France
La cour d’appel de Paris a définitivement renvoyé Loïk Le Priol devant les assises pour assassinat, dans l’affaire ayant coûté la vie à Federico Martin Aramburu, ancien international argentin du rugby, tué à Paris en mars 2022. Trois ans et demi après les faits, le procès se rapproche avec le renvoi définitif des principaux accusés. D’autres personnes de l’entourage de l’ultradroite devraient être jugées: Romain Bouvier, 34 ans, pour tentative d’assassinat et Lyson R., 28 ans, compagne de Loïk Le Priol présente lors des faits, pour complicité de tentative d’assassinat.
La cour avait initialement tranché en février, mais la Cour de cassation a relevé des contradictions dans son arrêt en juin et a réorienté la qualification. Dans la même décision, les juges ont précisé que Loïk Le Priol serait jugé pour assassinat, avant de renvoyer l’affaire pour un meurtre sans préméditation. De même, après avoir indiqué que Lyson R. serait renvoyée pour complicité de tentative d’assassinat, ils ont finalement abandonné cette incrimination.
L’un des conseils des parties civiles, Me Yann Le Bras, a estimé que cette décision était conforme à l’analyse des faits et à leur gravité extrême. Selon lui, les arguments avancés par la défense ne seraient pas retenus et le calendrier du procès d’assises pourrait se dessiner pour le premier semestre 2026.
Du côté de la défense de Lyson R., accusée notamment d’avoir conduit Romain Bouvier jusqu’à la victime, on considère que la proclamation de l’innocence est simplement retardée et que le dossier restera à défendre devant les jurés.
Les faits remontent au matin du 19 mars 2022 lorsque Federico Martin Aramburu, âgé de 42 ans et retraité vivant à Biarritz, se trouvait dans un bar du boulevard Saint-Germain avec Shaun Hegarty, autre rugbyman. Ils prévoyaient ensuite de se rendre au Stade de France pour le match France-Angleterre et une altercation éclata sur la terrasse entre Le Priol et Bouvier. Les deux militants d’ultradroite les auraient rejoints et auraient tiré à deux reprises sur Aramburu, le blessant mortellement puis prenant la fuite.
Après plusieurs rebondissements, la justice a finalement jugé qu’il n’existe pas de dessein criminel commun entre tous les accusés. Le Priol doit ainsi répondre seul d’assassinat, tandis que Bouvier est renvoyé uniquement pour tentative d’assassinat.
Le Priol avait été arrêté quelques jours après les faits en Hongrie alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Ukraine. Les deux suspects avaient été condamnés en 2022 à deux et trois ans de prison pour des violences commises en 2015 contre un ancien ami et ex-dirigeant du GUD, mouvement dissous en 2024. L’avocat de Romain Bouvier, déjà renvoyé devant les assises, a déclaré qu’il était normal que son client ne réponde que de ses coups de feu et qu’il se défende.
« Il n’y a eu aucune concertation, aucune chasse à l’homme, aucune motivation raciste. Et nous contesterons fermement la volonté homicide pour la tentative qui lui est reprochée », a déclaré Me Hugues Vigier.
