France
Ce vendredi soir, à 20 h 45, face à Strasbourg, Luis Enrique sera en tribunes ou sur le banc et affichera son énergie habituelle. Son intensité est totale, proche de la frénésie. Victime d’une fracture de clavicule après une chute de vélo lors de la trêve de septembre, l’entraîneur du PSG a traversé des semaines douloureuses. Depuis son arrivée en été 2023, il demeure l’un des entraîneurs les plus attentifs au corps et à l’entretien physique au sein du club.
Jeudi midi, lorsqu’on lui a demandé s’il s’entraînait comme un sportif de haut niveau, l’Asturien a répondu en riant: « Je ne peux pas m’entraîner comme un sportif parce que j’ai 55 ans, je suis plus un grand-père qu’un professionnel de haut niveau. Je suis aussi actif, j’aime faire du sport, c’est important pour moi en tant que personne. »
Les défis post-carrière, tels que le marathon, le trail et le triathlon, ont déjà été évoqués à maintes reprises. Depuis l’été 2023, et malgré les enjeux sportifs, Luis Enrique demeure cet athlète total, presque obsédé par son rapport au corps. Son entourage évoque une énergie constante qui anime son travail au quotidien.
Le regard de Marc Madiot, manager général de Groupama-FDJ, confirme cette impression: il se souvient d’une rencontre où l’Espagnol paraissait hyper affûté, sans avoir perdu de son potentiel. Il se montre encore plus précis dans sa préparation qu’il n’y paraissait autrefois. On dit que son physique et son exigence restent des repères pour l’équipe.
Au cœur de sa routine, une machine DEXA, achetée lors de son arrivée, sert à mesurer la masse grasse et à détecter les éventuels excès. Chaque matin ou presque, Luis Enrique passe par cet appareil afin d’aligner sa condition avec celle de ses joueurs et d’anticiper les besoins de l’équipe.
Son quotidien est marqué par une diète sans compromis. Son café matinal, soigneusement choisi parmi des milliers, est partagé avec ses adjoints. Ses repas imitent ceux d’un marathonien, avec un fort goût pour les légumes et les produits naturels. Pas question d’ingérer des aliments transformés; même lorsqu’il souffre d’un virus, il privilégie les médecines naturelles et les solutions alternatives.
Les recrues de l’été 2024 et 2025 ont découvert peu à peu ces habitudes, notamment grâce à une montre connectée qui suit ses constantes et lui rappelle ses séances. Au programme: vélos en salle, tractions, gainage, le tout guidé par des données en temps réel. Avec cette curiosité pour les chiffres, il tente de défier des joueurs plus jeunes et de taquiner ses adjoints, tout en cherchant à battre ses propres records et à contrecarrer les effets du vieillissement.
Luis Enrique n’a pas perdu ses habitudes de joueur: comme les autres membres de l’effectif, il est pris en charge par les physios pour des soins et des massages. « Quand il est en retard, vous savez qu’il a de bonnes chances d’être en salle ou avec les kinés », raconte un salarié du club. Ses randonnées pieds nus sur le Campus, vues en 2023, avaient surpris les joueurs et provoqué chez Kylian Mbappé une forme de compassion en voyant un homme marcher des heures.
Le vélo sert aussi de sas de décompression autour des séances. Plus tard, autour de Barcelone, scène de son récent accident, ses sorties pendant les trêves internationales deviennent les plus longues, car il réfléchit le mieux à ses plans d’entraînement.
Après une sortie vélo, une petite bière peut être tolérée. Le soir, après les matches, il sort rarement. S’il sort, c’est en famille ou avec ses adjoints dans des restaurants de l’ouest parisien, et il s’accorde une bouteille de vin à des tarifs élevés, son seul véritable vice.
