La qualification de l’Angleterre pour la Coupe du Monde est assurée après la victoire à Riga face à la Lettonie mardi, ce qui permet à Thomas Tuchel de finaliser ses plans avant le départ pour le tournoi organisé au Canada, au Mexique et aux États‑Unis. La campagne de qualification a été sans faille, mais elle n’éteint pas la bataille interne pour les places. La concurrence va rester forte dans les mois à venir et certains devront accepter des déceptions. Quels joueurs ont encore quelque chose à prouver à Tuchel avant le Mondial ?

Jude Bellingham est largement perçu comme un pilier du groupe pour le Mondial, mais son statut n’est pas forcément garanti sans conditions. Le milieu du Real Madrid a été écarté lors de la dernière sélection malgré avoir exprimé le souhait d’être retenu, et le récit autour de l’esprit d’équipe et de la concurrence autour du rôle de numéro 10 animé le débat. Les prochains rassemblements, qui restent des matchs sans enjeu officiel, donneront une indication claire sur sa capacité à revenir dans le plan sans privilèges et sur sa faculté à s’intégrer dans l’esprit d’équipe que prône Tuchel. L’enjeu est désormais de démontrer qu’il peut contribuer à l’équipe au-delà de son talent individuel et mériter sa place comme tout autre joueur.
Cole Palmer a connu une trajectoire contrastée avec l’équipe d’Angleterre: des éclairs de génie qui ont nourri l’espoir, mais aussi des passages moins convaincants qui ont laissé certains supporters sur leur faim. Son problème actuel est une blessure à l’aine qui persiste, ce qui peut retarder sa progression. À ce stade, c’est sa capacité à enchaîner des prestations régulières qui pourrait convaincre Tuchel d’inscrire le Chelsea dans une rotation dense. Palmer n’a encore disputé que 64 minutes sous Tuchel, et il devra réaliser une série de performances remarquables pour forcer son retour dans les plans.

Il est peu probable qu’il occupe le rôle de numéro 10 avec Morgan Rogers en possession de cette position et Bellingham en réserve, et son rôle sur les ailes apparaît également comme moins favorable à Palmer. Pour s’imposer, il devra prouver qu’il peut performer en dehors de son poste préféré et trouver une place dans un milieu où la concurrence est féroce. Sans temporisation, Palmer devra démontrer une constance qui manque parfois et saisir sa chance lorsque l’occasion se présentera.
Phil Foden, l’attaquant de Manchester City âgé de 25 ans, a été écarté des deux derniers rassemblements avec Tuchel et repris en centre ou sur les ailes. Sa reprise est prometteuse et il nourrit l’espoir de jouer un rôle déterminant au Mondial. Foden était déjà un élément central dans les plans de Gareth Southgate jusqu’à Euro 2024, mais l’association avec Bellingham n’a pas toujours été fluide et l’ancien joueur de City a souvent évolué sur le côté gauche plutôt qu’en milieu central, ce qui n’a pas facilité sa réintégration. Rien ne peut exclure sa qualification, mais il doit continuer à impressionner pour regagner une place régulière dans le XI.

Ceux qui l’accompagnent dans la lutte pour les postes offensifs restent nombreux, notamment sur les côtés où Anthony Gordon et Marcus Rashford se disputent des places à gauche, et où Bukayo Saka et Noni Madueke se battent sur le flanc droit. Dans cet environnement, Palmer devra produire une série de performances convaincantes pour reprendre sa place dans les plans de Tuchel.
Phil Foden, malgré tout, demeure une option à haut rendement dont le retour à un niveau constant est attendu pour rééquilibrer l’attaque. Sa polyvalence est un atout, capable d’évoluer aussi bien au centre que sur les ailes, et il est encore loin d’être exclu du futur projet mondialiste tant qu’il répond sur le terrain. Le défi pour lui est de s’imposer durablement dans une ligne d’attaque saturée et compétitive. Son chemin demeure ouvert, mais il faut continuer à démontrer son excellence pour valider une place dans le groupe final.
Trent Alexander-Arnold, lui, voit ses perspectives de Mondial fragilisées par son début de parcours avec le Real Madrid et par des réserves exprimées sur son profil défensif. Après avoir été utilisé différemment puis écarté dans les dernières rencontres, Tuchel semble privilégier d’autres options à droite. Avec Reece James, blessé ou en manque de forme, l’entraîneur garde un œil attentif sur le développement de l’Anglais, qui doit désormais prouver qu’il peut allier solidité défensive et contribution offensive pour revenir dans les favoris. Le chemin reste ardu et dépendra largement de ses performances en club dans les mois à venir.

Jack Grealish, quant à lui, a connu une renaissance sportive depuis son prêt à Everton mais Tuchel a choisi pour l’heure de ne pas rappeler le milieu offensif. Le sélectionneur demeure un admirateur de Grealish, mais il est difficile d’imaginer où l’international pourrait trouver sa place sans que cela déplace d’autres titulaires. Grealish peut s’inscrire dans les plans comme ailier ou comme numéro 10, mais il devra prouver une régularité soutenue et augmenter son volume de matches de haut niveau pour prétendre à une place en phase finale.
Adam Wharton est lui aussi un joueur qui impressionne en club, notamment avec Crystal Palace où il a longtemps brillé contre des adversaires de premier plan et a pris part à des victoires significatives. Sa progression internationale n’a pas suivi le même rythme et il n’a pas encore obtenu sa première minute sous Tuchel. L’Anglais demeure en lice, mais doit démontrer qu’il peut fournir des prestations constantes et s’imposer durablement dans le groupe.

Marcus Rashford est en quête d’un retour durable au premier plan après un passage compliqué à Manchester United et son étape à Barcelone. Avant le match contre la Lettonie, Tuchel a rappelé que le talent seul ne suffit pas: il faut prouver ses capacités tant au club qu’en sélection nationale. Le chemin du retour dans le cycle des grands rassemblements dépendra de sa constance à Barcelone et de sa capacité à répondre aux exigences du sélectionneur. Rashford sait que sa place n’est pas assurée et qu’il faut continuer à performer à un haut niveau pour rester dans le plan mondial.
Myles Lewis-Skelly a été le visage le plus prometteur de l’ère Tuchel en termes de latéral gauche, devenant le plus jeune buteur anglais sur ses débuts seniors à 18 ans et 176 jours. Cependant, le club, Arsenal, a aussi fait venir Riccardo Calafiori, qui a pris des minutes et contesté sa progression à haut niveau. Lewis-Skelly est toujours dans le calcul, mais Tuchel a déjà laissé entendre que son temps de jeu doit augmenter pour ne pas devenir un problème à long terme. En Riga, le jeune Espoir a été aligné, mais le chemin vers une place régulière demeure semé d’embûches liées à la concurrence et au niveau de performance attendu au plus haut niveau.

Jordan Henderson, grande figure appréciée de Tuchel, a été intégré dès le début du mandat et sera âgé de 36 ans lors du Mondial, qui se disputera dans des conditions éprouvantes en Amérique du Nord. Son influence autour du camp est incontestable, mais il lui faudra aussi se montrer sur le terrain pour rester dans la rotation, car il n’y a pas de place pour les figures non-actives dans un tournoi majeur. L’avenir de l’ancien capitaine anglais dépendra désormais de ses performances régulières en club et de sa capacité à être un élément fiable en dehors des rôles purement stratégiques.
Morgan Gibbs-White demeure un talent convoité par Tuchel et a déjà connu quatre sélections, preuve d’une confiance certaine du coach. Le problème pour lui est la concurrence féroce dans les secteurs qu’il privilégie, notamment avec Bellingham, Palmer et Foden, et l’émergence d’Aston Villa’s Rogers qui produit des prestations de haut niveau. Ce n’est pas une remise en cause de ses qualités, mais il s’agit d’un choix complexe sur fond de postes limités et de rotation possible selon les formes du moment. Gibbs-White peut intégrer le groupe en fonction de sa constance et de son adaptation au cadre international, mais son avenir dépendra de ses performances à Forest et des besoins du sélectionneur.
Qui d’autre doit encore faire bonne impression? Le remplaçant potentiel du capitaine Harry Kane demeure une énigme et les options au‑delà d’Ollie Watkins restent maigres, avec Solanke et Delap touchés par des blessures. Eberechi Eze offre polyvalence et style différent, ce qui peut renforcer la profondeur offensive, tandis que Dan Burn peut, en cas de nécessité, apporter des solutions en défense centrale et sur le flanc gauche. James Trafford n’a pas abandonné ses ambitions: l’ancien portier de Burnley a connu des changements d’effectif et la concurrence avec Gianluigi Donnarumma est un élément déterminant. Declan Rice a insisté sur le fait que chaque sélection est une occasion de saisir sa place et que l’équipe doit intégrer le maximum de talents avant le Mondial afin d’être prête à relever tous les défis des prochains mois.










