Les ambitions sportives françaises freinées par des limites structurelles après les Jeux de Paris
Malgré l’élan suscité par les Jeux Olympiques de Paris, la pratique sportive en France rencontre encore de nombreux obstacles liés à des insuffisances dans ses infrastructures et son encadrement. La natation, en particulier, illustre bien cette situation difficile, notamment en Gironde, où le dynamisme récent ne parvient pas à masquer les contraintes persistantes.
Une croissance limitée par des contraintes matérielles et humaines
Après l’effervescence des Jeux, la hausse de la demande pour les licences sportives s’est heurtée à une réalité difficile : le manque de bassins, de gymnases, mais aussi de personnel qualifié. En Gironde, par exemple, la fréquentation dans les clubs de natation reste stable, faute de places disponibles. Fabien Lerebourg, responsable du développement pour le comité départemental, explique : « Le nombre de licenciés ne progresse pas, car nos clubs sont déjà saturés. On ne peut pas simplement remplir davantage les lignes d’eau sans risquer la surcharge. »
Ce phénomène est représentatif de la situation nationale, où la natation pâtit d’un déficit structurel en équipements et en éducateurs, aggravé par une pénurie de bénévoles. Selon la fédération, la croissance des licenciés n’a été que de 3 % en mars dernier, malgré la popularité croissante de la discipline, notamment grâce à la réussite de nageurs comme Léon Marchand.
Des clubs qui évoluent à deux vitesses
Certains clubs tirent leur épingle du jeu en profitant de l’effet médiatique des médailles olympiques. À Bordeaux, le Bordeaux Étudiants Club (BEC) Natation a ainsi vu son nombre d’adhérents augmenter de plus de 50 %, passant de 170 à 270 membres, avec une forte progression chez les jeunes en apprentissage et en loisirs. « Nous avons pu accueillir davantage de nageurs car nos capacités n’étaient pas encore saturées, mais cela ne peut pas durer indéfiniment. Les lignes d’eau sont limitées, et nous avons dû refuser une vingtaine de demandes », précise François Renaudie, son secrétaire.
À l’inverse, le club de Mérignac a choisi une politique différente. Jean Boisseau, son président, indique que le club a réduit ses effectifs, passant de 750 licenciés en 2022 à 560 en 2024, pour privilégier la qualité à la quantité. « Nous avons volontairement limité le nombre d’inscriptions cette année, en refusant 50 à 60 personnes, afin de garantir un encadrement optimal », explique-t-il.
Une dynamique contrastée face à la pénurie d’équipements
En Gironde, la question des inscriptions reste complexe. Fabien Lerebourg estime que la pénurie de places limite l’impact de la demande, même si de nouveaux bassins ont été créés ou modernisés, notamment à Eysines, La Teste-de-Buch, Libourne ou Lormont. La construction de nouvelles infrastructures, comme le centre de Libourne doté de huit lignes d’eau, ou la future piscine de Bordeaux Stéhélin prévue dans un an et demi, témoigne d’une volonté claire de répondre à cette problématique.
Malgré ces efforts, la croissance du nombre de pratiquants ne concerne pas seulement la natation. Des disciplines comme l’aquagym, la natation artistique ou encore certains sports de raquette connaissent également une progression. Cependant, cette dynamique ne se traduit pas encore par une augmentation significative des maîtres-nageurs et des bénévoles indispensables à la bonne marche des clubs.
Au-delà des chiffres, la question demeure : le futur Léon Marchand, symbole de la réussite française à l’échelle mondiale, pourra-t-il s’épanouir dans un environnement où l’offre d’infrastructures et de formation reste limitée ? La réponse dépendra en grande partie des investissements et des choix stratégiques à venir dans le secteur sportif français.









