Une relation de destin entre Monaco et la France, une réalité concrète
La visite d’État d’Emmanuel Macron à Monaco ce samedi met en lumière l’étroite complicité qui unit la principauté à la République française. Au-delà des symboles, cette alliance se traduit par une collaboration quotidienne et une dépendance mutuelle qui façonnent leur destin commun.
Depuis la promulgation de la Constitution monégasque en 1962, qui affirme dans son premier article la souveraineté de Monaco dans le cadre d’accords spécifiques avec la France, les deux territoires entretiennent des liens indéfectibles. La petite principauté, avec ses environ 9 900 résidents, se trouve dans l’incapacité de gérer seule son micro-État, notamment en matière de sécurité, d’éducation ou de justice. La France intervient ainsi en permanence en détachant magistrats, enseignants et hauts fonctionnaires pour soutenir Monaco dans ses fonctions essentielles.

Une histoire d’alliance et de survie
Les liens entre Monaco et la France remontent à l’époque où, en 1641, les Grimaldi ont choisi de s’allier aux rois de France plutôt qu’aux Habsbourg, assurant ainsi leur survie et consolidant leur pouvoir. Cette alliance symbolique perdure encore aujourd’hui, avec des titres honorifiques liés à la Provence ou à l’Auvergne pour les membres de la famille princière, rappelant cette histoire commune.
Au XIXe siècle, la principauté a failli disparaître, amputée de Menton et Roquebrune, et menacée par les turbulences en France et en Italie. Cependant, après le rattachement de Nice à la France en 1860, Monaco a obtenu de Napoléon III la reconnaissance de sa souveraineté, ainsi qu’une ligne de chemin de fer qui a permis sa transformation en destination touristique de luxe. La famille princière, longtemps résidant à Paris, a également été influencée par cette culture française, notamment à travers la formation militaire de ses héritiers, comme Louis II ou Rainier III, qui ont fréquenté Saint-Cyr ou la Légion étrangère.
Les enjeux fiscaux et leur impact
Malgré cette proximité, des tensions persistent, notamment sur le plan fiscal. Monaco a longtemps attiré des résidents et des entreprises grâce à son régime avantageux, exemptant notamment les revenus et bénéfices de l’impôt. Ce choix a suscité des frictions avec la France, qui a réagi en 1962 par un semblant de blocus douanier pour obtenir un accord fiscal. Depuis lors, les résidents français à Monaco sont imposables en France, ce qui a réduit leur nombre, la nationalité monégasque étant difficile à obtenir, réservée au droit du sang ou à une décision du prince.
En 2024, plus de 78 000 personnes travaillaient à Monaco, soit une croissance de 5 % par rapport à 2023 et une augmentation de 20 000 par rapport à 2015. La majorité de cette population active provient des communes environnantes, notamment de Nice, ce qui alimente l’économie régionale mais engorge aussi les routes et les transports. La principauté a d’ailleurs lancé des projets pour la construction d’un métro reliant Nice à Monaco, afin de désengorger cette mobilité quotidienne.
Une population en constante évolution
La démographie monégasque a connu une mutation importante : en 1962, la majorité des résidents étaient Monégasques, mais en 2024, ils ne représentent plus que 22 % des quelque 38 400 habitants. La population étrangère, notamment française, italienne, ou encore américaine et sud-africaine, s’est fortement internationalisée, à l’image de Princesses comme Grace ou Charlène. Monaco, tout en restant fidèle à ses racines françaises, s’ouvre de plus en plus au monde.
Ce lien étroit avec la France, renforcé par l’appartenance commune à l’espace Schengen et à la zone euro, continue de définir la relation entre ces deux territoires. La proximité géographique, économique et historique forge un partenariat qui dépasse le simple cadre diplomatique, constituant une véritable communauté de destin, très concrète et durable.







