Le Mans : Le projet oublié de SsangYong en 1996
Le Mans, une ville emblématique pour les passionnés de sport automobile, a été le théâtre d’un projet intriguant en 1996, impliquant le constructeur sud-coréen SsangYong. Cette aventure a été orchestrée par Bertrand Gachot, un ancien pilote de Formule 1, lauréat de Le Mans en 1991 avec Mazda.
La genèse du projet
En 1996, alors que l’on anticipait l’arrivée de Hyundai sur la scène des 24 Heures du Mans dans les années à venir, SsangYong s’était déjà lancé dans une campagne de compétition. Gachot, cherchant à réorienter sa carrière après plusieurs saisons difficiles en F1, a été contacté par la marque qui venait tout juste de s’implanter sur le marché européen.
Les débuts de SsangYong en Europe
À peine deux ans après avoir commencé à vendre des voitures au Royaume-Uni, SsangYong avait l’ambition de changer son image, traditionnellement associée aux camions, en se lançant dans l’aventure du Mans. Gachot se souvient : « Ils souhaitaient que nous les emmenions à Le Mans avec un budget très restreint. C’était un projet fou ! »
Les choix techniques
Le contrat stipulait que la voiture devait être équipée d’un moteur Mercedes, en raison d’un partenariat entre SsangYong et le constructeur allemand. Gachot a opté pour un châssis LMP2 de Welter Racing, intégrant un moteur Mercedes de deux litres. Pour préparer cette motorisation, il a collaboré avec Nicholson-McLaren Engines au Royaume-Uni pour transformer le moteur de route en version racing.
Un team aux allures de startup
Ne possédant rien d’autre qu’une clé à molette, Gachot a établi une équipe virtuelle, louant tout l’équipement nécessaire et rassemblant des mécaniciens de l’univers de la F1. Il a obtenu une inscription en son nom, sous l’acronyme PGM, pour participer au week-end de tests et, espérait-il, aux courses. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.
Des essais compliqués
Malheureusement, Gachot n’a pas réussi à se qualifier lors des sessions de préqualification. Un incident a rendu la voiture inutilisable, et elle n’a pas pu retourner en piste. Toutefois, cette aventure n’a pas mis fin à l’histoire de SsangYong à Le Mans, car Gachot est revenu en septembre pour participer à la Coupe d’Automne sur le circuit Bugatti.
Un bilan nuancé
Lors de cet événement, Gachot se souvient avoir rencontré des problèmes de réponse de l’accélérateur, mais il était convaincu que sa voiture avait montré des performances compétitives. Il a terminé huitième lors de la première manche, mais n’a pas été classé dans la seconde. Gachot garde de bons souvenirs de cette expérience, malgré la brièveté de la campagne de SsangYong à Le Mans.
Un héritage persistant
Après cette tentative, SsangYong n’a pas poursuivi son projet avec Gachot. Le constructeur a changé de mains et, au fil des années, a été acquis par divers groupes, maintenant connu sous le nom de KG Mobility. Gachot, quant à lui, a continué à faire sa marque dans le sport automobile tout en développant des affaires en France, notamment en important des boissons énergétiques.
Des souvenirs flous mais précieux
Gachot évoque avec nostalgie cette période, soulignant que même si l’aventure n’a pas été couronnée de succès, il se souvient d’une ambiance de compétition enrichissante. « Nous étions rapides, et même si nous n’avons pas eu le résultat escompté, nous avons prouvé que notre petite équipe pouvait rivaliser », conclut-il.