Paul de Saint Sernin revient sur une aventure inattendue et surprenante: la Coupe du Monde des Créateurs, une compétition improvisée mêlant football et influenceurs, où l’ambiance et l’authenticité ont pris le pas sur les codes habituels du sport médiatisé. Dans ce récit, l’humoriste-francophone raconte comment il en est venu à représenter la France et ce que ce format dit des nouvelles dynamiques entre médias et création de contenu.
Une sélection bâtie autour du terrain et des réseaux
La sélection s’est faite par le biais d’un message envoyé par Vicos, connu pour son engagement dans l’univers des créateurs et de Pitch Addict. Avec Tibs, ils ont organisé l’aspect pratique de la sélection. Après avoir déjà tourné des vidéos ensemble, ils connaissaient son état d’esprit et son amour pour le football. Les critères inscrits étaient simples: disposer d’au moins 500 000 abonnés et démontrer un niveau correct sur le terrain. Avant ce SMS, je ne savais même pas que la compétition existait, mais j’étais immensément fier de représenter la France et j’ai même réorganisé certains rendez-vous pros pour être disponible.
Le récit souligne aussi que certaines rencontres et échanges ont pris des accents bien réels: contre l’Argentine, par exemple, l’adversaire a été décrit avec des détails marquants, mêlant éléments visuels et attitude sur le terrain, comme la présence des vélos, des coiffures et des gestes ritualisés qui donnent au match une couleur ethnographique amusante et identitaire.
Sur place: l’expérience et les styles des sélections
Sur le terrain, l’expérience ressemblait à celle d’un sport de haut niveau: hôtel, séances d’échauffement, et même l’hymne national avant les rencontres. Chaque sélection avait son identité: des Chiliens très physiques et spontanés, des Argentins trépidants et accusant le coup des fautes avec un sens du drame dans les fautes simulées pour obtenir une touche, et des Français plus axés sur la décontraction et l’humour. Les Anglais, eux, privilégiaient un jeu plus direct, avec des passes franches, des centres et des titres de tête bien travaillés. Cette diversité mettait en évidence une forme de “culture footballistique” propre à chaque nation, même au sein d’un cadre de créateurs de contenus.
Le duel contre l’Argentine restait particulièrement marquant, avec l’image des joueurs et de leurs gestes identitaires qui ajoutent une couleur locale au récit collectif.
Préparation et philosophie du groupe
Contrairement à d’autres équipes qui s’entraînaient depuis des mois, la préparation a été décrite comme « à l’arrache ». Pourtant, Vicos et Tibs ont sagement composé un groupe capable de vivre ensemble pendant dix jours loin du pays: des coéquipiers qui savent jouer, pas seulement des créateurs connus. Le point clé réside dans l’équilibre du groupe: une tension ou un malaise entre deux joueurs peut tout compromettre. Dans le cadre de cette aventure, plusieurs noms se distinguaient comme coachs et mentors, parmi lesquels Mamadou Sakho, Vinsky, Today Its Football, Sisinho et Nico Colombien, apportant une dimension technique et un regard différent sur le jeu et les contenus produits.
Cette approche montre aussi une différence fondamentale entre créateur de contenus et journaliste: le premier cherche des formats attractifs et divertissants, le second délivre une information neutre et vérifiable, souvent sous la supervision d’un rédacteur en chef. Après les séances d’entraînement, chacun sortait son téléphone pour des mini-défis et formats variés, reflétant une culture de l’instant et du partage immédiat sur les réseaux.
Créateurs de contenus vs médias traditionnels
Pour Paul, l’émergence des créateurs ne constitue pas une menace pour les médias traditionnels, mais une évolution du paysage. Le créateur peut proposer des formats plus spontanés et audacieux, tout en laissant au journalisme sa place pour les sujets nécessitant rigueur et véracité. Il voit même des avantages : l’ouverture à des idées nouvelles, la capacité à sortir des cadres et à surprendre le public. Cependant, il souligne l’importance du reportage sérieux et de l’indépendance journalistique, évoquant notamment des affaires sensibles qui exigent des faits fiables et une carte de presse.
À titre personnel, il estime que ces nouveaux modes de production ne remplacent pas le journalisme, mais proposent des complémentarités: le divertissement et l’analyse peuvent cohabiter sans se substituer mutuellement, chacun apportant une valeur ajoutée différente au paysage médiatique.
Un souvenir marquant et l’esprit du ballon
Un souvenir qui résonne au-delà du terrain: être arrivé une journée seulement après les autres en raison de tournages, et découvrir des coéquipiers plus jeunes. Parmi eux, Ediney, 18 ans, avec qui le lien s’est créé rapidement malgré des parcours et des vies distinctes. Cette dynamique illustre parfaitement l’idée que le ballon peut rapprocher des mondes différents. Le récit insiste sur le pouvoir du football d’apprivoiser les distances et de créer des liens inattendus, renforçant l’idée que le sport peut être une passerelle entre générations et univers sociaux.
Au final, cette Coupe du Monde des Créateurs a laissé Paul de Saint Sernin avec une vision claire: le football est plus qu’un jeu, c’est un lien social, une scène où humour, culture et performance peuvent coexister et enrichir les échanges autour du sport et des contenus qui l’entourent.









