France, Angleterre, Allemagne
Mathys Tel, 20 ans, vit un été qui pourrait marquer un tournant dans sa jeune carrière. Alors que les fans rêvent déjà de le voir franchir les portes de la Ligue des champions, l’attaquant a appris qu’il devrait suivre la compétition depuis le canapé ou, au mieux, depuis les tribunes. Son transfert définitif vers Tottenham pour environ 35 millions d’euros n’a pas suffi à lui garantir une place immédiate sur la liste des groupes pour la C1, un revers qui rappelle que rien n’est acquis dans le haut niveau.
Un parcours façonné par les transferts et les promesses
Émergeant à Rennes avant d’être recruté par le Bayern Munich à 17 ans, Tel a rapidement été étiqueté comme l’un des talents les plus prometteurs du continent. Le transfert bavarois, proche des 30 millions d’euros avec bonus, a été salué comme le signe que la France pouvait compter sur une pépite capable de peser sur la scène européenne. Le directeur sportif de l’époque, Hasan Salihamidžić, n’avait pas caché son enthousiasme: selon lui, Tel possédait déjà un potentiel qui en ferait l’un des meilleurs talents à son poste sur le continent.
Durant ses deux premières saisons en Bundesliga, le jeune Parisien a démontré des progrès importants. En 2022-2023, il affichait 6 buts en 28 apparitions, puis, l’année suivante, il a été plutôt décis dans l’ombre d’Harry Kane, totalisant 10 buts et 6 passes décisives en 16 apparitions. Sous les entraîneurs successifs du Bayern — Nagelsmann, Tuchel, puis Kompany — Tel a souvent été utilisé comme remplaçant, mais ses performances sont restées marquées par une impression générale de préfiguration d’un rôle d’acteur principal futura.
Son goût pour les défis l’a ensuite conduit en Premier League, après avoir refusé des prêts vers des clubs moins prestigieux en Bundesliga. L’expérience londonienne a toutefois été plus contrastée que prévu: bien que Tottenham ait remporté des titres en cours de saison et décroché une Ligue Europa, Tel n’a pas réussir à s’imposer comme un maillon majeur. Blessures et concurrence — notamment l’arrivée de Randal Kolo Muani en fin de mercato — ont freiné son temps de jeu, avec un bilan de 3 buts et 2 passes décisives en 22 apparitions.
À Tottenham: les défis du banc et la leçon de patience
Le chapitre londonien a rappelé une vérité simple: le statut de jeune espoir ne garantit pas une progression linéaire. Tel a dû composer avec un manque de temps de jeu, des choix d’entraîneurs et un contexte compétitif impitoyable. « Ce qui est à Tottenham reste à Tottenham », aime-t-on répéter chez les clubs qui nourrissent des ambitions à la fois européennes et nationales. Lorsqu’il a été écarté des listes de la phase de groupes de la C1, Tel a accepté la déception avec une maturité qui tranche avec son jeune âge.
« Quand vous n’êtes pas dans une liste, c’est sûr que ça fait mal. Mais je suis quelqu’un qui reste assez positif peu importe la situation », a-t-il confié à Ouest-France. Il a ajouté qu’il avait travaillé intensément sur l’aspect mental pour transformer cette épreuve en moteur. « Aujourd’hui, c’est une déception, j’aurais aimé y être, mais c’est le choix du coach et on ne peut que le respecter, et travailler pour répondre de la meilleure manière sur le terrain », a-t-il poursuivi.
En parallèle, Tel a dû faire face à une année marquée par des écueils extrasportifs. En août, il a été victime d’insultes racistes sur les réseaux sociaux, après un tir au but manqué lors de la Supercoupe d’Europe contre le PSG. Il a refusé de se laisser abattre et a réaffirmé sa détermination à continuer d’avancer.
Dans les colonnes de L’Équipe au mois de juin, Tel revenait sur sa gestion de l’adversité: « Dans une carrière, il se passe beaucoup de choses. Il y a des moments positifs et d’autres plus négatifs. Quand j’étais moins bien, je me suis simplement dit que c’était une mauvaise vague, je l’ai prise, je l’ai affrontée, j’ai travaillé, je suis resté patient. »
Malgré ce contexte, l’attaquant garde une confiance intacte en son projet. Son prêt à Tottenham cet hiver n’a pas été synonyme de réussite éclatante — ses apparitions restent modestes — mais il assume ce passage comme une étape nécessaire dans son apprentissage et se dit prêt à saisir les prochaines opportunités pour faire progresser son jeu sur le terrain.
France Espoirs: le chemin d’un attaquant déjà en lumière
Tel est désormais un élément majeur de l’équipe de France Espoirs depuis sa première convocation en octobre 2023, sous l’ère Thierry Henry. Le coach est séduit par son profil: lorsque le jeune joueur entre en jeu, il apporte immédiatement une présence offensive et des appels orientés vers l’avant. Même lorsqu’il n’enchaîne que peu de minutes, il parvient à créer des situations, témoignant d’un instinct qui ne trompe pas.
À ce stade, Tel totalise quinze sélections et sept buts avec les Bleuets. Il a notamment été une menace lors du dernier Euro Espoirs, s’imposant comme une des armes offensives de l’équipe. Fort de cette expérience internationale, il est attendu comme titulaire potentiel lors des prochaines échéances, notamment face à la Serbie, trois jours après l’annulation du match contre le Luxembourg.
À 20 ans, Tel est encore largement dans le registre de la promesse. Son parcours est celui d’un joueur qui a appris à gérer les hauts et les bas et qui croit en sa capacité à écrire les prochains chapitres, que ce soit en France, en Europe ou sur la scène des compétitions internationales. Le chemin est encore long, mais les perspectives restent ouvertes, dans le cadre du football, des transferts et des jeunes talents qui font l’actualité du football français et européen.
En somme, Mathys Tel est un joueur dont le destin demeure en suspens, mais dont le potentiel se nourrit de résilience et d’ambition. Entre les défis du club, les échéances européennes et les rendez-vous avec l’équipe de France Espoirs, son parcours illustre parfaitement le quotidien d’un jeune talent prêt à écrire les prochains actes de sa carrière.
