Au lendemain de la publication d’un verdict judiciaire de 175 pages, la bataille juridique entre Manchester City et la Premier League a fait couler beaucoup d’encre. Les deux parties ont tenté de se présenter comme les vainqueurs de cette première collision judiciaire, mais une chose était claire : City a remporté une victoire importante en arguant que les prêts des actionnaires devraient être soumis aux mêmes évaluations que tout autre accord commercial, ce qui a conduit à la déclaration d’une partie des règles sur les transactions entre parties liées (APT) comme étant illégales.
Qu’est-ce que les prêts des actionnaires ?
Les prêts des actionnaires représentent de l’argent prêté à un club par ses actionnaires, offrant une forme de financement qui permet aux propriétaires d’injecter des capitaux dans le projet de football sans rechercher d’équité en retour. Généralement, il s’agit d’arrangements à long terme, souvent sans paiement d’intérêts.
Les clubs affectionnent particulièrement ces prêts. Lors de la saison 2022-23, quatorze des vingt équipes de Premier League affichaient des prêts des actionnaires dans leurs derniers comptes. Les avocats de City ont mis en évidence l’ampleur de leur utilisation, signalant qu’1,5 milliard de livres (1,96 milliard d’euros) sur un total de 4 milliards de livres d’emprunts dans la ligue – soit 37% – provenaient de prêts des actionnaires.
Pourquoi Manchester City a-t-il soulevé cette question ?
Manchester City a attaqué frontalement la Premier League lors de son recours juridique en juin, qualifiant les règles APT de « discriminatoires et déformantes ». Club soutenu par des prêts très avantageux, City a affirmé que ces prêts, qui ne reflètent pas la valeur marchande équitable (FMV), bafouaient le principe même des règles de profitabilité et de durabilité de la ligue.
Le tribunal n’a pas seulement pris en compte la désignation de City, mais a également reconnu que l’exclusion des prêts des actionnaires des règles APT faussait la compétition. Cela impose donc des changements dans les règlements de la Premier League en intégrant les prêts des actionnaires dans les règlements APT classiques.
Les clubs avec des prêts des actionnaires significatifs
Certaines équipes se distinguent par les montants empruntés : Everton, Brighton & Hove Albion et Arsenal trônent en tête avec un total de 1,08 milliard de livres (1,41 milliard d’euros) de dettes afférentes à ces prêts dans leurs comptes de 2022-23. Everton est le plus gros emprunteur avec 451 millions de livres (585 millions d’euros) de prêts sans intérêts de la part de son propriétaire, Farhad Moshiri.
Brighton suit avec 373 millions de livres (486 millions d’euros) dus à Tony Bloom, également dans un arrangement sans intérêt, tandis qu’Arsenal a enregistré des emprunts récents auprès de Kroenke Sports & Entertainment, s’élevant à 259 millions de livres (339 millions d’euros).
Les implications futures pour la Premier League
Avec les modifications à venir sur les prêts des actionnaires, la Premier League doit manœuvrer prudemment pour éviter de nuire à l’équilibre concurrentiel. Les clubs comme Everton ou Nottingham Forest pourraient revendiquer des compensations pour avoir subi des sanctions sous un régime légalement contesté.
Alors que la Premier League assure que les changements à venir ne rétroagiront pas sur les calculs de profitabilité, la complexité des prêts des actionnaires pourrait bouleverser les analyses financières des clubs poussant les instances à des décisions délicates.
Conclusion : Un nouveau chapitre pour la Premier League
Les prêts des actionnaires perdent leur insouciance, et l’avenir de la Premier League pourrait bien être redéfini par cette nouvelle interprétation légale. Alors que les équipes adaptent leurs stratégies financières, la ligue devra naviguer dans un paysage en constante évolution pour maintenir l’équité dans la compétition.










