L’Olympique de Marseille, club mythique du football français, souffle ses 125 bougies en incarnant bien plus qu’une simple histoire sportive. Cette longévité témoigne d’un lien viscéral entre le club et la cité phocéenne, une symbiose qui dépasse largement les seuls enjeux du terrain.
Un club ancré profondément dans la ville de Marseille
Peu de clubs en France possèdent une telle identité locale, où l’attachement mutuel entre l’équipe et ses supporters transcende les divergences politiques et sociales. Le drapeau de l’OM unit les Marseillais, effaçant les clivages, même dans un contexte marqué par la montée de tendances politiques extrêmes. L’Olympique de Marseille pèse ainsi sur le plan politique local, une particularité rare au regard du paysage hexagonal.
Depuis plus d’un siècle, le club reflète la diversité de sa ville, construite par des vagues d’immigration italienne, arménienne, algérienne, parmi d’autres. Ces influences ont enrichi aussi bien l’effectif que les tribunes. Outre le terrain, cet impact culturel s’étend jusque dans la musique, avec des figures emblématiques du rap marseillais telles qu’IAM ou Jul, ce dernier étant un ancien pensionnaire du centre de formation à la Commanderie.
La rivalité historique avec Paris demeure un élément fondamental dans l’ADN de l’OM : elle incarne le conflit entre la périphérie et le pouvoir centralisateur, se traduisant dans des duels sportifs intenses et une rivalité populaire enracinée.
L’OM : une histoire qui dépasse Marseille
La célébration des 125 ans réunira des légendes du club, de celles du doublé glorieux des années 1970 aux héros des succès plus récents. Des figures comme Robert Pirès, Samir Nasri, Didier Drogba, Djibril Cissé ou Josip Skoblar illustrent ce panthéon. Mais l’histoire de l’OM ne s’arrête pas à la ville : elle s’inscrit dans la grande épopée du football français, marquée par des moments de gloire, d’innovations et aussi de tragédies nationales.
Fondé officiellement le 8 janvier 1900, l’OM est né à l’aube de l’ère du « football association », sport britannique encore émergent sur le territoire français. Initialement pratiqué par la bourgeoisie urbaine, le club adopte rapidement le maillot blanc et sa célèbre devise « Droit au but ». Après la Première Guerre mondiale, le football gagne en indépendance avec la création de compétitions nationales comme la Coupe de France, remportée pour la première fois par l’OM en 1925, mettant fin à la domination parisienne.
L’introduction du professionnalisme en 1932 puis l’installation au stade Vélodrome en 1937 marquent deux étapes essentielles. Marseille, port méditerranéen ouvert sur le monde, attire déjà des joueurs venus d’ailleurs, comme le Hongrois József Eisenhoffer. Un épisode historique notable : en 1940, le futur premier président algérien Ahmed Ben Bella, alors officier en garnison, joue et marque même un but pour le club, symbolisant le lien profond entre l’OM et son territoire.
Les grandes époques marseillaises
La renaissance d’après-guerre coïncide avec la montée en puissance de l’OM, qui décroche son premier titre de champion de France en 1948. Deux décennies plus tard, les doublés de 1971 et 1972, portés par Josip Skoblar, marquent un âge d’or dans un football français alors quelque peu en sommeil, nationalement et sur le plan européen. Ce succès est d’autant plus symbolique qu’il se déroule dans un Parc des Princes rénové, devenu depuis un théâtre de rivalité intense entre Marseille et Paris.
Les années 1980 voient également une révolution culturelle avec l’émergence des groupes ultras, comme le Commando Ultra et les South Winners, qui importent une ambiance de stade inédite en France, inspirée de modèles italiens. Ce mouvement influence durablement l’identité du club et de la ville. Puis, la décennie 1990 lance une nouvelle ère, marquée par le Ballon d’or de Jean-Pierre Papin et l’ascension de Bernard Tapie, dont le projet ambitieux transforme radicalement le football français.
Le point d’orgue reste la victoire historique en Ligue des champions en 1993, la première et unique conquête française dans cette compétition prestigieuse, offrant un triomphe national dans un contexte où Marseille était encore souvent boudée par l’élite parisienne et médiatique.

Ce succès a symbolisé un moment d’unité et de fierté pour tout un pays, avec un rayonnement massif de l’OM au-delà des Bouches-du-Rhône, en banlieue parisienne et en Afrique. Toutefois, l’ombre de l’affaire OM-VA entachera ce rêve, aboutissant à une relégation et un recul important.
Une identité toujours vive malgré les défis récents
Le titre de champion de France obtenu en 2010, sous l’impulsion de Didier Deschamps et avec des joueurs clés tels que Souleymane Diawara et Lucho González, reste à ce jour le dernier sacre majeur. Depuis, l’OM évolue dans un championnat dominé par le PSG, qui conserve une position quasi hégémonique grâce à ses moyens financiers exceptionnels.
Malgré ces défis, Marseille continue de se positionner comme un prétendant régulier aux podiums, et conserve une place respectée en Europe, notamment grâce à ses trois finales de Ligue Europa. Cette longévité et cette aura témoignent de la place unique qu’occupe l’OM dans l’histoire du football français.
Au-delà des résultats, l’Olympique de Marseille est une partie intégrante de la mémoire collective, incarnant la passion, les luttes et les succès d’une ville à part, forgeant ainsi une identité qui dépasse largement les terrains de football.









