La question du dopage « à l’insu de son plein gré » peut sembler digne d’un sujet de fiction, et pourtant elle soulève des enjeux réels dans le sport. Peut-on vraiment être contrôlé positif sans avoir intentionnellement dopé ? Des éléments de réponse apparaissent au fil des analyses et des décisions récentes des instances antidopage.
Ce qu’est le dopage et ce qu’un test positif révèle
Sur le plan pharmacologique, le dopage consiste à administrer un produit chimique dans le but d’améliorer les performances physiques et intellectuelles. Lorsqu’un sportif fait l’objet d’un contrôle antidopage, le résultat est considéré comme positif dès lors qu’une substance interdite répertoriée sur les listes du Code mondial antidopage est détectée. Ce cadre, établi sous l’égide de l’Agence mondiale antidopage (AMA), ne coche pas uniquement les actes délibérés, mais aussi les situations où une substance interdite se retrouve dans l’organisme sans intention de la consommer.
Un volet « involontaire » qui gagne en attention
La notion de dopage involontaire est devenue plus débattue après plusieurs cas litigieux ces dernières années. À la fin de l’année 2023, l’Agence mondiale antidopage a ouvert un groupe de travail dédié à ce sujet, avec pour objectif de mieux comprendre ce phénomène qualifié de complexe et, éventuellement, de proposer des mesures de prévention plus efficaces.
Les voies possibles du dopage involontaire
Plusieurs scénarios ont été décrits par l’AMA comme susceptibles de conduire à une violation des règles antidopage sans intention délictueuse :
- Des compléments alimentaires ou des médicaments – prescrits ou en vente libre – qui contiennent une substance interdite sans que le sportif en soit conscient.
- Des aliments contaminés, en particulier lorsque des traces d’une substance interdite peuvent provenir de pratiques agricoles, de la transformation ou de l’étiquetage. L’exemple fréquemment évoqué concerne des cas de contamination de viande par des substances telles que le clenbutérol, ayant donné lieu à des litiges pour dopage involontaire après ingestion.
- Des substances dites « interdite » présente dans certains produits ou issues de la fabrication, potentiellement transmises par des gestes ou des objets. Dans certains scénarios, l’exposition peut être indirecte, par contact avec des surfaces ou des personnes porteuses de traces de la substance.
Autrement dit, le dopage involontaire peut résulter de facteurs variés, allant de l’ingestion de produits à l’exposition passive, en passant par des situations où la substance se retrouve dans l’organisme sans marche à suivre volontaire.
Des cas récents qui alimentent le débat
Un exemple souvent évoqué concerne l’escrimeuse Ysaora Thibus, contrôlée positive à l’ostarine en 2023. Elle a plaidé pour une contamination par le biais de fluides corporels après des échanges lors d’un baiser avec son partenaire qui avait consommé des compléments contenant cette substance. En juillet 2025, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a estimé que de telles situations pouvaient laisser des traces d’ostarine dans la salive, ouvrant la possibilité d’une contamination par le biais d’un baiser.
Conclusion opérationnelle : vers une prévention renforcée
La question du dopage involontaire demeure au cœur des efforts de prévention et d’interprétation des contrôles antidopage. L’AMA poursuit son travail pour clarifier les mécanismes par lesquels une substance interdite peut apparaître chez un sportif sans intention de dopage, afin d’améliorer les protocoles de prévention et d’information des athlètes. Dans ce cadre, la vigilance autour des compléments, des aliments et des interactions possibles avec l’environnement reste primordiale pour limiter les risques de contamination et préserver l’intégrité des compétitions.









