Moins de 14 secondes pour tirer : la vitesse, nouvelle arme tactique en NBA

Moins de 14 secondes pour tirer : la vitesse, nouvelle arme tactique en NBA

La NBA accélère: deux tiers des équipes tirent en moins de 14 secondes, et la vitesse du jeu NBA devient une arme tactique grâce aux transitions et à la pression défensive.

France

On dit souvent que la NBA est une ligue d’imitation: quand une idée fonctionne, elle est rapidement reprise par les autres équipes. Après trois semaines de saison, la vitesse du jeu s’est encore accélérée. Un seul indicateur suffit à le démontrer: la durée moyenne des possessions se raccourcit et, selon Inpredictable, le nombre d’équipes tirant en moins de 14 secondes a presque triplé en un an. Aujourd’hui, les deux tiers des clubs évoluent à un tempo qui semblait extrême il y a seulement deux saisons.

Action de pressing et transition rapide en NBA
Exemple d’exécution rapide suite à une perte de balle.

Le modèle OKC a ouvert la voie. Autour de Shai Gilgeous-Alexander, le Thunder a fait de la pression défensive un déclencheur de l’attaque. Selon Cleaning the Glass, il provoquait une perte de balle sur 17 % des possessions adverses, soit le meilleur taux de la ligue la saison dernière. Le plan était simple: plus de ballons récupérés, plus de transitions, moins d’attaques placées.

Cet automne, plusieurs équipes ont décidé de reprendre cette idée. Le cas le plus marquant est celui des Boston Celtics. Privés de Kristaps Porziņģis à Atlanta et de Luke Kornet à San Antonio, les champions 2024 ont changé leur identité défensive. Le coach Joe Mazzulla a construit une défense qui, plutôt que protéger le cercle, empêche la balle d’y accéder. L’an dernier, Boston ne provoquait des pertes de balle que sur 13,2 % des possessions (26e). Cette saison, les Celtics sont passés à 17,6 %, mieux qu’OKC.

Comme la saison dernière, Oklahoma City pointe en tête des équipes qui réalisent le plus d’interceptions (10,6 par match). Mais cette fois, c’est ex aequo avec une autre formation: Portland.

Action défensive des Blazers et pression tout-terrain
Portland applique une pression tout-terrain sur 24,5 % des possessions défensives.

Mais une équipe pousse encore plus loin l’imitation: les Portland Trail Blazers. Sous Tiago Splitter, qui avait fait ses preuves l’année précédente en faisant de Paris Basketball la formation surprise de l’Euroligue, Portland exerce une pression tout-terrain sur 24,5 % des possessions défensives, cinq fois plus que la moyenne NBA. Résultat: 19,3 % des attaques adverses se terminent en perte de balle.

Sur cette action défensive contre le Jazz, les Trail Blazers exercent une pression tout-terrain immédiatement après avoir inscrit un lancer franc au lieu d’effectuer un repli défensif classique. Aucun défenseur n’est revenu dans sa moitié de terrain au moment où la remise en jeu est effectuée.

Pour des franchises qui ne possèdent pas de stars capables de créer du jeu face à des défenses en place, l’objectif est clair: transformer les ballons récupérés en points faciles. Les chiffres leur donnent raison. En NBA, les équipes sont plus efficaces en transition (1,27 point par possession) que sur jeu placé (0,98). Ce n’est ni surprenant, ni neuf, mais l’écart vertigineux explique pourquoi tant d’équipes cherchent désormais à accélérer à tout prix.

Le modèle Indiana: jouer vite… même après un panier encaissé. D’autres équipes ont copié un autre modèle: celui d’Indiana, l’équipe qui a surpris la planète NBA au printemps. Les Pacers n’étaient pas aussi doués pour voler des ballons que OKC. Ils n’étaient que 14es pour provoquer des pertes de balle. Leur révolution était ailleurs: jouer vite dans toutes les situations, y compris après un panier encaissé. Alors que d’ordinaire, dans cette situation, l’équipe qui défend est la mieux placée pour revenir le premier sous son cercle.

Pascal Siakam et Nembhard en transition rapide après score
Cette action résume l’idée: après un panier, l’équipe qui repart est prête à attaquer.

Les Pacers ont balayé une règle tacite du basket: après un panier encaissé, on se replace. Eux attaquent directement. Aucun système. Aucun dribble superflu. Pascal Siakam et Andrew Nembhard sprintent dans leurs couloirs pour écarter la défense. Tyrese Haliburton récupère la balle et la distribue comme un quarterback pour une efficacité maximale.

Aujourd’hui, cette idée se répand. Cette saison, une équipe de l’Est est allée encore plus loin: le Miami Heat. Depuis l’automne, le Heat joue à une vitesse de 12 secondes par possession, soit 2,4 secondes plus rapide que la moyenne de la ligue. Au-delà de la volonté de jouer vite, Erik Spoelstra a modifié la structure de son attaque en recrutant Noah LaRoche, coordinateur offensif passé par Memphis. Son approche repose sur trois principes: énormément de mouvements sans ballon, très peu de pick and roll (jeu à deux avec écran), des joueurs répartis autour de la ligne à trois points.

Circle offense et mouvement sans ballon
Extrait d’une vidéo sur la circle offense de Noah LaRoche.

Miami est aujourd’hui l’équipe la plus rapide de la ligue. Mais jouer vite suffit-il à être efficace? Si c’était le cas, Miami et Portland seraient en tête des classements offensifs, or ce n’est pas le cas. Parmi les dix équipes les plus rapides, seules deux figurent dans le top 10 offensif: Cleveland (5e en rythme, 9e en efficacité) et Miami (1er en rythme, 10e en efficacité).

Graphique vitesse et efficacité offensive
Graphique montrant qu’il n’existe pas de relation simple entre vitesse et efficacité.

À l’inverse, certaines attaques très efficaces jouent lentement, à l’image de Houston (28e en rythme, première en efficacité) et New York (27e en rythme, deuxième en efficacité). Dotées de créateurs d’élite, Jalen Brunson à New York et Kevin Durant à Houston, ces attaques peuvent générer de bons tirs sur demi-terrain sans accélérer. Pour des équipes dépourvues de ce type de joueur, la vitesse devient une forme de compensation. Portland, Miami, Chicago ou Toronto misent donc sur plus de vitesse pour multiplier les possessions et le chaos en transition.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *