Pauline Ferrand-Prévôt est revenue de loin le 27 septembre 2014 lors du Mondial sur route féminin disputé à Ponferrada, en Espagne. À 22 ans, elle arrivait comme leader de l’équipe de France, fort de ses résultats marquants cette année-là: victoire sur la Flèche wallonne, une deuxième place au Giro et le titre de championne de France. L’édition espagnole s’annonçait comme un vrai défi, d’autant que la non-sélection d Edwige Pitel au profit de coureuses au profil différent avait alimenté quelques tensions, et Ferrand-Prévôt avait chuté lors du contre-la-montre par équipes une semaine plus tôt.
« On arrivait sur un climat un peu difficile avec une leader qui venait de s’esquinter un petit peu », se rappelle Sandrine Guirronnet, ancienne sélectionneuse nationale. « Il a fallu trouver en interne une cohésion d’équipe pour surmonter tout cela. Elles ont vraiment réussi à travailler dans ce sens-là tout au long de la semaine. »
Un titre mondial comme point de départ d’une série dorée
Le jour J sera l’histoire d’un retour spectaculaire et d’une maîtrise tactique. Dans l’ultime ascension, à 4 km de l’arrivée, la Britannique Lizzie Deignan (aujourd’hui retraitée depuis juillet 2025), la Néerlandaise Marianne Vos, l’Italienne Elisa Longo Borghini et la Suédoise Emma Johansson prennent quelques mètres d’avance sur la Française. À la flamme rouge, ce quartet conserve douze secondes d’avance, mais le peloton, guidé par un train allemand, revient à toute vitesse dirigé par Lisa Brennauer.
« La connaissance tactique du cyclisme de Pauline a vraiment parlé sur ces derniers mètres », insiste Sandrine Guirronnet. « Elle savait aussi que Marianne Vos était un bon poisson-pilote, malgré elle, à ce moment-là. Et la connaissance du jeu collectif a vraiment fait la différence sur ce final. Mais de là à gagner le sprint au regard des personnes présentes… on n’aurait peut-être pas misé sur elle en priorité. »

Ce titre à Ponferrada — le premier pour le cyclisme féminin français sur la course en ligne depuis Jeannie Longo en 1995 — ouvrait une série de succès. Ferrand-Prévôt allait conquérir le titre mondial de cyclo-cross l’hiver suivant et celui de VTT cross-country la saison suivante, faisant d’elle la seule au monde à dominer en même temps les trois disciplines majeures du cyclisme.









