Napoli : ambitions et défis pour la saison 2025
À Naples, comme dans d’autres villes italiennes, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Le proverbe napolitain « Storta va, deritta vene » résume parfaitement cette dynamique: ce qui part de travers peut finalement arriver droit. Le 23 mai, le SSC Napoli a dominé Cagliari 2-0 et a remporté son quatrième Scudetto, le second en l’espace de trois ans. Si l’épopée sportive conforte le club dans le duo de tête du football italien, elle n’a pas empêché l’orage de s’abattre sur la cité: Antonio Conte était annoncé sur le départ, motivé par des promesses non tenues notamment en matière de moyens financiers et d’investissement.
Après plusieurs jours de discussions, Aurelio De Laurentiis a convaincu l’ancien sélectionneur de la Nazionale de rester en Campanie. Pour sceller l’accord, le président a annoncé sur les réseaux sociaux une accélération des investissements avec une enveloppe estimée à environ 150 millions d’euros pour le mercato estival. Les arrivées ne se sont pas fait attendre: Kevin De Bruyne, Noa Lang, Sam Beukema, Lorenzo Lucca, Vanja Milinković-Savić et Luca Marianucci sont venus renforcer l’effectif. Cette vague de recrues témoigne d’ambitions désormais claires pour les Partenopei: le Scudetto ne doit plus être une parenthèse, mais l’étape d’un projet durable.
« En avant tous, plus fort qu’avant », a finalement déclaré Conte pour officialiser cette nouvelle dynamique. Cet été 2025, Napoli a misé sur la continuité du groupe tout en intégrant de la qualité dans les lignes arrière et offensive, considérant que l’objectif est de progresser et de rester compétitif sur tous les tableaux. Les cadres comme Lobotka et Zambo Anguissa ont été conservés, sur lesquels le coach compte pour asseoir un socle solide et lisser la transition tactique et sportive du club.

Le perdant magnifique n’est plus
Sur le terrain, l’histoire napolitaine a longtemps été celle d’un club « hype », séduisant par son jeu offensif et par des joueurs emblématiques – Cavani, Lavezzi, Hamsik, Jorginho, Allan, Koulibaly, Insigne, Higuain, Mertens ou Zieliński. Pourtant, malgré ces propositions séduisantes, le Napoli a peiné à remporter un titre majeur, en étant régulièrement relégué au rang de « perdant magnifique » de 2010 à 2022, saison après saison terminant souvent deuxième du championnat (2013, 2016, 2018 et 2019) et se contentant de quelques trophées nationaux mineurs.
Omar El Kaddouri, qui a connu ces années-là sous le maillot napolitain, rappelle qu’entre Naples et la Juventus, la comparaison ne s’arrête pas au talent: « À l’époque, Juve était presque injouable. Nous avions une belle équipe, des joueurs exceptionnels, mais nous manquions peut-être d’ambition et surtout d’infrastructures. Chaque saison, la Juve visait le titre, nous partions du côté de la qualification pour la Ligue des champions. C’est là que réside la différence. Ils gagnaient sans débat, nous étions dans un autre cadre. »
Pour les supporters, l’absence de titre majeur restait une source de frustration: « ne pas avoir de titre à la clé est frustrant, car on avait vraiment une superbe équipe. Mais dans le football, gagner des titres est indispensable pour entrer dans l’histoire », confie El Kaddouri.
Deux Scudetti en trois ans, et après ?
La double conquête du Scudetto en l’espace de deux saisons, conjuguée à l’arrivée d’un Conte déterminé, a bouleversé la donne. Conte a ramené une ambition nouvelle, « quelque chose en plus qui pouvait manquer ces dernières années », résume El Kaddouri. Toutefois, l’ancien international marocain avertit: le Napoli sera désormais attendu au tournant et doit viser plus haut que le seul titre national. « C’est désormais un grand club d’Italie et il doit continuer sur sa lancée. Ils se sont renforcés avec de la qualité; je suis convaincu qu’ils vont réaliser une grande saison. »
Pour Conte lui-même, le Scudetto n’est plus une exception mais une catégorie de travail: « Le Scudetto la saison dernière n’était pas forcément prévu. Mais nous ne devons pas nous contenter, nous avons un projet ambitieux. Avec le badge de champion sur le maillot, on part comme favori, et il faut en être conscients. »
La saison 2025 a donc été placée sous le signe de la continuité et du renforcement, avec la perspective de jouer un rôle plus grand en Europe. Le Napoli ne se contente pas d’un championnat intérieur: l’objectif affiché est la Ligue des champions. Conte le rappelle: « la Champions reste une étape clé dans le développement d’un club ».
Le club est encore en phase de restructuration, et contrairement à d’autres époques, la construction d’un vecteur européen viable demande du temps. El Kaddouri souligne que les performances sur la scène européenne seront la véritable mesure de la grandeur napolitaine. « Les titres en Italie ne suffisent pas; le Napoli doit performer en Europe pour asseoir sa crédibilité, comme l’ont fait la Juventus et l’Inter dans les compétitions européennes. »
Si le Napoli apparaît comme favori en Italie et peut compter sur un effectif renforcé, la route reste longue et semée d’obstacles. Après des années marquées par des infrastructures souvent décriées et un centre de formation qui peine à produire des talents en quantité et en qualité, le club a enfin franchi une étape: il peut désormais viser plus haut que le seul Scudetto et s’imposer durablement comme une référence européenne.
Sur les prochaines saisons, le Napoli devra composer avec les grands d’Italie – la Juventus, l’Inter et l’AC Milan – tout en cherchant à conquérir l’excellence sur la scène européenne. Le chemin est tracé: une équipe compétitive en Serie A, des performances solides en mercato et une ambition européenne qui se veut durable, dans un football où la Ligue des champions reste le véritable révélateur de la grandeur d’un club.









