
L’industrie du football face à un dilemme financier mondial
L'industrie du football est populaire mais peine à générer des profits. Quelles solutions pour un avenir durable ?
Lorsque William Goldman a écrit dans ses mémoires *Adventures in the Screen Trade* qu’à Hollywood « personne ne sait rien », il a exprimé une pensée qui résonne avec le chaos au cœur de l’industrie cinématographique. Cette remarque, faite en 1983, coïncide avec une époque où le box-office prospérait.
Un Sommet pour Réfléchir
La semaine dernière, cette phrase a refait surface lors du sommet FT Business of Football, au Peninsula Hotel à Londres, où les grandes figures de l’industrie du football mondial se sont réunies. Tout comme Hollywood dans les années 80, l’industrie du football a de nombreuses raisons de se vanter aujourd’hui, notamment grâce à la succès de la Ligue des champions élargie, qui a augmenté les revenus pour un plus grand nombre de clubs et de nations.
Les clubs ont gagné en pouvoir au sein du système européen, en réponse à la tentative de la Super Ligue. L’idée est largement répandue que dans un monde où le contenu est illimité, rien ne rivalise avec le sport en direct. La Premier League, par exemple, continue d’enregistrer une croissance de la valeur de ses droits médias.
Le Dilemme de la Rentabilité
Malgré ces succès, le constat général était celui de l’incompréhension. En dépit de la notoriété de la marque et des revenus solidaires, beaucoup d’acteurs du football peinent à rendre l’ensemble rentable. Les opinions divergent largement quant aux diagnostics des problèmes et aux solutions à envisager.
Todd Boehly, copropriétaire de Chelsea, a partagé des réflexions sur l’avenir, envisageant un partenariat entre la Premier League et une grande marque médiatique, similaire à un modèle à la Netflix. Pour lui, cela pourrait constituer une opportunité incontournable pour la ligue.
Des Solutions Variées
Cependant, cette voie pourrait ne pas être accessible à tous. Pour des clubs comme l’Olympique de Marseille, des « nouvelles idées » sont nécessaires. Leur président, Pablo Longoria, souhaite transformer le Stade Vélodrome en une destination en dehors des jours de match et mieux exploiter les « opportunités numériques ».
- André Bernardo, de Sporting Lisbonne, réclame une tarification dynamique des billets.
- Giorgio Chiellini, devenu responsable des relations institutionnelles du football à la Juventus, plaide pour un partage des revenus des matchs supplémentaires, soulignant que plus de redistribution est la seule solution efficace.
Un Manque de Consensus
Bien que chaque dirigeant ait une idée pour améliorer la situation, le consensus sur l’approche la plus efficace fait défaut. De plus, le débat sur les régulations nécessaires pour parvenir à une durabilité financière et à un équilibre compétitif reste complexe. Tous s’accordent à dire qu’une meilleure régulation est souhaitable, mais chacun a sa propre vision.
Richard Masters, de la Premier League, craint que l’imposition d’un régulateur indépendant ne soit trop contraignante. À l’inverse, Charlie Marshall, PDG de l’Association Européenne des Clubs, met en garde contre les risques d’une « sur-réglementation ».
Motivations Personnelles des Investisseurs
Sur un autre registre, Fausto Zanetton, membre du conseil d’administration de l’Inter, estime qu’il faut se concentrer sur la réduction des pertes. Ian Lynam, avocat spécialisé dans le sport, souligne que les préoccupations liées à une régulation stricte sont reléguées au second plan par les dangers liés à des règles trop laxistes.
Ce manque d’accord souligne la difficulté pour des dirigeants d’utiliser des termes similaires pour des concepts souvent interprétés très différemment. Cela fait écho aux défis d’un sport qui, bien que populaire à l’échelle mondiale, ne génère pas des revenus proportionnels à son succès.
Cependant, cela met aussi en lumière les motivations personnelles des investisseurs. Hormis le sportswashing et la financiarisation, les propriétaires et exécutifs font souvent part de désirs très humains : un héritage, de l’excitation et, parfois, de l’affection pour le sport.