France
La question du voile dans le sport fait couler beaucoup d’encre en France, alimentant un débat déjà complexe au sein du gouvernement. La ministre des Sports, Marie Barsacq, a récemment exprimé ses réserves quant à l’interdiction du port du voile, une mesure qui a été soumise à un vote au Sénat. Tandis que la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a déclaré qu’il appartenait à chaque fédération de définir son règlement intérieur, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, se sont opposés à cette position. Dans ce contexte, le Premier ministre François Bayrou a été contraint d’intervenir pour clarifier la situation.
Les enjeux du voile dans le sport français
Ce sujet délicat est loin d’être nouveau et provoque des tensions au sein des fédérations sportives françaises. Actuellement, le port du voile est autorisé dans certaines disciplines comme le handball, mais pas au football ou au basket. Le sociologue Médéric Chapitaux, dans son ouvrage *Quand l’islamisme pénètre le sport*, aborde ce phénomène de prosélytisme religieux. Dans une interview, il a partagé son analyse sur la situation actuelle.
Une divergence inédite entre ministères
Historiquement, depuis 2016, il y a eu un consensus autour de l’importance de la neutralité dans le sport. Patrick Kanner, alors ministre des Sports, avait affirmé que « tous les signes d’appartenance politique ou religieuse doivent être bannis des enceintes sportives ». Cependant, avec l’élection d’Emmanuel Macron et l’arrivée de Roxana Maracineanu au ministère des Sports, une ouverture vers le port du voile a été amorcée. Cela a entraîné une fragmentation au sein du gouvernement, aggravée par la loi sur le séparatisme de 2021.
Faut-il laisser aux fédérations la liberté d’appliquer leurs propres règles ?
Certains soutiennent que l’interdiction du voile pourrait empêcher des jeunes filles de participer à des activités sportives, qui sont essentielles pour leur émancipation. Cependant, Chapitaux rejette cet argument, ensuite soulignant que ces jeunes filles ont la possibilité de pratiquer des sports en dehors des fédérations. Il apporte un éclairage sur la nécessité des valeurs communes dans le sport, évoquant des scénarios où des signes religieux pourraient faire basculer une rencontre sportive dans l’anarchie.
La question de la neutralité professionnelle
Récemment, le Conseil d’État a annulé l’autorisation du port du voile pour les avocates, soulignant l’importance de la neutralité dans certaines professions. Ce contraste soulève des questions quant à l’application des mêmes standards dans le milieu sportif. Selon Chapitaux, le meilleur moyen d’éviter des situations complexes est de maintenir une position neutre concernant l’expression religieuse.
Une position ambivalente
Concernant la position de la ministre des Sports sur la question de l’entrisme lié au port du voile, Médéric Chapitaux invite à faire preuve de prudence. Si une jeune fille choisit de porter le voile de son propre chef, cela ne relève pas d’un phénomène d’entrisme. En revanche, lorsque cette exigence émane de sa famille ou de l’équipe, cela pourrait être interprété comme tel. Maintenir une position de neutralité est fondamental pour éviter ce type de confit dans le sport.
source:https://www.lepoint.fr/societe/voile-dans-le-sport-on-ne-peut-pas-faire-du-cas-par-cas-19-03-2025-2585189_23.php
