Paru dans le numéro de novembre de Vélo Magazine, le dossier consacré à Paul Seixas met en lumière les enjeux qui entourent le jeune coureur et la question centrale: fera-t-il le Tour de France dès l’an prochain et dans quel cadre pourrait-il l’aborder ? Le récit rappelle que Seixas a bouclé une année marquante et que les regards se tournent désormais vers une éventuelle participation au Tour 2026.

À 19 ans, Seixas a bouclé sa saison avec un mélange d’abnégation et d’assurance, comme si les vacances étaient déjà derrière lui. Son dernier jour de cours symbolise ce passage du monde amateur à celui des pros: il vient de terminer le Tour Lombardie, son premier Monument, en 6 heures environ et en 7e place, à quelques longueurs du top 5.
Le bilan s’étoffe: lors des Championnats d’Europe disputés le 5 octobre en Drôme-Ardèche, Seixas a pris la 3e place, partageant le podium avec Remco Evenepoel et Tadej Pogacar. Trois rendez-vous où le jeune Français a été le meilleur représentant de son pays et a confirmé son statut de phénomène précoce selon plusieurs observateurs. Peu après, il s’est hissé à la 13e place des Mondiaux de Kigali, dans des conditions réputées parmi les plus éprouvantes de l’histoire. Dans chacun de ces rendez-vous, Seixas a été le Français le mieux classé.

Des éloges et des comparaisons ne manquent pas: « Depuis Pogacar et Evenepoel, on n’a pas vu un tel phénomène », rapprochement que certains médias ont évoqué en lien avec les prestations précoces du jeune Français. Thibaut Pinot, cité dans L’Equipe, voit d’ailleurs dans ce jeune prodige une potentialité proche des deux grands les plus précoces de leur génération.
Le débat autour de son Tour prochain a pris de l’épaisseur lorsque l’entourage de Seixas a laissé entendre que les possibilités ne seraient pas écartées. En juillet, Dominique Serieys, directeur général de Decathlon-AG2R La Mondiale, se disait favorable à sa présence sur le Tour 2026 et, le 13 octobre, Seixas lui-même confiait: « Le rêve, c’est de faire le Tour de France. Mais le rêve et la réalité, il faut rester mesuré. Quand on prépare une saison, il faut que ce soit intelligent, pertinent. On n’a pas encore décidé si je ferais le Tour en 2026. »
Le débat, dans le microcosme cycliste français, s’est alors organisé en deux camps: les partisans d’un parcours rapide vers le Tour et ceux qui préconisent une maturation progressive. Bernard Hinault, interrogé par L’Equipe, invitait même à ouvrir une autre voie, suggérant que Giro ou Vuelta pourraient être des étapes plus adaptées en premier échelon. Thomas Voeckler, lui, tempérait en expliquant qu’on ne doit pas tout mettre sur le même plan et qu’il faudrait veiller à préserver la dynamique du jeune coureur.

À l’heure où les perspectives s’ouvrent, le staff technique rappelle que l’adaptation est clé: selon Jean-Baptiste Quiclet, directeur de la performance, « tous les scénarios restent possibles », et la décision dépendra aussi de la manière dont le calendrier mondial autorisera des courses d’apprentissage d’une semaine avant le grand rendez-vous. Deux visions s’opposent: l’option « projet Lenny Martinez », qui prône un Tour en électron libre pour apprendre rapidement, et l’autre qui préfère bâtir une régularité et une concentration quotidiennes, étape par étape, pour viser un vrai leadership dans un Grand Tour.
« Peu importe ce qu’il choisit, tous les regards seront braqués sur lui », résume Quiclet. Cette attention est l’un des enjeux majeurs pour l’équipe, qui sait qu’un départ sur le Tour en 2026 serait un record et qu’il pourrait, selon certaines projections, devenir le plus jeune participant depuis 1937. Le calcul est précis: Seixas aurait 19 ans, 9 mois et 10 jours lors du départ à Barcelone le 4 juillet prochain. Le record actuel appartenant à Danny van Poppel, et la comparaison avec Pinot dans les années 2010 rappelle que les jeunes talents peuvent faire briller une équipe sur le Tour, à condition d’être protégés et bien guidés par leur staff.
Dans l’optique du calendrier, la route du Tour 2026 paraît exigeante mais accessible pour Seixas: les Pyrénées en première semaine, les Alpes en troisième, et une étape reine située la veille de l’arrivée. Si le prodige était présent à Barcelone l’été prochain, les observateurs s’accordent à dire que la force de récupération et la gestion de la charge de travail seront des éléments déterminants pour permettre à Seixas de tirer son épingle du jeu, que ce soit pour un podium général ou une victoire d’étape en échappée.
Avant de connaître son programme exact, le doute persiste; mais l’éventualité ne semble plus relever du simple rêve. En interne, le staff et les partenaires suivent avec attention l’évolution du coureur: la date du 11 décembre, lors de la présentation officielle de l’équipe pour la saison, pourrait apporter des confirmations ou des réorientations concernant le Tour 2026. Quoi qu’il arrive, ce qui est sûr, c’est que Paul Seixas attire et divisionne déjà les opinions autour d’une trajectoire qui pourrait écrire les premières pages d’un récit prometteur dans le sport national.









