Royaume-Uni
Pour certains fans, assister aux matches de Premier League est devenu une habitude hebdomadaire. Ils achètent leurs abonnements et parcourent le pays pour suivre leur équipe; pour d’autres, c’est une opportunité unique qu’ils mettent de côté pendant des années pour la vivre. Le week-end dernier, James, un supporter sud-coréen, a parcouru 8 851 kilomètres pour Brighton afin de voir Tottenham pour la première fois, dépensant environ 1 040 € pour un billet acheté sur un site de revente non autorisé. À l’entrée du stade Amex, son billet a été désactivé et il a été refusé d’accéder au site.
Après que la BBC ait révélé l’ampleur du marché noir des billets de Premier League, Brighton a invité les journalistes pour démontrer l’étendue du problème et les moyens mis en œuvre pour y faire face. Le billet acheté par James avait déjà été désactivé lors du contrôle, et le personnel du club l’a informé que l’achat n’était pas légitime. « Je suis déçu, je n’avais pas compris cette règle », a-t-il confié à l’extérieur du stade. « On m’a dit d’essayer d’obtenir un remboursement. »
Plus d’un autre échantillon de fans se retrouvait dans la même situation: plus d’une centaine de billets pour le match ont été annulés de la même manière. La revente est illégale au Royaume‑Uni, mais de nombreux sites opèrent en dehors du territoire. L’enquête de la BBC a démontré que les revendeurs utilisent souvent des robots et de fausses identités pour accumuler des centaines de billets à revendre à des prix supérieurs, laissant les supporters payer des tarifs exorbitants ou perdre leur argent lorsque les billets ne fonctionnent pas.
« Les supporters de longue date ont l’impression qu’il leur devient impossible d’obtenir des billets à cause de la manière dont ils sont mis à disposition par les agences secondaires », déclare Tom Greatrex, président de la Football Supporters’ Association. « Cela devient endémique dans le football. »
Brighton affirme déployer de nouvelles technologies pour lutter contre la revente à des prix exorbitants par des sites non autorisés. Pour mieux coordonner ses efforts, le club a recruté Joseph Sells comme inspecteur des billets, et il était en service lors de la rencontre contre Tottenham. « Nous avons détecté des centaines de billets non autorisés aujourd’hui et, au tarif du marché parallèle, nous avons empêché environ 116 000 € de transactions destinées à des marchands », a expliqué Sells. « Nous investissons massivement pour enrayer le problème à la source, avec les dernières technologies, et nous prenons le contrôle. »
« Une famille est venue avec six billets pour le match contre Manchester City il y a quinze jours, et elle avait payé au total environ 6 960 € », poursuit-il. « C’est très douloureux, bien sûr. C’est une histoire triste, mais c’est pourquoi nous rappelons — si vous voulez voir un match, achetez directement auprès du club. » Brighton a également indiqué à la BBC que 285 billets mis en vente via la revente ont été bloqués lors du match, et que 12 comptes individuels de saison ont été identifiés comme utilisés par des revendeurs et ont vu leurs billets pour les rencontres futures annulés. L’un des comptes utilisait le nom Tony Montana, personnage principal du film Scarface, pour tenter d’acheter en bloc des billets.
La Premier League prépare déjà de nouvelles règles de billetterie numérique, dont l’introduction de codes-barres cryptés, destinés à rendre la revente plus difficile. Sells précise que, même s’il partage des ressources avec d’autres clubs, le logiciel est conçu spécialement pour Brighton et repère les transactions suspectes et les billets listés sur les sites de revente avec des numéros de siège. « Nous entraînons essentiellement un modèle pour repérer les comportements de revendeurs avant qu’ils n’entrent dans le club », affirme-t-il. « Il attribue un score de risque à chaque transaction. Par exemple, si quelqu’un en Estonie achète avec une carte prépayée émise aux Émirats arabes unis, cela déclenche une alerte. Le modèle apprend chaque jour à repérer davantage d’anomalies. »
Lorsqu’un billet non autorisé est présenté au personnel, on remet une lettre expliquant la situation et indiquant que pour obtenir un remboursement, il faut contacter l’émetteur de la carte afin d’être remboursé par le vendeur. Le club propose également les places restantes, que ce soit pour des titulaires absents ou dans les zones d’hospitalité, à des fans dont l’entrée est bloquée.
Pour certains, comme James, les sites de revente peuvent sembler permettre de réaliser le rêve d’assister à un match, mais le jour du match peut vite devenir un cauchemar.
