Les célébrations entourant la récent triomphe du Paris Saint-Germain en Ligue des champions ont largement occulté les véritables enjeux derrière cette victoire, se concentrant sur un registre de fête et de réussite sportive. Pourtant, cette victoire ne peut être dissociée d’un contexte plus large, marqué par un football profondément financiarisé, inégalitaire et instrumentalisé à des fins géopolitiques. La manière dont cette victoire est présentée dans les médias masque ainsi une réalité plus complexe, celle d’un sport devenu un terrain d’affirmation économique et politique pour des élites.
Une victoire qui masque un enjeu politique et économique
Le récit médiatique privilégie une lecture triomphale, transformant la défaite précédente du club en une revanche et attribuant à cette victoire une légitimité sportive. Cependant, au-delà de l’aspect sportif, il s’agit surtout d’un retour sur investissement pour le club et ses propriétaires, notamment le Qatar. La victoire du PSG s’inscrit dans une stratégie plus large, celle de faire du football un vecteur de puissance économique et de soft power pour un État autocratique, souvent critiqué pour ses atteintes aux droits humains et ses enjeux climatiques.
La Ligue des champions, un terrain d’oligarchie
Depuis sa transformation en 1992, la Ligue des champions a évolué pour devenir un espace réservé aux clubs les plus riches, issus des championnats les plus puissants. La formule de la compétition, avec ses phases à élimination directe, n’a fait que renforcer cette tendance, favorisant un entre-soi élitiste où seule une poignée de clubs ultrariches peuvent prétendre à la victoire finale. Le PSG, dans la catégorie des « nouveaux riches », appartient à cette caste, bénéficiant de financements massifs et de stratégies d’investissement audacieuses, notamment via des fonds souverains, comme ceux de Manchester City ou du Paris Saint-Germain.
Les enjeux financiers et leur influence sur le terrain
Le lien entre puissance financière et résultats sportifs ne fait plus de doute. Le PSG, depuis son rachat par le Qatar en 2011, a investi plus de 2,3 milliards d’euros en transferts, avec un déficit de 1,4 milliard. Ces investissements massifs, combinés à des stratégies de lobbying auprès de l’UEFA pour contourner les règlements financiers, ont permis au club de s’inscrire dans cette élite. La politique de recrutement de superstars, menée à grands coûts, a permis au PSG de devenir une marque mondiale, même si elle n’a pas toujours permis de remporter la Ligue des champions, objectif initial du club.
Le Qatar, un acteur clé du football mondialisé
Au-delà du simple sport, le PSG incarne aussi la stratégie géopolitique du Qatar, qui utilise le football comme un outil de soft power. La victoire du club parisien est aussi celle d’un État qui, tout en bafouant les droits fondamentaux et en contribuant à des crises environnementales, a su faire du football un vecteur de prestige international. La Coupe du monde 2022, organisée dans des conditions controversées, a renforcé cette emprise, notamment par la possession de droits médiatiques et le sponsoring de clubs et compétitions.
Une stratégie de *sportswashing* et ses implications
Les enquêtes pour corruption et les affaires de manipulations diverses impliquant le Qatar et ses représentants, y compris dans le cas du PSG, illustrent la face sombre de cette stratégie. La puissance de ce que l’on nomme le *sportswashing* — l’utilisation du sport pour blanchir une image ternie — est manifeste. Elle permet à ces acteurs de renforcer leur influence tout en déployant une image de réussite et de prestige, au prix d’une dépolitisation du sport qui devient un simple spectacle de divertissement, déconnecté des enjeux sociaux et politiques.
Une dépolitisation du sport au service d’un spectacle éblouissant
La majorité des médias, des pouvoirs publics et des supporters semblent avoir abandonné toute ambition de questionner ces enjeux, préférant se laisser porter par la magie du spectacle. La démission collective face aux dérives du football moderne contribue à faire passer cette réalité sous silence, laissant place à une vision idyllique où seul le triomphe sportif compte, oubliant que derrière chaque victoire se cache un système d’inégalités et de corruptions qui le soutiennent.









