De héros national à figure contestée : le parcours mouvementé de Novak Djokovic en Serbie
Autrefois célébré comme le plus grand tennisman de sa génération et un véritable héros national en Serbie, Novak Djokovic voit aujourd’hui son image ternie par ses prises de position politiques et ses déclarations publiques. La transformation de cette icône sportive en une figure controversée reflète les tensions croissantes au sein de la société serbe, où le soutien à Djokovic s’est peu à peu mu en méfiance et en rejet.
Un début de désamour alimenté par des déclarations ambiguës
Le 18 décembre dernier, Djokovic a publié un message sur le réseau social X (anciennement Twitter), affirmant : « En tant que personne croyant en l’énergie des jeunes et en leur désir d’un meilleur avenir, je pense qu’il est important d’entendre leur voix. Les jeunes instruits représentent la plus grande force de la Serbie. On a tous besoin de la compréhension mutuelle et du respect. Je suis avec vous. »
Ce message, qui aurait pu sembler un soutien sincère aux étudiants en lutte, a été perçu par certains comme une communication politique plutôt qu’un véritable engagement. Quelques semaines auparavant, le 1er novembre, un drame avait secoué Novi Sad : l’effondrement d’un auvent dans une gare avait causé la mort de seize personnes, provoquant une vague de protestations parmi les étudiants serbes. La réaction de Djokovic, plutôt tiède, n’a pas suffi à apaiser la colère, et certains y ont vu une distance de la part du champion face à la crise sociale.
Une figure de plus en plus contestée
Pour l’hebdomadaire d’opposition Vreme, ce message n’était qu’une tentative de communication politique, sans réelle implication. La tension est montée lorsque Djokovic a commencé à exprimer ses opinions de manière plus directe. En janvier, lors de l’Open d’Australie, il a écrit sur le verre d’une caméra « Pour Sonja », en hommage à une étudiante serbe percutée par une voiture lors d’une manifestation à Belgrade. Ce geste, ainsi que ses déclarations de soutien aux manifestants, ont renforcé la perception qu’il s’engageait dans un combat politique, ce qui a suscité la controverse dans une société déjà divisée.

Les déclarations publiques de Djokovic, autrefois saluées comme un symbole d’unité nationale, ont progressivement alimenté le ressentiment. Son soutien à certains mouvements, notamment ceux qui contestent le pouvoir en place, a été perçu comme une remise en question de l’autorité du président Aleksandar Vucic. La relation entre le sportif et le régime s’est ainsi tendue, transformant l’idole en une figure de défi pour une partie de la population.
Une mobilisation sociale contre un système perçu comme défaillant
Les protestations des étudiants ne se limitent pas à un seul incident. Elles incarnent un vaste mouvement de contestation contre ce qu’ils considèrent comme un système corrompu et inefficace. La révolte, qualifiée par certains de « combat pour la Serbie », mobilise de plus en plus de jeunes qui réclament des changements profonds. La figure de Djokovic, qui aurait pu incarner l’unité, est désormais perçue comme ambiguë, voire comme un symbole de la fracture qui traverse le pays.
Une figure à la croisée des chemins
Le cas de Novak Djokovic illustre la complexité d’un pays où la politique et la société sont étroitement liées, et où la popularité d’un sportif peut rapidement se transformer en un enjeu de pouvoir. La question demeure : jusqu’où cette controverse influencera-t-elle la perception publique du champion serbe et de ses actions futures ?









