L’Équipe de France de natation est réunie à Canet-en-Roussillon pour un stage de rentrée, du mercredi au dimanche, afin de préparer les prochaines échéances nationales et internationales. Quarante nageurs participent à cette session, entourés d’un staff d’environ 20 personnes, avec en tête deux figures locales : Analia Pigrée et Marina Jehl. Au cœur de cette préparation, le nouveau directeur technique national, Denis Auguin, veille au milieu des bassins.
Un cap ambitieux pour la natation française
Ancien entraîneur d’Alain Bernard et nommé au début de l’été, Denis Auguin veut concilier exigence et vision à long terme. Son défi : relancer une natation française en quête de stabilité après des années difficiles. Âgé de 55 ans et originaire de Nice, Auguin, qui a passé plus de trois décennies au service de la natation, affirme avoir accepté ce rôle par nécessité: « Au départ, je ne m’étais pas projeté. Mais après trois mois d’intérim, j’ai pris conscience des responsabilités. Cela fait plus de 30 ans que je travaille pour la natation française. Je ne pouvais pas laisser l’institution dans l’impasse. »
Canet-en-Roussillon : un cadre idéal pour travailler
Ce n’est pas la première fois que l’équipe de France s’entraîne dans les bassins canétois, et le cadre reste propice au travail intensif. Denis Auguin souligne l’accueil efficace des équipes locales et leur volonté d’offrir les meilleures conditions pour performer, malgré les ajustements quotidiens. Il évoque ses nombreuses venues à Canet, « au moins à 50 fois », pour mesurer le potentiel de ce lieu et de ses équipes.
Cohésion et nouveau cycle
Premier axes: ce stage de rentrée réunit 40 nageurs et près de 20 personnes du staff, avec pour objectif de ranimer une dynamique collective. « Il s’agit de refermer la page des Jeux de Paris 2024, qui restent une étape de transition, et d’ouvrir celle de 2028 », explique Auguin. Pour accompagner ce virage, trois intervenants spécialisés ont été mobilisés afin de travailler sur la cohésion, les valeurs communes et l’analyse des performances passées. Notez que les athlètes qui s’entraînent aux États‑Unis n’étaient pas présents à ce stage, tout comme les leaders Léon Marchand, Maxime Grousset et Yohann Ndoye‑Brouard, en stage pour leurs études de kinésithérapeute. « Ils ont participé à une réunion en visio ce matin pour assurer l’unité de la sélection et éviter que quelqu’un ne soit laissé sur le bord de la route », précise le dirigeant.
Un focus particulier sur la natation féminine
Un volet majeur concerne le développement des nageuses. Le programme fédéral, jusque-là appliqué de manière uniforme aux filles et aux garçons, a montré des écarts de maturation physiologique et psychologique. Désormais, les filles seront accompagnées plus tôt, dès 13‑14 ans, tandis que les garçons seront intégrés un peu plus tard. Cette avancée implique une formation renforcée des entraîneurs pour répondre aux spécificités féminines. Si le plan vise une rupture durable, les responsables espèrent déjà voir émerger des talents dès 2028, avec une consolidation vers 2032.
Faire face à l’attraction des États-Unis
Comme d’autres pays européens, la France doit composer avec l’attrait des universités américaines. Une dizaine de nageurs s’y entraînaient déjà lors des derniers Mondiaux, attirés par un système plus structuré autour des bourses et du recrutement. Auguin rappelle que ce parcours n’est pas garant de réussite absolue et que certains reviennent à la suite d’un choix qui ne leur convient pas. L’exemple de Pauline Mahieu, partie à Montréal avec un entraîneur français, illustre une voie alternative perçue comme plus rassurante pour le suivi sportif.
Objectifs à court et moyen terme
À court terme, les championnats d’Europe 2026 à Paris constituent un test important, en vue de créer une dynamique nationale autour d’un événement majeur en territoire français. À moyen terme, l’objectif est clair: devenir la première nation européenne et se rapprocher du top 5 mondial. Face à la concurrence britannique et italienne, la France doit développer une équipe plus dense et plus homogène, afin de s’imposer durablement en finale et en relais.
Une équipe en reconstruction
Les leaders présents au stage – Béryl Gastaldello, Damien Joly, Mewen Tomac et Roman Fuchs – montrent la volonté de construire une équipe plus homogène, moins dépendante de quelques individualités. Si des talents comme Yohann Ndoye-Brouard passent de finaliste à médaillé et si les relais progressent, Auguin estime que la voie est ouverte. Connu pour son exigence et sa proximité avec les athlètes, il entend mettre son expérience au service d’un projet collectif et créer les conditions qui permettront à ce potentiel humain de s’exprimer pleinement, en vue des échéances qui approchent.
La dynamique entamée à Canet-en-Roussillon illustre une approche structurée et ambitieuse, avec un cap fixé sur Paris 2024 et au-delà. Denis Auguin veut ainsi insuffler une énergie collective nouvelle à la natation française, en misant sur la densité des talents, une meilleure intégration des joueuses et un suivi plus axé sur le long terme pour faire émerger la première équipe européenne et viser le top 5 mondial. Ce travail de fond s’inscrit dans une trajectoire qui concerne aussi bien les jeunes nageurs que les athlètes confirmés, dans une logique de performance durable et de cohésion.









