Le regard sur le titre de Premier League est, s’il n’est pas encore en déclin, en train de se desserrer pour Liverpool. Un an après l’arrivée d’Arne Slot à Anfield, le club doit faire face à une vague de blessures, à une mauvaise forme et à une incertitude tactique croissante. La confiance paraît fragile et, à l’approche du duel de dimanche contre Manchester United, la pression monte. De leur côté, les Red Devils ne sont pas à l’abri des difficultés.
Le projet de Ruben Amorim demeure instable, alternant entre des éclairs de promesse et des moments de chaos. Ce déplacement à Anfield – le centième duel compétitif entre les deux côtés – représente toutefois une opportunité réelle. Liverpool est fragilisé par les absences et l’incertitude, et ses adversaires peuvent sentir une certaine vulnérabilité. Pour une fois, les chances semblent équilibrées.
Liverpool a entamé la période internationale d’octobre en difficulté, après trois défaites de suite toutes compétitions confondues, la première fois depuis l’arrivée de Slot. Leur solidité défensive a semblé disparaître: neuf buts encaissés en sept matches de championnat, contre deux à la même étape la saison précédente. Les clean sheets restent rares, seulement deux jusqu’ici, contre Burnley et Arsenal.
L’infirmerie s’allonge aussi. Alisson Becker, Ibrahima Konaté et Ryan Gravenberch sont tous indisponibles. Gravenberch souffre d’un problème musculaire et Konaté d’une cuisse. Plus largement, l’ancien influence de Gravenberch a été moins précoce, les adversaires se montrent prompts à le presser; contre Chelsea, Enzo Fernández et Malo Gusto l’ont neutralisé.
La question offensive est tout aussi problématique. L’arrivée de Florian Wirtz, évaluée à environ 131 M€ (116 M£), devait déclencher une nouvelle ère créative, mais le milieu de 22 ans n’a ni but ni passe décisive en Premier League à ce jour. Le sélectionneur allemand Julian Nagelsmann affirme qu’il faut du temps pour s’adapter, et les statistiques soutiennent cet argument: aucune recrue n’a créé plus d’occasions (21) en championnat cette saison.
Même Jurgen Klopp, regardant de loin, juge que les critiques ont été exagérées. Il a affirmé à RTL que c’est un talent du siècle et qu’il finira par le démontrer dans chaque match, comme il l’avait fait à Leverkusen.
La situation d’Alexis Mac Allister illustre une trajectoire similaire: l’Argentin n’a pas encore disputé 90 minutes en cette saison, une blessure musculaire qui traîne depuis l’an passé perturbant sa pré-saison.
À l’intérieur du club, sa situation a été comparée à celle d’Alexander Isak, un joueur dont l’été perturbé l’a laissé en quête de forme et de fluidité. Tous deux devraient progresser après la pause.
Pour Manchester United, l’inconstance est plus évidente mais l’équipe demeure dangereuse. Amorim a connu une première année turbulente, son équipe alternant football offensif et lapses de concentration. United présentent le plus haut xG de la ligue cette saison, soit 10,1, mais leur finition reste imparfaite. Ils tirent souvent, mais pas dans les meilleures positions. Dans six de leurs sept matches, ils ont pris l’ascendant en tirs, mais n’ont pas encore remporté l’extérieur.
Leur dernière victoire à Anfield remonte à 2016, Wayne Rooney ayant marqué tardivement pour un 1-0. Depuis, les revers ont été nombreux, mais le nul 2-2 de la saison dernière laissait entrevoir des progrès.
Sir Jim Ratcliffe demeure publiquement favorable à Amorim, affirmant que Ruben doit démontrer qu’il est un grand coach sur trois ans. Le message envoyé aux supporters est de privilégier la stabilité plutôt que la panique à court terme, mais les chiffres restent saisissants: Amorim n’a gagné que 19 de ses 50 matches et n’a pas enchaîné deux victoires de rang en championnat.
Le système 3-4-2-1 de United est critiqué, certains estimant qu’il restreint Bruno Fernandes et expose United en transition; néanmoins, des ajustements pragmatiques ont été observés ces dernières semaines. Contre Sunderland, le jeune gardien Senne Lammens a été encouragé à jouer long plutôt que de recourir à des passes dangereuses sous pression; Benjamin Sesko a offert une présence physique et Mbeumo et Mount ont prospéré sur les secondes balles, apportant un style plus direct adapté au groupe.
En défense, United reste sous pression: Ayden Heaven a été blessé lors d’un match international U20 et les solutions s’amenuisent.
Pour autant, l’optimisme domine: Mbeumo peut accélérer les transitions, Fernandes peut créer et Sesko gagne en confiance.
Anfield demeure une barrière psychologique, mais peut-être pas infranchissable cette fois. Liverpool apparaît vulnérable, incertain et sous pression; United disposent des armes pour en profiter.
Si Amorim veut apaiser les critiques autour de son mandat, c’est peut-être ici que tout commence.









