À l’été dernier, Ilian Perraux, 33 ans, a mis fin à sa carrière après sept années passées à Biarritz, marquées par 18 commotions recensées. Son témoignage vise à éclairer les conséquences invisibles qui persistent et les raisons qui l’ont conduit à raccrocher les crampons. Il espère que son récit sera entendu par les joueurs encore en activité et par leurs proches confrontés à ces risques.
Dans cet échange, Perraux revient sur le chemin qui l’a mené à arrêter et sur les symptômes qui ont précipité sa décision, tout en insistant sur l’importance d’écouter son corps et d’échanger autour de ces problématiques au sein du monde du sport.
Le tournant : la commotion de trop et les choix médicaux
La décision est intervenue après une énième commotion survenue en mars contre Brive. Rapidement, les symptômes sont devenus trop importants et le passé médical pesait dans la balance. Des premiers rendez-vous avec le neurologue s’étaient montrés négatifs, ce qui a conduit le joueur, avec le club et sa famille, à choisir l’arrêt.
Perraux explique qu’il a été suivi de près par un neurologue référent et par un médecin de Bayonne. Lorsque les symptômes persistaient, arrêter devenait, selon lui, la meilleure option pour préserver sa santé. La médecine du travail a validé sa perte de licence, l’empêchant de pratiquer le rugby avec contact.
Le chiffre de 18 commotions en sept ans à Biarritz fut vécu comme une réalité problématique par le club et par lui-même. On a tenté de prendre des décisions en fonction des symptômes, qui, pour la plupart, perdurent encore aujourd’hui. L’arrêt a été perçu comme une mesure sage pour éviter d’aggraver sa santé.
Le sujet des commotions est devenu central dans son récit: le message n’est pas de se présenter comme victime, mais d’alerter sur les effets après-coup et d’encourager une écoute active et une prévention plus poussée chez les joueurs encore en activité.
Des séquelles qui persistent et le quotidien après
Les symptômes évoqués par Perraux sont nombreux: maux de tête, irritabilité, sensibilité accrue à la lumière et au bruit. S’ils sont fréquents chez les joueurs concernés, ils restent pour lui des éléments qui nuisent à la vie quotidienne et à la vie post-carrière. Le joueur insiste sur l’importance de témoigner pour que les autres prennent conscience des risques et s’écoutent davantage.
Depuis l’arrêt, le sommeil demeure problématique et les séquelles entravent une vie saine et posée. Le quotidien de la famille est aussi bouleversé, car le comportement peut changer et nécessiter une adaptation constante. Perraux affirme qu’il faut poursuivre les démarches pour trouver des solutions et alléger ces impacts sur l’entourage et sur lui-même.
Selon lui, après le rugby, les activités physiques habituelles ne suffisent pas lorsque le cerveau est affecté. Il préfère aujourd’hui travailler sur son équilibre mental et médical pour construire l’avant et l’après-sport.
Quelles démarches pour aller mieux ?
Le chemin vers le mieux-être passe par des professionnels de santé variés. Perraux évoque l’aide de psychologues et de psychiatres, ainsi que le travail des orthophonistes pour des exercices axés sur la mémoire et la concentration. Il prévoit de s’inscrire dans un parcours adapté et de prendre le temps nécessaire pour progresser, afin de retrouver une meilleure qualité de vie.
En évoquant les signes observés par sa compagne et ses proches, il rappelle que la fonction cérébrale peut évoluer différemment d’un joueur à l’autre et qu’il faut savoir demander de l’aide et s’entourer pour avancer.
Le dernier match et l’arrêt annoncé
Le dernier match de sa carrière a eu lieu face à Brive en février dernier. Suite à un choc apparemment anodin, Perraux a quitté la pelouse au bout de dix minutes après une perte de connaissance. En visionnant les images, il a reconnu la réalité de la commotion, mais l’acceptation a été longue, même s’il admet que c’était nécessaire pour préserver sa santé et celle de sa famille.
Il peut désormais regarder son arrêt comme une réalité devenue inévitable dans le contexte du rugby moderne. Le club, et notamment le BO, ont exprimé leur respect et leur soutien, un cadre dans lequel Perraux a choisi d’entamer une reconversion.

Une nouvelle vie au BO
La transition vers l’après-carrière passe par un poste de team manager du BO, qui lui permet d’être directement impliqué dans l’encadrement et l’organisation de l’équipe première. Ses missions incluent les relations entre les joueurs et la direction, la gestion de la communication, des partenariats et des aspects logistiques du quotidien, tout en veillant à apporter un soutien aux familles des joueurs. Il se décrit comme l’homme à tout faire, avec l’objectif de favoriser un climat favorable au sein du groupe.
Il précise que le rôle exige une concentration soutenue et qu’il doit rester attentif à l’équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle afin d’éviter les risques liés au passé des commotions. Il ne veut pas devenir un « cas référent commotion », mais plutôt partager son expérience pour sensibiliser et aider ses anciens coéquipiers et d’autres joueurs à adopter une conduite prudente et réfléchie face aux traumatismes crâniens.
En revenant sur sa carrière, Perraux souligne les moments forts et les rebondissements, et affirme son attachement au BO et à la région. Il espère pouvoir continuer à contribuer durablement au club et à y rester, afin d’apporter ce qu’il a reçu en retour en tant que joueur, et être présent pour sa famille et ses proches.
Regarder vers l’avenir
Aujourd’hui, Perraux résume son parcours par une volonté de progresser sans céder au doute. Il affirme que le chemin vers la sérénité passe par le soin du cerveau et par la construction d’un quotidien équilibré, tant sur le plan personnel que professionnel. Il garde une certaine prudence quant à l’évolution, mais affirme vouloir s’accrocher et continuer à se battre pour une meilleure qualité de vie et pour pouvoir accompagner sa famille dans ce nouveau chapitre.
Sa réflexion se clôt sur une reconnaissance de l’importance du soutien familial et sur l’envie de s’inscrire durablement dans le club et la région. Si le passé a été difficile, il préfère regarder vers l’avenir avec prudence et détermination, en continuant d’œuvrer pour le bien-être des joueurs et des proches qui l’entourent.









