Le VTT remplace-t-il le ski en Suisse ?
Le VTT remplace-t-il le ski en Suisse ?
Dopé par l’arrivée des modèles électriques, le VTT s’impose désormais parmi les sports les plus prisés en Suisse. Pour les stations de moyenne montagne, il représente un véritable espoir de compenser des saisons hivernales de plus en plus affectées par le réchauffement climatique.
Verbier, une destination phare pour les vététistes
Avec neuf pistes adaptées à tous les niveaux, Verbier est devenue une référence incontournable pour les passionnés de descente en VTT. Cette nouvelle vague de touristes permet aux remontées mécaniques de fonctionner à plein régime durant l’été. « Le randonneur utilise une ou deux installations, puis s’arrête pour se promener. En revanche, le vététiste utilise les remontées toute la journée », souligne Laurent Vaucher, le directeur général de Téléverbier, lors de l’émission Basik. « Cela engendre une dynamique positive, très bénéfique pour la saison estivale. »
Des riders aux ressources avantageuses
Les vététistes profitent également d’avantages non négligeables. Ils logent généralement plus longtemps et dans des établissements de meilleure qualité que d’autres visiteurs. De plus, ils n’hésitent pas à dépenser dans les boutiques spécialisées.
Tom Crothall, propriétaire d’un magasin de sports haut de gamme, confie : « Chaque type de vététiste a son style et une marque qui lui correspond, ce qui pousse à renouveler régulièrement leur équipement. » Son chiffre d’affaires lié au VTT a ainsi grimpé de 20 % par an depuis 2020, témoignant de l’essor de cette activité, engendrant des ventes croissantes de casques, vêtements et autres accessoires.
L’été devient le moteur des stations
Cette clientèle est particulièrement précieuse pour les stations de basse et moyenne montagne, qui souffrent des incertitudes climatiques. Les remontées mécaniques du Moléson, par exemple, ont investi 7,5 millions de francs dans un télésiège conçu pour transporter des vélos, avec l’espoir d’attirer 14 000 vététistes chaque été.
« L’hiver dernier, faute de neige, ce télésiège n’a transporté des skieurs que pendant quatre jours », raconte Antoine Micheloud, directeur des remontées mécaniques. « Les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir chaque année. Nous réalisons actuellement plus de 70 % de notre chiffre d’affaires ‘hors neige’, entre le printemps et l’automne. Cette évolution est indispensable pour notre survie. »
Initiatives à grande échelle
Fribourg ne s’arrête pas là et se projette encore plus loin. Le canton a un projet ambitieux, Bike-In FR25, visant à faire du VTT un levier important du développement économique local. Un hôtel de Bulle a même investi 10 000 francs pour aménager un espace dédié aux vététistes, intégrant douche, buanderie et local sécurisé avec coin réparation.
Un enjeu de survie pour certaines stations
D’autres stations, comme celle des Rasses dans le Jura vaudois, ont également mis en place des projets pour développer le VTT. « Pour nos remontées mécaniques, c’est une question de survie », confie Malik Boukhris, membre du Municipal. « Nous devons offrir d’autres alternatives pour exploiter nos remontées mécaniques durant l’été. »
Pour réussir, ces stations s’entourent d’experts comme Auguste Métille, dirigeant une école de VTT à Verbier. « Il est déplorable de voir des sociétés de remontées mécaniques en faillite. Il est crucial de préserver ces zones touristiques », affirme-t-il, faisant écho à l’urgence de répondre aux défis actuels.
Vers un nouvel équilibre entre ski et VTT
Au cours du siècle dernier, les montagnes suisses ont vu leur paysage transformé par l’essor du ski. Assistons-nous maintenant à l’émergence d’une nouvelle ère avec le VTT qui prend progressivement le relais ? Bien que cette dynamique soit prometteuse, Ralph Lugon, chercheur à la HES-SO Valais-Wallis, prévient : « Le marché finira par se saturer. Il est vital d’envisager une diversification des activités pour éviter de répéter les erreurs du passé. »