs sur son début d’aventure en Espagne.
Une tendance semble se dessiner chez d’anciens joueurs de Manchester United qui réussissent après un changement d’air. Certains pensent que la Premier League reste la compétition la plus relevée, d’autres estiment que les nouveaux clubs et entraîneurs tirent parti des forces d’un joueur tout en masquant ses faiblesses. La qualité d’un joueur qui traverse une période difficile ne s’efface pas vraiment sans blessures, sans âge ou sans soucis extra-sportifs ; lorsqu’un joueur qui a impressionné retrouve un rôle plus adapté dans un cadre qui le valorise, il retrouve en grande partie son niveau initial — et Rashford semble être le dernier exemple.









