Dans le monde impitoyable du football, le licenciement des entraîneurs est une étape presque inévitable dans leur carrière. Derrière chaque annonce officielle se cache une histoire souvent dramatique, faite d’incertitude, de négociations délicates et d’émotions fortes. Cet article plonge au cœur de ces expériences vécues par les entraîneurs, révélant les coulisses du licenciement dans le football professionnel.
Un licenciement annoncé au détour d’un match
En 2013, Gus Poyet vivait une situation insolite lorsqu’il fut informé de son licenciement en pleine retransmission TV. En poste à Brighton & Hove Albion, il avait été suspendu le mois précédent mais n’avait reçu aucune confirmation de fin de contrat. Pendant une émission de la BBC, au coup d’envoi du match Espagne-Nigéria en Coupe des Confédérations, il fut soudainement averti par le présentateur Mark Chapman que son licenciement était officiel, information confirmée par le site internet du club.
Ce moment atypique a transformé la pause du jeu en un moment dédié à l’annonce de son départ, délaissant presque totalement l’analyse sportive habituelle.
Une réalité inévitable et un turn-over élevé
Selon la League Managers Association (LMA), la durée moyenne d’un mandat d’entraîneur dans les quatre premières divisions anglaises est de 1,4 an seulement. Dans le Championship, la pression est plus intense et la moyenne tombe à 0,8 an. Par exemple, Ivan Juric a été licencié après seulement 108 jours à la tête de Southampton, juste après la confirmation de leur relégation.
La plupart des entraîneurs ressentent souvent l’imminence de leur licenciement bien avant l’annonce officielle. Martin Jol, Mark Hughes et Gus Poyet lui-même ont vécu des expériences similaires où ils savaient que leur place était menacée lors de leur dernier match.
Les émotions face au licenciement
Les réactions face à un licenciement varient énormément parmi les entraîneurs. Certains, comme Andre Villas-Boas, ont été submergés par l’émotion au moment d’annoncer leur départ, tandis que d’autres, telle que Tony Pulis, ont parfois ressenti un soulagement suffisamment fort pour le célébrer.
Garry Monk, après son départ de Sheffield Wednesday, évoque cette sensation comme un soulagement face à la charge mentale intense du métier.
Ce choc et cette douleur sont souvent accompagnés d’un sentiment de perte et d’incertitude quant à l’avenir professionnel.

Le processus légal et les négociations financières
Le licenciement d’un entraîneur est aussi un processus légal complexe. Les clubs publient généralement une annonce officielle sur les réseaux sociaux, souvent accompagnée d’un message de remerciements émis par la LMA.
Les négociations pour les indemnités de départ peuvent être tendues, surtout si le licenciement intervient au milieu d’un contrat long. Si le départ intervient près de la fin du contrat, le club est souvent tenu de payer la totalité, sinon il peut tenter d’obtenir une réduction.
Ces indemnités peuvent atteindre des montants astronomiques dans les clubs de haut niveau :
- Erik ten Hag et son staff ont perçu environ 12 millions d’euros à leur licenciement.
- Le départ d’Antonio Conte de Chelsea a coûté plus de 30 millions d’euros au club en 2018.
- José Mourinho avait cumulé plus de 57 millions d’euros d’indemnités au total à ce jour.

Les suites du licenciement : récupération et introspection
Après leur licenciement, de nombreux entraîneurs choisissent de s’éloigner du public afin de décompresser. Gus Poyet confie partir souvent en vacances quelques jours pour éviter les questions et se ressourcer.
Matt Taylor a, lui, préféré partir immédiatement en famille, prenant le recul nécessaire pour faire face à cette épreuve tout en planifiant sa reprise sportive.

L’étape suivante est généralement une analyse approfondie des performances personnelles et collectives, dans l’objectif d’apprendre de ses erreurs et de mieux se préparer pour les futures opportunités.
Le président de la LMA souligne que, au-delà des aspects financiers, le licenciement affecte profondément l’estime de soi et la confiance en soi d’un entraîneur, avec un fort sentiment de perte d’objectif.

Une carrière au goût amer, mais une passion intacte
Malgré la précarité du métier, nombreux sont les entraîneurs qui, comme Garry Monk, expliquent que le football fait partie d’eux, qu’ils ont besoin de prouver leur valeur et que cette passion prévaut sur les sacrifices personnels.
Le métier d’entraîneur demeure un univers où, malgré le stress permanent et la menace constante d’un licenciement, la recherche du succès alimente la motivation.
Comme le rappelle Sam Allardyce, quand un entraîneur est sans emploi, il ressent un vrai manque : « Si vous n’aimez pas ce métier, vous ne retournez pas en cuisine. »










