Ce week-end marque l’entrée dans l’Enfer du Nord avec la traditionnelle double programmation : l’édition féminine samedi suivie par la course masculine dimanche. À cette occasion, Esprit Sport donne la parole à ceux qui incarnent l’âme de cette classique mythique. Nous avons rencontré Pascal Sergent, historien passionné et président des Amis de Paris-Roubaix, pour plonger au cœur de l’histoire et de la richesse de cette course légendaire.
Un passionné au cœur de la reine des Classiques
Pascal Sergent, 67 ans, a pris la tête des Amis de Paris-Roubaix cette année. Il confie que, pour lui, « Paris-Roubaix, c’est tous les jours ». Sa maison est un véritable sanctuaire dédié à la course : plus de 1 500 maillots, vélos et photographies constituent une collection impressionnante accumulée sur plus d’un demi-siècle.
Rencontré dans le local de l’association, Pascal tenait entre ses mains un trésor : le fameux pavé qui sera offert dimanche au vainqueur. Pesant près de 12 kilos, ce pavé monté sur socle en marbre symbolise à lui seul l’esprit de la course. « Mon père m’avait emmené à l’arrivée de Paris-Roubaix en 1966, j’avais huit ans », se remémore-t-il. « Je suis tombé dans la marmite et je ne suis jamais ressorti ! »
Un amour pour Paris-Roubaix ancré dans l’histoire locale
« Étant Roubaisien et passionné d’histoire, je devais forcément un jour m’intéresser à Paris-Roubaix », explique Pascal Sergent. « Je vis Paris-Roubaix, je vis avec Paris-Roubaix. Les maillots, les trophées, les journaux, les photos, c’est ma vie. Cette collection s’étend sur plus de cinquante ans. C’est envahissant, certes, mais c’est aussi ma passion. »
Paris-Roubaix, une fierté régionale reconnue mondialement
« Le Nord est une terre de gens robustes qui n’ont jamais reculé devant le travail dur, que ce soit dans les usines textiles ou dans les mines », remarque Pascal Sergent. « Le vainqueur de Paris-Roubaix, qui triomphe des difficultés des pavés et des éléments, incarne un peu cet esprit. Roubaix a connu son apogée dès le début du XXe siècle grâce à l’industrie textile, l’une des plus importantes au monde à l’époque. Aujourd’hui, ce que nous avons à « vendre », c’est Paris-Roubaix. »
« Longtemps, on a parlé d’enfer du Nord à cause des pavés et de la météo souvent rude, mais Paris-Roubaix a permis de mettre en lumière d’autres facettes de notre région. C’est une course exceptionnelle qui dépasse largement le cadre du cyclisme. L’écho de Paris-Roubaix se fait entendre à travers le monde, au Japon, aux États-Unis ou en Australie. »
Un musée Paris-Roubaix bientôt une réalité
Un projet de musée dédié à Paris-Roubaix est en bonne voie. Contrairement à ce qui existe déjà en Belgique pour le Tour des Flandres, Paris-Roubaix ne disposait pas encore d’un lieu officiel pour célébrer son histoire. « Aujourd’hui, c’est sur de bons rails », assure Pascal Sergent, soulignant la volonté affirmée par Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille.
Pour Pascal Sergent, le musée devrait rassembler maillots des vainqueurs, photos, articles de presse retraçant l’histoire centenaire de la course, mais aussi proposer des animations interactives. « Pour attirer un public plus jeune, il faudrait des simulateurs de vélo sur les pavés, afin de faire ressentir aux enfants la difficulté de pédaler sur ces surfaces spécifiques. »
Ce musée est annoncé pour l’année 2029, promettant de devenir un haut lieu de la mémoire et de la transmission autour de Paris-Roubaix.










