France
Mathieu Blanchard se lance dans la voile avec Conrad Colman en transatlantique
Passionné de sports extrêmes, Mathieu Blanchard, connu pour ses exploits en trail, s’apprête à relever un nouveau défi : la transatlantique Café L’Or en double. Ce projet ambitieux, prévu pour la fin octobre, marque une étape importante dans la carrière de cet athlète aux multiples facettes, qui va découvrir l’univers de la voile en compagnie du skipper néo-zélandais Conrad Colman.
Un parcours atypique entre terre et mer
Originaire de Guadeloupe, où il a grandi au bord de l’eau, Mathieu Blanchard a toujours été fasciné par l’océan. Moniteur de plongée sous-marine dans ses jeunes années, il s’est ensuite tourné vers la course à pied, devenant rapidement l’un des meilleurs traileurs mondiaux. Avec deux podiums à l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), dont une deuxième place en moins de 20 heures face à Kilian Jornet en 2022, il s’est imposé comme une figure majeure de l’ultra-endurance. En 2023, il a également remporté le Yukon Arctic Ultra, un ultramarathon glacé de 650 kilomètres au Canada.
Ce parcours sportif intense s’accompagne d’une soif d’aventure et d’exploration, nourrie par sa passion pour les grands explorateurs, qu’ils soient réels ou fictifs. Jusqu’à présent, ses expériences en mer se limitaient à des activités de loisir telles que le kitesurf ou la planche à voile. La participation à la transatlantique représente donc une étape nouvelle et excitante, qu’il aborde avec enthousiasme.
Une collaboration prometteuse avec Conrad Colman
Conrad Colman, qui a déjà navigué lors de deux éditions du Vendée Globe, dont une sous gréement de fortune, partage avec Blanchard des valeurs communes et une approche du sport basée sur la persévérance et l’esprit d’équipe. Leur collaboration a débuté lors du dernier tour du monde en solitaire de Colman, et ils ont rapidement trouvé un terrain d’entente.
Le Néo-Zélandais, âgé de 41 ans, explique : «Nous avons rapidement accroché. Je vais lui transmettre mon expérience de la voile, tandis qu’il m’apportera sa gestion de l’effort et de la récupération. On va souffrir ensemble, apprendre l’un de l’autre, c’est une aventure humaine avant tout.»
Les premières navigations et la préparation
Depuis mai, Blanchard s’est rendu à Lorient pour effectuer ses premières sorties en mer et suivre des stages de survie indispensables à la participation à cette course. Il a débuté sur un petit voilier, afin de comprendre les mécanismes du bateau, ressentir les effets des réglages et la répartition des charges. «Ce n’est pas des vacances, on veut performer», insiste-t-il.
Sa condition physique remarquable et sa résistance au manque de sommeil constituent des atouts majeurs, mais Conrad Colman souligne que ses connaissances techniques doivent encore être étoffées. «Je vais lui préparer un petit manuel, l’Imoca pour les Nuls… Il a du boulot cet été», plaisante le skipper, confiant dans la progression de son partenaire.
Les défis physiques et psychologiques à venir
Après avoir terminé la Hardrock 100 aux États-Unis, Blanchard devra parcourir 1 850 km en mer à bord du MS Amlin pour obtenir l’autorisation de prendre le départ de la transatlantique. «Ce sera aussi un saut dans l’inconnu physiologique», confie-t-il. Passionné par la souffrance, il avoue avoir rarement passé plus de quinze jours sans solliciter intensément ses muscles lors de ses courses à pied.
Les marins, eux, terminent souvent leur navigation avec des pertes musculaires dans les jambes, car les manœuvres sollicitent principalement les bras et le dos, dans un espace confiné. Le mal de mer reste également une épreuve redoutée, et Blanchard, expérimenté, avoue que c’est «la pire souffrance que j’ai pu vivre dans mes aventures, pire que le froid ou la douleur physique. On perd toutes ses forces, comme une grippe».
Une nouvelle étape vers l’aventure de toute une vie
Une fois arrivé à Fort-de-France, après deux à trois semaines en mer, les rôles s’inverseront. Pour se préparer à cette étape, Blanchard a inscrit Colman à une course moyenne distance dans la région, afin de renforcer leur complicité. Début décembre, le trailleur participera aux 160 km de la TransMartinique, avec pour objectif de continuer à étoffer ses expériences en mer.
Son rêve à long terme ? Vivre sur un catamaran et parcourir le monde en participant à des courses nautiques. La voile, pour lui, devient une nouvelle aventure, une extension naturelle de sa passion pour l’extrême et l’exploration. À 37 ans, Mathieu Blanchard s’apprête à écrire un nouveau chapitre de sa vie, mêlant sport, défi et découvertes insulaires et océaniques.
