Le phénomène surnommé « le théorème des Olympiques » a dépassé le simple jeu de fans pour devenir une success story virale sur les réseaux sociaux. Avant l’Olympico de ce dimanche au Parc OL, la confrontation entre l’OL et l’OM est revisitée à travers ce prisme: peut-on vraiment observer une corrélation entre les fortunes des deux grands rivaux de la Ligue 1, au point qu’ils ne soient jamais heureux simultanément ? 20 Minutes s’intéresse à l’histoire de cette expression et à ses répercussions, avec une touche d’analyse mathématique apportée par un amateur engagé dans les nombres.
Un running gag qui s’ancre dans les dynamiques de la Ligue 1
Le « théorème des Olympiques » s’est installé comme un clin d’œil récurrent chez les supporters des deux camps. Selon eux, il est improbable d’assister à des périodes où les deux formations affichent une belle série de résultats au même moment. En clair: lorsque l’OL est en bonne passe, l’OM traverse souvent une phase plus délicate, et inversement. Cette idée s’impose comme une façon légère de lire les up-and-down typiques du football français, où les aléas et les revers se succèdent sans logique évidente mais avec une impression de synchronie malicieuse.
En pratique, ce qui donne une couleur à cette superstition, c’est aussi le contexte récent des deux clubs: une histoire de retrouvailles dans l’élite, des périodes de crise ou de renaissance, et des épisodes marquants qui alimentent la conversation autour de ce « théorème ». Le public croit y trouver une explication presque mathématique à des fluctuations qui restent avant tout sportives, humaines, et parfois liées à des décisions prises dans l’urgence ou la déstabilisation.
Trois épisodes emblématiques qui ont façonné le récit
- 2017-2018: alors que l’OM, troisième du championnat et en pleine confiance, peut théoriquement s’éloigner à huit points de l’OL, lyonnais et olympiens se retrouvent dans un duel haletant: Lyon s’impose 2-3 au Vélodrome puis poursuit sa route vers une qualification en Coupe d’Europe, malgré des bouleversements récents. Le même mois, l’OM est stoppé par une autre défaite qui le laisse sur le carreau en finale de la Coupe de l’UEFA face à l’Atlético de Madrid, renforçant l’idée que les fortunes des deux clubs évoluent selon des trajectoires inversées.
- 2022-2023: le jeu se poursuit sur le terrain et en coulisses. Lyon, alors en plein recrutement et sous la tutelle de Bruno Cheyrou en tant que dirigeant, lance une pique ironique à l’OM qui vient de changer d’entraîneur. Le club lyonnais, malgré les retours d’éléments comme Lacazette et Tolisso, échoue à retrouver le chemin du haut du classement, tandis que l’OM progresse et termine la saison avec une position séduisante sous Igor Tudor.
- 2023-2024: l’OL, lanterne rouge après 15 journées, semble destiné à la Ligue 2. Quelques mois plus tard, Marseille connait une saison marquée par des hauts et des bas, sans qualification européenne en fin de parcours, alors que Lyon réalise une seconde partie de saison plus aboutie. Ces hauts et bas nourrissent l’idée que le destin des deux clubs peut évoluer de manière spectaculaire et inattendue, renforçant le récit du « théorème » comme une dynamique partagée mais opposée.
Une origine débattue et un travail d’observateur
La source de ce qu’on appelle désormais le « théorème » remonte à une couverture inspirante de L’Équipe en 2011, qui avait laissé entrevoir l’idée d’un contraste marquant entre deux destins affichés par les deux clubs. Cependant, ce n’est qu’en novembre 2018 que le phénomène apparaît sur les réseaux sociaux sous forme d’un mot d’ordre partagé par les fans, notamment via Twitter/X. Un jeune Lyonnais nommé Clément, alors en quête d’explications simples face à des contre-performances ponctuelles, décrit ce que devient peu à peu le mythe: « Je n’ai pas inventé le théorème, mais j’observe qu’en cas de contre-performance de l’OL ou de l’OM, l’autre club semble parfois faire pire dans la foulée. C’est perturbant, car cela ressemble à une corrélation entre nos matchs. »
Cette explication participative a donné naissance à une culture web autour d’un principe fondamental: les fortunes croisées des deux clubs évoluent en miroir, sans que personne ne puisse l’expliquer par une règle stricte, mais avec une sensation palpable de coïncidence parfois troublante.
Un mathématicien amateur pour éclairer le phénomène
Pour donner une autre couleur à cette histoire, un passionné de mathématiques s’est prêté au jeu d’un point de vue plus rationnel. Rachid Ghazi, président et joueur amateur au Haut Football Club de Chambéry, enseigne les mathématiques et la physique-chimie au lycée Monge de Chambéry. Anciennement engagé dans des recherches sur la géométrie analytique dans l’espace, il rappelle qu’un « théorème » est une vérité démontrée, ce qui ne colle pas avec le petit phénomène observé autour de l’OL et de l’OM. Je ne crois pas qu’il y ait un véritable théorème derrière ce qui est devenu un buzz, insiste-t-il. La formule telle qu’elle circule n’est pas une preuve mathématique, et personne ne peut prouver une telle corrélation dans le cadre du football.
Pour autant, Ghazi reconnaît qu’un motif existe: les dynamiques inverses des deux clubs peuvent se nourrir les unes des autres. « J’y pense parfois, notamment lorsque je vois les débuts de saison étonnants de Marseille et de Lyon. » Il ajoute que l’adage s’imprègne dans une culture web où les résultats successifs et les épisodes controversés – comme l’affaire Rabiot-Rowe – alimentent les discussions et les récits autour du football français. En somme, le concept relève plus d’une observation sociologique et médiatique que d’un théorème mathématique.
Le théorème, une superstition vivante du football français
Au-delà des chiffres et des anecdotes, le « théorème des Olympiques » illustre une réalité moderne du football: des dynamiques opposées entre deux clubs peuvent devenir une narration partagée, alimentant les échanges des supporters et les analyses des médias. Ni l’OL ni l’OM n’a remporté de titre majeur depuis treize ans, ce qui entretient le caractère irrésistible de ce récit cyclical. Le phénomène n’est pas une loi, mais une observation vivante qui continue d’alimenter les conversations autour du football français, et tout particulièrement autour de la rivalité entre Lyon et Marseille dans l’élite.
En attendant l’issue de l’Olympico et les prochains chapitres de cette histoire, le théorème demeure au cœur d’un mélange de passion et d’humour sportif. Une superstition élégante et un peu déroutante qui rappelle que, dans le football comme dans la vie, les twists les plus inattendus peuvent venir troubler les certitudes les mieux établies.









